Les écrits de Lyndon LaRouche

Le temps est venu d’instaurer un nouveau système monétaire international

vendredi 2 janvier 2009, par Lyndon LaRouche

Discours prononcé le 2 décembre 2008 par Lyndon LaRouche devant le Forum on Strategic and Security Studies (FSSS) à New Delhi, Inde.

En présentant Lyndon LaRouche, le Dr Vijai Kumar Nair précisa que l’économiste américain aborderait trois sujets : le nouveau gouvernement Obama face à l’effondrement financier, les relations américano-indiennes et les principaux défis stratégiques des trente à cinquante prochaines années. Voici des extraits du discours de M. LaRouche publié initialement dans Nouvelle Solidarité du 19 décembre 2008.


Il y a deux aspects à considérer ici. Tout d’abord, supposons que la nouvelle administration américaine adopte effectivement le type de politique que je considère comme nécessaire. Mais que se passera-t-il si elle ne le fait pas ? Il y a donc deux perspectives stratégiques bien différentes, l’une pour le plan A et l’autre pour le plan B, qui serait bien sombre.

Pour parler franchement de la nouvelle administration, entre nous, le Président élu est un désastre. Il a été créé par George Soros, un avoir du renseignement britannique, animé des plus funestes desseins. Il est impliqué dans la plupart des problèmes que l’on rencontre aujourd’hui dans diverses parties du monde, y compris en Inde.

Il est associé avec lord Malloch-Brown et travaille pour lui. En outre, il dirige la plus vaste campagne en faveur de la drogue dans le monde et mène des opérations dans les Amériques. A cuase des pressions financières exercées par Soros et d’autres, tous les pays sud-américains, à part la Colombie, ont une politique anti-stupéfiants peu convaincante. De même, en Europe et en Asie, il pousse à la légalisation de la drogue.

Il n’y a rien de bon à en dire. En tant qu’adolescent, il a travaillé comme coursier de la machine nazie. Ce qui est choquant est moins son activité à l’époque que le fait qu’il n’en ait aucun regret.

Lorsque vous avez quelqu’un de très riche, comme George Soros, qui tente de déterminer l’issue des élections américaines, cela tend à provoquer dans les institutions un réflexe contre cette ingérence. Cela s’est déjà passé dans l’histoire des Etats-Unis et d’autres pays : face à l’accession au pouvoir d’une personne non compétente, les institutions autour du gouvernement peuvent intervenir pour tenter de corriger cette erreur.

Nous avons donc un Président élu qui est avocat (ce qui n’est pas forcément un atout ces jours-ci) et qui ne comprend pas grand-chose à la situation. Il a une très haute opinion de lui-même, mais pas forcément de conception bien définie sur d’autres sujets.

Cependant, malgré ses rapports hostiles avec Hillary Clinton durant la campagne, le gouvernement qu’il est en train de constituer se compose en grande partie de personnes appartenant à son camp ou qui en sont proches. Vous avez, par exemple, le général James Jones [nommé conseiller à la sécurité nationale], un officier compétent bien connu, ou le général Joseph Hoar. Ce sont des gens sur qui l’on peut compter.

Hillary Clinton sera donc la secrétaire d’Etat, et elle a des pouvoirs effectifs. Bill Clinton ne fera pas partie du gouvernement, mais celui-ci tiendra compte de son activité, et il continuera à jouer un rôle important pour le compte des Etats-Unis.

Si vous regardez la liste, il y a aussi quelques mauvaises nouvelles, comme Rahm Emmanuel, de Chicago, qui est très proche du Président élu. Mais, dans des conditions de crise nationale et globale, ce sont les dirigeants des institutions chargées de vaincre la crise qui sont décisifs.

Dans cette situation, je me trouve dans une position spéciale, en raison de mon expérience – j’ai combattu dans de nombreuses guerres et je suis connu de nombreux membres de ce gouvernement. Ils ont peur de moi, mais ils m’aiment bien lorsqu’ils pensent que je peux les aider à résoudre un problème. Par conséquent, j’aurai sans doute un rôle significatif dans le nouveau gouvernement.

Le sujet de préoccupation numéro un est le fait que le système monétaro-financier international est en pleine désintégration. Beaucoup s’efforcent de ne pas le voir, mais c’est la vérité. Nous avons des engagements se montant, compte tenu des produits dérivés, à environ 1,4 millions de milliards de dollars. C’est une crise totale.

