Les écrits de Lyndon LaRouche

Déroutons l’ennemi intérieur

mardi 18 septembre 2001, par Lyndon LaRouche

Entretien avec Lyndon LaRouche , à propos des attentats du 11 septembre 2001

Lyndon LaRouche a été interviewé le 18 septembre par John Sigerson, de l’Executive Intelligence Review, dans le cadre de l’émission de télévision câblée, The LaRouche Connection. Voici quelques extraits de leur entretien.

Sigerson : Cela fait exactement une semaine qu’ont eu lieu les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone et depuis, vous êtes intervenu quotidiennement sur ce sujet. Que voudriez-vous dire aujourd’hui aux Américains ?

LaRouche : La première remarque que je voudrais faire, c’est que les gens ont peur, surtout dans la région de Washington et de New York. Dans ces conditions, ils tendent à se laisser hypnotiser et à mal juger la situation.

Or, en temps de guerre - et certains aspects de la situation actuelle sont analogues à ceux d’une guerre - un bon commandant veut des soldats qui restent calmes, réalistes, sans céder à la panique ; il n’essaiera pas de leur inspirer une fausse confiance, mais une approche lucide de la situation, et aussi le sentiment qu’il est vraiment aux commandes. C’est ce dont les Américains ont besoin en ce moment, contrairement à ce que CNN ou Fox News leur présentent dans leurs informations télévisées. C’est la pire des choses.

Considérons ce qui s’est passé. Le mardi 11 septembre, les Etats-Unis ont été attaqués par une « force mystérieuse » qui, je le sais, fait partie d’une opération de voyou (1) au sein même de l’appareil de sécurité américain. Elle n’est pas venue du Proche-Orient, elle n’est pas venue d’Europe, ni d’Amérique du Sud. Il y a peut-être des citoyens d’autres parties du monde qui y ont participé, mais c’est une opération ultra sophistiquée et personne, en dehors des Etats-Unis, n’aurait pu l’orchestrer en ce moment. Nous savons donc qu’il s’agit d’une opération de voyou de très haut niveau, montée à l’intérieur même de notre pays.

Mais ce n’est pas le seul problème. Après une telle catastrophe, beaucoup d’autres choses tournent mal. Les gens qui deviennent fous commencent à faire des choses folles. Ceux qui ont peur peuvent être amenés, avec ce genre d’événement, à agir de manière irrationnelle. Ainsi, nous avons une situation d’insécurité générale dans le pays.

Il faut donc calmer la situation. Le Président ne sait pas encore qui est derrière ceci - je pense qu’on peut le dire sans se tromper. Pour découvrir les responsables, nous devons procéder pratiquement comme un chasseur. Nous devons les trouver non seulement pour les punir mais pour les empêcher de lancer une nouvelle attaque semblable, sinon pire.

La population doit avoir le sentiment que son gouvernement sait ce qu’il fait ; il doit définir l’ennemi, essayer de comprendre son état d’esprit à partir des traces qu’il laisse, il doit s’attaquer au problème de manière systématique, puis se tourner vers les Américains pour leur dire : « Voilà la situation. Nous avons un ennemi interne, un ennemi très puissant et très dangereux. Nous ne savons pas jusqu’où il est prêt à aller, mais nous devons conclure qu’il ira plus loin que les attentats du 11 septembre. Nous avons la situation en mains, nous allons prendre les mesures suivantes... »

Crise économique

Sigerson : Sur un autre front, il semble, d’après les médias, qu’on mette actuellement en place une vaste opération militaire contre l’Afghanistan, en guise de représailles contre Oussama Ben Laden. Pensez-vous que les Etats-Unis doivent entrer en Afghanistan ?

LaRouche : Certainement pas. Pour l’instant, il n’y a aucune raison d’envisager de pénétrer en Afghanistan ou dans un quelconque autre pays.

Ce qu’il faut faire, en pratique, c’est obtenir l’arrêt immédiat de la guerre en Israël et dans cette région, afin de créer des conditions de paix au Proche-Orient. On peut espérer que Sharon coopérera avec nous et qu’il se rendra compte qu’en refusant le processus de paix mis en oeuvre avec les accords d’Oslo, il contribue en fait à mettre gravement en danger les Etats-Unis et bien d’autres pays. On peut donc espérer que Sharon se ressaisira, ainsi que d’autres dirigeants israéliens, et qu’ils essayeront de calmer les choses, car c’est là le plus grand danger.

