Cheminade en Bretagne : L’ingénieur et le travailleur contre-attaquent !

lundi 16 mars 2009

Choses vues et entendues pendant une tournée en Bretagne

L’ingénieur et le travailleur contre-attaquent

Par Jacques Cheminade

Lors d’une rencontre, un conseiller général socialiste d’Ille-et-Vilaine m’a dit, après que nous eûmes partagé le diagnostic sur la désintégration financière en cours : « C’est le moment pour l’ingénieur et le travailleur de contre-attaquer ». Un maire de Cournouaille, lui aussi membre du PS, m’a indiqué que tous ses électeurs liés à la production commencent à comprendre le lien entre crise financière, crise économique et crise sociale, une crise généralisée du système dominant qui est « comme une grande vague née de la mondialisation financière et venant frapper nos petites villes et nos campagnes, nos usines, nos fermes et nos artisans ». Cette prise de conscience au niveau du peuple et de ses élus communaux, départementaux et régionaux, est la première leçon que je tire d’une semaine passée en Bretagne, et c’est une raison d’espérer pour nous tous. Ceux qu’on voudrait voir se comporter comme des victimes, comme des moutons soumis ou enragés, refusent de l’être et s’organisent pour résister.

Une « meute » peut-elle se reconvertir en militants ?

Nous reproduisons ici le tract distribué par « Action antifasciste » de Rennes, pour tenter d’empêcher Solidarité et Progrès de militer dans la capitale bretonne.

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Il est a priori surprenant de voir des « révolutionnaires » s’en prendre à un mouvement politique combattant l’injustice sociale. Les choses deviennent cependant plus claires lorsque l’on s’aperçoit que les principaux arguments de ce groupuscule se revendiquant « anti-système » sont les vieux ragots, éternellement recyclés par les oligarchies française et anglo-américaine, contre Jacques Cheminade et Lyndon LaRouche. Seul élément nouveau, S&P est mis en cause pour son programme de « croissance économique » (sic) et sa réfutation de la thèse malthusienne du réchauffement climatique, comme si le fait d’être pour la croissance et de dénoncer l’utilisation du climat pour justifier l’austérité sociale vous classait « facho » dans un monde à l’envers !

Le 11 mars, une dizaine d’individus de ce groupuscule ont donc débarqué à la réunion publique tenue par Jacques Cheminade, réclamant avec force insultes et menaces le droit d’entrer dans la salle de conférence. Cette « meute » (c’est ainsi qu’elle-même se qualifie), qui exclut systématiquement les militants de S&P de ce qu’elle considère comme « son territoire », l’université de Rennes, entendait apparemment étendre son espace vital. Face à cette logique du sol et de l’appartenance, ainsi qu’aux menaces verbales et physiques, nous n’avons pu que refuser l’entrée à ceux qui ne venaient pas pour débattre avec l’orateur mais, de leur propre aveu, pour l’empêcher de parler. Toute proposition de dialogue franc et sans préjugés avec Cheminade ou un autre intervenant de S&P a été rejetée par eux, avec une curieuse interprétation de la liberté d’expression. « Si vous ne nous laissez pas entrer, ça va être la guerre à Rennes », ont-ils lancé, avant de promettre de « revenir à cinquante ».

Informé de cet incident en début de réunion, Jacques Cheminade a lancé à l’auditoire : « Il y a des jeunes qui ne m’aiment pas, visiblement pour des raisons qu’ils ignorent et qui sont de mauvaises raisons. Ils menacent de revenir à cinquante. Eh bien, qu’ils viennent. Vous devez avoir la patience et le courage de les informer, de les éduquer, de leur montrer ce qui se passe, et qu’en réalité on lutte pour eux, pour qu’ils aient un avenir, alors qu’eux sont en train de se détruire eux-mêmes. Ils ne le savent pas, ils n’en sont pas conscients, il faut éveiller leur conscience. »

Les « cinquante » ne sont pas revenus, et tous ceux qui étaient dans la salle ont pu réaliser que leurs accusations relèvent de l’imposture. Nous espérons que désormais ils ne se manifesteront plus avec les méthodes de ceux qu’ils dénoncent – les « fachos » – et militeront réellement pour la cause du peuple. Car la violence exercée contre des idées est, elle, une manifestation du fascisme.

Les réunions publiques que nous avons tenues à Nantes, Rennes et Brest, et les discussions plus restreintes avec des militants politiques à Rennes et à Redon, avec au total plus de cent vingt personnes, ont révélé le même état d’esprit combatif.

D’abord, tous ceux qui nous suivent reconnaissent que nous sommes le seul parti politique français à avoir prévu la crise et à proposer aujourd’hui de réelles solutions de rupture avec le système. Ils comprennent ce que nous entendons par « mise en banqueroute organisée » des spéculateurs, pour éliminer les créances qui ne sont que des jetons de casino et laisser place à une politique de grands travaux d’équipement de l’homme et de la nature à l’échelle nationale, européenne, eurasiatique et mondiale.