Depuis environ 1987, la bulle des produits dérivés s’est mise en place, gagnant le monde entier, et elle ne peut qu’éclater. Un krach de cette ampleur n’a pas été vécu en Europe depuis le XIVème siècle et l’âge des ténèbres survenu à l’époque.

Mais aujourd’hui, nous avons les moyens de traiter ce genre de krach, nous pouvons mettre le système en redressement judiciaire. Les gouvernements décident quels paiements seront honorés, afin de maintenir le fonctionnement de la société, et lesquels sont à mettre à la poubelle. On met de côté la poubelle et l’on crée un nouveau système monétaro-financier.

Il faut faire vite, car nous nous trouvons en pleine crise mondiale. La Chine subit actuellement un effondrement en chaîne de son économie exportatrice, ce qui est désastreux et laisse craindre une crise politique majeure. Voilà la menace. Le problème est similaire dans le reste du monde.

L’Inde se trouve dans une position relativement favorable, du fait qu’elle dépend moins des exportations et qu’en matière de population interne (les 63% les plus pauvres) il existe au moins un élément de stabilité. Vous partez donc d’une position relativement avantageuse du point de vue de la sécurité interne, entre autres, pour traiter la crise. La situation en Russie est moins précaire que celle de la Chine, qui est très précaire. Nous devons résoudre ce problème sans délai.

Ce que je propose est relativement unique, dans la mesure où cela concerne un aspect qui est unique à la Constitution des Etats-Unis, qui implique que l’argent ne peut être créé que par le gouvernement. Nous avons, aux Etats-Unis, un système de crédit, à la différence d’un système monétaire. (...)

Un noyau de quatre puissances pour changer la dynamique

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Il y a dans le monde quatre nations suffisamment grandes et importantes pour pouvoir changer, pourvu qu’elles le veuillent, l’état des affaires sur notre planète. Il s’agit des Etats-Unis, qui ont une Constitution avantageuse ; de la Russie qui, située dans le nord de l’Eurasie, dispose de ressources en matières premières qu’il reste à développer sérieusement ; de la Chine et de l’Inde. La Chine se trouve dans une véritable crise, parce que la majorité de sa population est très pauvre et que le taux actuel de développement ne permettra pas de stabiliser le pays. L’Inde est plus stable, mais son problème à long terme est similaire : beaucoup de pauvres dans une population en croissance, qui ont, et auront, des revendications légitimes.

Dès lors, comment faire en sorte que le monde puisse assurer, dans la stabilité, les besoins d’une population en croissance, ce qui est impossible dans le cadre du système monétaire actuel ?

Si ces quatre pays acceptent de former un noyau en vue de contrer cette crise, nous pourrons changer le monde. Pour cela, il faut un gouvernement américain qui comprenne quelle est sa responsabilité vis-à-vis d’un tel système de coopération. Depuis la crise fatidique qui a commencé fin juillet 2007 et que j’avais prévue, un nombre grandissant de banquiers reconnaissent que j’ai raison. Et certaines personnes qui feront partie du gouvernement qui prend forme ou qui le conseilleront sont d’accord avec moi.

Dès le début, j’ai proposé de s’orienter directement vers un accord entre ces quatre gouvernements pour traiter la crise en remplaçant le système actuel par un nouveau système de crédit. (..)

Si cette politique est effectivement adoptée par nouveau gouvernement américain – et nous le saurons d’ici janvier-février – alors mon rôle sera défini en conséquence et je travaillerai, en tant qu’individu, à traiter ce problème.

Dans le cas contraire, c’est l’équivalent de l’âge des ténèbres du XIVème siècle en Europe qui nous attend. Le niveau démographique mondial actuel, qui s’oriente vers les 7 milliards, risque de reculer à moins d’un milliard en l’espace de deux générations. Si l’on comprend ce danger, on trouve l’impulsion pour agir.

Nous savons tous quels projets sont nécessaires pour nos pays – et pour les autres. Nous savons que le nucléaire y jouera un rôle spécial, en particulier en Inde. Mais lorsqu’on a une population, comme en Inde, où 63% des gens sont pauvres et sans qualification, comment faire pour augmenter rapidement la productivité ? On met en oeuvre des projets d’infrastructure et des améliorations capitalistiques pour accroître très vite cette productivité, avant même d’améliorer la qualification des travailleurs.

M.LaRouche passa ensuite en revue les erreurs commises depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la dérive financière.

