Editoriaux de Jacques Cheminade

Expérience et créativité

samedi 17 janvier 2009, par Jacques Cheminade

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.

A la veille de la prise de fonctions de Barack Obama, il vient de se produire à New York un accident d’avion qui a démontré l’importance de la qualité du pilote dans une situation de vie ou de mort. Chesley Sullenberg, le « héros de l’Hudson », a réussi à faire amerrir sur les eaux glacées de la rivière un Airbus qui avait perdu ses deux moteurs et à sauver tous ses passagers et son équipage. C’est à la fois son expérience, son sens de mission et son sang-froid qui lui ont permis de faire face à une situation que ne prévoient pas les programmes officiels d’entraînement. En effet, quand un moteur s’arrête, la probabilité pour que le deuxième tombe en panne est évaluée à dix puissance moins six. Cependant, cela s’est produit et le capitaine courageux a réussi.

Cet épisode est comme une métaphore de la situation politique actuelle. Pendant des dizaines d’années, la crise n’a pas eu lieu, et selon les lois cartésiennes de la déduction et de l’extrapolation, tout devait continuer sans discontinuité, les dettes s’empilant, les riches s’enrichissant, les pauvres s’appauvrissant et les lois de la mondialisation financière opérant contre le développement de l’économie physique. Cependant, la crise s’est produite. Le hic est que les mauvais pilotes qui en sont responsables tentent de conserver la propriété et le contrôle de l’avion, sans changer le plan de vol. Il est évident que la catastrophe est au bout de leur comportement. Ce qu’ils font revient à distribuer gratuitement de la gnôle à des alcooliques, en espérant qu’ils se sentiront assez sûrs d’eux-mêmes pour rester aux commandes ! Nous nous trouvons au sein de cette folie.

L’intervention de Lyndon LaRouche sur internet, ce 16 janvier, a posé les conditions pour recouvrer la raison. En l’écoutant, je pensais au vieux pilote qu’on pouvait voir, après avoir sauvé son avion, sa casquette sur la tête, buvant son café et donnant l’impression qu’il avait simplement fait ce qu’il fallait faire. LaRouche, en réaffirmant son assurance tranquille dans la tempête politique, offrait à son niveau cette même image de leadership. Il le met aujourd’hui à la disposition de la présidence américaine. Pas de Barack Obama en tant que tel, mais de l’institution caractéristique de la nation américaine dont Barack Obama a été élu Président, une communauté informelle qui a pour raison d’être sa fidélité à l’impulsion de la Renaissance européenne et à la rupture des pères fondateurs avec le principe oligarchique.

Ou bien nous réussissons, a répété LaRouche au nom de cette communauté, en guérissant nous-mêmes et le monde de la corruption et de la déréglementation qui le gangrènent, ou bien il n’y aura plus de société civilisée pendant plusieurs générations, avec un effondrement de la population mondiale faute d’avoir mis en place les moyens de l’alimenter, de la développer et de l’améliorer.

L’enjeu n’est pas seulement pour « l’Amérique », il est pour chacun d’entre nous. C’est ce principe de responsabilité et ce sens de mission qui est la leçon des bons pilotes. La République n’est jamais un monde fini, mais un devenir dans lequel chaque citoyen doit relever le défi de la création face à l’inconnu.