Sinon, notre problème principal se trouve aux Etats-Unis mêmes. Il y a deux points à soulever. Ce n’est pas un hasard que cette attaque se soit produite au moment précis où l’effondrement monétaire et financier international atteignait un seuil critique. De toute évidence, un groupe puissant dans notre pays, jouissant peut-être de certains appuis à l’étranger, a décidé de monter l’équivalent d’un coup d’Etat contre les Etats-Unis. Cela implique l’utilisation de méthodes de terreur pour rendre la population malléable et lui faire accepter ce que veut ce groupe qui pourrait, le moment venu, se propulser en tant que nouveau type de gouvernement des Etats-Unis, se substituant au gouvernement actuel. Voilà son objectif.

Nous devons donc déjouer ce calcul, en nous attaquant dès maintenant à la crise financière et monétaire.

Par exemple, en ce moment même, les compagnies aériennes sont en pleine déconfiture financière. C’est inacceptable. Nous ne pouvons pas permettre que notre industrie aérienne, qui constitue une part essentielle de l’infrastructure nationale, s’écroule. Par conséquent, le gouvernement doit intervenir, non pas en renflouant Wall Street, mais avec un plan de crédit et de réorganisation des compagnies, sous protection gouvernementale, pour que le tout fonctionne. Ce plan devrait leur permettre de retrouver une pleine stabilité dans le temps, peut-être au bout d’un an, de dix ans, de vingt ans - le temps qu’il faudra.

Cependant, il est primordial de comprendre que l’on doit s’attaquer à la nature générale de la situation mondiale - les effets de la crise monétaire et financière, de même que la guerre au Proche-Orient, qui représentent un danger qu’il faut absolument neutraliser. Nous devons gagner la confiance du peuple américain en ce genre de mesures. Nous devons agir.

Ce faisant, nous affaiblirons la capacité de l’ennemi qui se prépare à frapper de nouveau. Si le peuple américain est conscient de ce danger, aucun coup d’Etat ne réussira aux Etats-Unis, car l’ennemi sera vaincu, moralement et politiquement, quel que soit son pouvoir. Voilà, je pense, nos objectifs immédiats.

Sigerson : Vous avez dit que l’ennemi se trouve à l’intérieur. Pensez-vous que de nouvelles attaques se produiront bientôt ou que l’ennemi attendra que la situation se calme ?

LaRouche : Non. Les attentats de New York et Washington avaient pour cible la population américaine. Ils ont frappé la ville de New York, qui est un symbole de la puissance financière des Etats-Unis. Ils ont attaqué le personnel du Pentagone, le centre de commandement des forces armées américaines. Il s’agit d’agressions psychologiques contre la population américaine, et non d’une tentative de tuer le Président, même si l’on avait raison de penser que la vie du Président était en danger. En effet, à chaque fois qu’un tel événement se produit, le service de protection présidentielle doit supposer que le chef de l’Etat est menacé.

Mais alors pourquoi attaquer les Etats-Unis ? Pour les vaincre, bien sûr. Comment ? Une telle attaque pourrait peut-être, dans certaines circonstances, faire tomber le gouvernement et affaiblir les institutions, mais le but cette fois-ci était de semer la panique dans la population américaine.

Cela veut dire qu’ils ne sont pas encore prêts à monter un coup d’Etat. Ils envisagent probablement une deuxième opération qui, à en juger par leur psychologie, sera différente et d’une plus grande ampleur que celle du 11 septembre.

Alors, si cette vague de terreur a rendu la population suffisamment malléable, ils pourraient tenter un vrai coup d’Etat.

L’ennemi intérieur

Sigerson : Soyons plus clairs. Certains Américains pensent que c’est leur propre gouvernement qui a orchestré cette opération. J’ai même entendu des arguments prétendant que c’est George W. Bush lui-même qui en est l’auteur. Quant à vous, vous dites qu’il s’agit d’éléments voyous au sein même du gouvernement.