En 1971-73, les Etats-Unis ont perdu leur position dans l’empire et les Britanniques en ont pris le contrôle. Ils l’ont fait en grande partie grâce à l’escroquerie pétrolière de 1973. Si vous regardez la situation anglo-saoudienne en 1973, vous avez l’origine de ce qu’on appelle le « problème islamiste » dans cette région. Il y avait certes des conflits religieux, mais pas ce problème islamiste qui émerge aujourd’hui.

La proposition que j’ai faite est claire. Faute de la réaliser, nous aurons une désintégration totale. Le gouvernement actuel de Chine, par exemple, ne pourra pas tenir. Il y aura une crise en Russie, et le chaos se propagera dans toutes les régions. Il faudra mettre en place différents mécanismes de défense interne pour l’empêcher de s’étendre et protéger les frontières. Bref, on aura un environnement impérialiste, dans lequel on se bat et on maintient des forces uniquement pour survivre !

Dans un contexte d’effondrement généralisé, on voit apparaître toutes les vulnérabilités de l’approvisionnement alimentaire mondial. Ceci peut être la base de toutes sortes de menaces et d’instabilité, partout dans le monde. Chaque main peut être celle d’un ennemi – c’est une raison de plus pour mettre l’alternative en place avant.

Car la situation est extrême. La seule évolution dans l’histoire qui corresponde à la situation actuelle est l’âge des ténèbres du XIVème siècle. Comment se défendre dans des conditions de véritable âge des ténèbres ? Je pense que les politiques actuelles de l’Inde pour maintenir la stabilité tiendront encore, mais des menaces beaucoup plus graves pourraient peser sur sa sécurité interne, comme on l’a vu dans les attentats de Mumbai. L’Empire britannique déploie ses agents partout. Le gouvernement indien a protesté contre l’asile donné par Londres à des individus comme Dawood Ibrahim, mais rien n’est fait.

Le monde risque de connaître une nouvelle forme de terrorisme international. Le principal problème de sécurité ne sera pas la guerre conventionnelle, mais l’instabilité et le chaos dans des pays voisins. Le tableau ne sera pas beau à voir. Nous devons tenter d’empêcher ce processus.

Nous avons besoin d’une coalition de forces sur la planète, suffisamment forte et consciente de ses intérêts réels pour rétablir le type de contrôle que Franklin Roosevelt tenta d’établir. Dans ses relations avec la Chine, avec la Russie, vers la fin de la guerre, Franklin Roosevelt disait qu’il n’est pas nécessaire d’aimer l’autre pays, ni son gouvernement, ni sa politique, mais on doit établir un système international de contrôle qui permette de contenir les menaces. Cela peut être sous forme d’organisations de traité, où les peuples ont tout intérêt à maintenir ces organisations et à s’y conformer.

Un bon programme de renseignement

Suivant l’option A, nous pouvons réussir. Mais si c’est l’option B qui s’impose, nous aurons beaucoup de difficultés, mais nous la combattrons quand même. Seulement, les moyens doivent être plus sophistiqués que jusqu’à présent. Les capacités les plus importantes relèveront du domaine du renseignement. Car avec le terrorisme, on a surtout affaire à des opérations de renseignement. Le fonctionnement de ces services sera décisif. Les opérations militaires seront plutôt accessoires.

Car on cherchera non pas la guerre, mais les moyens de contrôler des situations hostiles ; la défense se fera au niveau du renseignement.

Ceci dit, je suis relativement optimiste. Réaliste aussi, mais optimiste. Car qu’est-ce qu’il me reste à faire ? J’ai 86 ans et je serai encore là pendant quelque temps, mais je dois faire ce que j’ai à faire maintenant. Je dois anticiper le futur, quand je ne serai plus en vie, et je dois penser aux idées, aux projets, à tout ce qui doit être en place pour la génération à venir.

Cette idée des Quatre puissances, nous devrions la réaliser immédiatement. Certains, dans le nouveau gouvernement américain, estiment qu’après deux mandats de George W. Bush, les pays étrangers n’ont pas assez confiance dans les Etats-Unis pour conclure un tel accord. Mais si nous sommes les premiers à l’adopter comme politique officielle, d’autres pays s’y joindront peut-être.

Je pense que le rythme d’accélération de la crise financière en encouragera beaucoup à dire, très vite : « Créons un nouveau système parce que celui-ci est fini ».