Ensuite, ils se demandent pourquoi des idées aussi intéressantes n’ont pas été débattues dans la presse et comment il se fait que nous ne participions pas davantage aux élections. Lorsque j’explique comment fonctionne le financement de la vie politique et médiatique en France, et comment il empêche systématiquement les forces nouvelles d’émerger, c’est souvent avec une grande surprise que certains réalisent que sur des questions fondamentales, nous ne sommes pas dans un pays démocratique. Beaucoup d’élus des partis en place, nourris et confortés par le système, ne réalisaient pas eux-mêmes d’où venaient leurs moyens. D’autres s’étonnent de notre militantisme et pensent qu’il nous sera presque impossible de réussir, tant les issues sont bloquées.
Cependant, lorsqu’on leur dit que la crise est aussi notre alliée, car elle entraîne une prise de conscience, beaucoup se proposent d’eux-mêmes pour se joindre à nos actions. Un mal inadmissible provoque la réaction du bien qu’il y a en tout être humain, pourvu que d’autres y fassent appel, et c’est notre rôle de répondre. Dans l’auditoire, il y a de moins en moins d’assistants venus s’informer à une source dissidente, et de plus en plus de sympathisants prêts à franchir le pas pour devenir militants. Avant notre retour à Paris, une des dirigeantes de notre mouvement de jeunes a exprimé tout haut son sens nouveau des responsabilités : « Je réalise qu’on a rencontré cent vingt personnes, dont la plupart ne sont pas venues pour "voir", et que c’est notre rôle, notre mission, de les orienter, de leur faire faire des choses. Je sais alors que je dois moi-même changer, que nous ne devons pas penser notre mouvement tel qu’il est, mais tel qu’il doit devenir pour faire face. »

Enfin, beaucoup se demandent si nous voulons demeurer à tout prix indépendants, si nous refusons des alliances. Lorsque nous leur montrons la déclaration parue le 22 mai 2008 dans Le Monde, « La finance folle ne doit pas nous gouverner », signée par Michel Rocard et de nombreux vétérans de la social-démocratie européenne, ils voient que ce texte n’est pas, pour ainsi dire, tombé du ciel. Le problème, ce n’est pas nous, qui essayons par tous les moyens de tirer la sonnette d’alarme, ce sont les autres qui, jusqu’à présent, ont eu (du moins en public) peur de la mauvaise réputation que les médias sous influence financière nous ont faite des deux côtés de l’Atlantique. Aujourd’hui, les choses changent avec la crise et grâce à notre site internet, qui est à la fois une carte de visite et un organe militant. Certains, à ce point des discussions, se demandent s’il est bien raisonnable que le cœur de notre mouvement soit composé de bénévoles qui militent à plein temps. Une petite minorité, inquiète de notre réputation sectaire, que nos ennemis en Bretagne répètent comme un mantra, se demandent comment il se peut que des « jeunes » se vouent ainsi à l’action politique. La réponse de ces jeunes défie l’identité des questionneurs. Si l’on croit vraiment à ce qu’est cette crise, aux destructions qu’elle provoque, vouer sa vie à la combattre devient naturel. Ces jeunes militants ajoutent : « L’on apprend, au sein de ce mouvement, sur l’histoire, l’art et la science, bien plus que dans les enseignements habituels qui nous formatent pour des emplois comme le marketing, le trading ou le commercial que, de toutes façons, dans les conditions actuelles, on n’obtiendra même plus. » Ainsi se pose la question fondamentale, qui est celle de la responsabilité personnelle, au plus profond de soi, dans cette époque de crise : mettre en accord ce que l’on croit, ce que l’on pense, ce que l’on dit et ce que l’on fait.

Les radios locales et régionales s’ouvrent désormais à nos interventions : RCF-Alpha à Rennes ou encore Radio Korrigan à Vannes. Et aussi des revues, comme le nouveau Mensuel de Rennes. Il s’agit là, soit de journalistes qui nous suivent depuis longtemps et ont pu se faire un jugement à notre égard sur un temps long, soit de débutants dans le métier, très intéressés par notre site internet lors de leurs navigations sur la toile.

J’ai pu juger que partout les questions deviennent moins académiques et plus directement liées à l’action : dans telle mairie apparaît un secrétaire se demandant pourquoi on n’entre pas au PS pour secouer ses dirigeants, dont j’ai pu par ailleurs constater la popularité limitée, ailleurs des jeunes hésitent entre le Modem, un engagement religieux, le NPA ou autre chose. Nous leur indiquons que nous ne faisons pas de prosélytisme organisationnel, mais que là où ils sont, ils doivent élever le niveau des débats et ne pas se laisser réduire à un instrument qui tracte, colle ou organise des rapports de force. Par rapport à nous, à eux de juger sans dérobade ni engagement aveugle.

Beaucoup de kilomètres et de choses vues, des discussions passionnantes, comme avec cette enseignante de Lorient qui se bat sur les panneaux de son lycée pour notre pétition Pecora, après avoir dénoncé le caractère de classe de notre justice dans l’affaire d’Outreau, ou comme avec ce cadre d’un Conseil général dont les valeurs chrétiennes portent à l’engagement pour le bien au-delà du milieu familial ou professionnel. Avec un seul regret, ne pas avoir assez vu la mer (à peine quelques huîtres entre deux rendez-vous...) et ne pas avoir eu le temps de retrouver les barques et caravelles de Saint Nonna à Penmarch et sur le clocher de N.-D.-Croaz-Batz à Roscoff, ou le calvaire de N.-D.-de-Tronoën sur lequel un peuple défie le temps.
Ce sera pour une autre fois, bientôt peut-être, dans la tempête politique qui menace notre société de naufrage.


La vidéo de la réunion publique de Rennes est disponible ICI