LaRouche : Ils sont probablement dans le gouvernement, mais en fait vous avez affaire à un Monsieur X, qui appartient peut-être à l’administration ou à des cercles liés à la sécurité ; c’est peut-être un ancien officier en retraite, qui agit sous une autre qualité. A part son vrai nom, que nous connaissons, il utilise une autre identité en tant que membre de cette organisation.

Aussi, dans ce type d’opérations, la structure de commandement est très habilement organisée. Elle est conçue pour être très efficace et centralisée, mais aussi très peu connue, même des acteurs qui en savent juste assez pour accomplir leur tâche. Ainsi les éléments déployés ne savent pas vraiment ce qu’ils font par rapport au cadre plus large. Nous avons déjà eu affaire à ce type de structure.

Sigerson : Mais, à l’intérieur des Etats-Unis...

LaRouche : Le danger réside à l’intérieur des Etats-Unis. Toute attaque contre nous serait dangereuse pour un quelconque ennemi extérieur. Nous n’avons plus beaucoup de pouvoir, mais dans ce sens, nous sommes encore redoutables. Personne n’a intérêt à attaquer les Etats-Unis de l’extérieur. Par contre, nous sommes vulnérables à une attaque menée par un agent de l’intérieur. C’est ce qui effraie certains membres du gouvernement, qui soupçonnent que j’ai raison sur ce point.

Au lieu de dire aux Américains que le danger est à chercher ici même, n’est-il pas plus commode de leur dire que nous cherchons à l’extérieur et que allons frapper quelqu’un d’autre, surtout lorsque les idiots de CNN et de Fox News réclament à cor et à cri un « choc des civilisations », risquant d’entraîner la planète dans une guerre de religions globale en attaquant un milliard de musulmans et déclenchant Dieu sait quoi...

Si le Président des Etats-Unis conseillait aux Américains de ne pas écouter CNN ou Fox News parce qu’ils sont une bande de clowns irresponsables qui veulent les affoler, ce serait sans doute une bonne chose.

Sigerson : Vous avez parlé de ce qu’on ne doit pas craindre. Que doit donc faire l’Américain moyen dans ce contexte ?

LaRouche : Avant tout, regarder la vérité en face. Nous devons nous adresser calmement aux Américains et leur dire : « Oui, la menace est terrible. Nous ne le nions pas. Une dépression effrayante va déferler sur nous, mais nous pouvons la contrôler et même nous en sortir relativement bien. Nous l’avons fait du temps de Franklin Roosevelt, nous pouvons le faire à nouveau. » Cet aspect des choses ne doit pas nous préoccuper. Par contre, nous devons nous préoccuper de savoir comment amener le gouvernement à entreprendre ce qui est nécessaire.

Si nous mobilisons les Américains sur la base de ce type de détermination, ils s’organiseront comme une armée pour combattre l’ennemi. Et je suis convaincu que cette armée sera efficace.

La genèse du terrorisme

Sigerson : En 1995, votre magazine, Executive Intelligence Review, a publié un dossier spécial documentant l’implication du renseignement britannique dans toutes sortes d’activités terroristes à l’échelle internationale. Pensez-vous qu’il y ait une connexion britannique dans les opérations actuelles ?

LaRouche : Oui, sur ce point il existe probablement deux aspects en Grande-Bretagne, comme ici d’ailleurs. Le terrorisme moderne, par exemple, sous sa forme actuelle, fut déclenché en tant que phénomène de masse en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs, en 1968. Certains des dirigeants ou acteurs clés du terrorisme de cette période - on pense aux terroristes basques - sont encore actifs aujourd’hui.

Le terrorisme qui a donné naissance aux « Afghantsi » a d’abord été lancé, pour le compte des Etats-Unis, par Zbigniew Brzezinski, l’homme qui désigna Jimmy Carter comme candidat à la présidence des Etats-Unis et qui allait devenir son directeur de la sécurité nationale. Les « Afghantsi » ont été créés, sous Brzezinski, en tant qu’opération afghane pour combattre le système soviétique. C’était un peu le « Vietnam » du système soviétique. Cela a continué jusqu’à nos jours.

Dans les années 80, au nom du « contre-terrorisme » dirigé à partir d’une branche du Conseil national de sécurité des Etats-Unis, on a eu l’opération Iran-Contra, qui se situe à un autre niveau.

Il y a eu le terrorisme des années 70, organisé à partir d’organismes officiels, en Italie, en France, etc. Dans les années 80, les services britanniques, israéliens et américains ont joué un rôle bien particulier dans ces réseaux. Et certains éléments de l’OTAN, des éléments vraiment très curieux, y étaient impliqués. On a ainsi déchaîné une vaste capacité de terrorisme dans le monde.

Tout ceci est connu, on peut en identifier et en dévoiler les acteurs, ce qui veut dire qu’on peut aussi les neutraliser.

Sigerson :Si j’ai bien compris, l’ennemi qui a commis ce crime il y a une semaine, même s’il est basé au moins partiellement aux Etats-Unis, aurait pu utiliser des éléments comme Ben Laden ou d’autres.

LaRouche :Je ne pense pas que Ben Laden soit si important, surtout pour cette opération spécifique. Mais le réseau de commandement, qui dirigeait le terrorisme des années 60, 70 et 80 et était actif dans l’Iran-Contra (qui n’était autre qu’une opération de terreur ou de guerre irrégulière), est toujours à l’oeuvre. Il serait possible de trouver, dans cette structure de commandement, un groupe de personnes ayant accès à toutes sortes de ressources et sachant monter ce genre d’opération.

En effet, ce type d’opération de guerre spéciale requiert un état d’esprit d’ordre spécifiquement militaire.

Il faut donc chercher parmi les spécialistes militaro-stratégiques de premier rang, seuls capables d’orchestrer une opération aussi habile et techniquement sophistiquée que ces attaques contre New York et Washington. Aucun amateur n’en est capable, aucun terroriste confus non plus. Ils peuvent faire certaines choses, ils peuvent servir d’auxiliaires, mais ils ne peuvent pas orchestrer une telle opération.

En tout cas, cette structure de commandement est toujours là. Personne ne l’a dévoilée, on ne l’a pas prise en compte et elle est prête à frapper à nouveau. L’attitude de CNN et d’autres médias revient à l’encourager dans ce sens.

La seule défense dont nous disposions actuellement est la prise de conscience de cet aspect des choses, au niveau de la structure de commandement politique et autour d’elle, par exemple parmi certaines personnes à la Maison Blanche qui, tout en évitant d’en parler publiquement, sont conscientes du problème et commencent probablement à agir dans ce sens.

Sigerson : Voyez-vous des liens possibles avec l’attentat à la bombe d’Oklahoma City ?

LaRouche : Eh bien, c’est le même type d’opération. Il est clair que les moyens utilisés dans l’attentat d’Oklahoma n’étaient pas du ressort de Timothy McVeigh ni de son collaborateur. Quelqu’un a décidé d’étouffer l’affaire. Et McVeigh était prêt à mourir, en martyr, pour la cause.

Sigerson : Que peuvent faire maintenant les gouvernements étrangers pour aider les Etats-Unis ? Je sais que beaucoup d’entre eux se méfient de ce que les Etats-Unis pourraient faire.

LaRouche : Ils craignent que les Etats-Unis ne proposent des choses insensées, pour eux-mêmes et pour tous les autres pays -comme de lancer une attaque par vengeance. La vengeance est la pire des choses en science militaire. On ne doit jamais la pratiquer, jamais !

La vengeance est une motivation qui mène à un nouvel âge des ténèbres. Les gens qui la prônent ne savent pas ce qu’ils font et devraient être tenus loin des postes de commandement politiques et militaires ! Virez-les ! Ils sont une menace pour la paix et la civilisation.

L’autre aspect, c’est que les gouvernements du monde craignent - comme certains représentants de la France et de l’Allemagne l’ont exprimé la semaine dernière - qu’une attaque irréfléchie ne mène à un « choc des civilisations ».

Ce terme appartient au langage de Zbigniew Brzezinski. Or celui-ci reflète la mentalité - je ne dis pas qu’il est derrière les attentats de New York et de Washington - mais il incarne l’état d’esprit d’une personne désireuse de commettre ce genre d’acte. Il ne le ferait pas lui-même, mais cet état d’esprit pourrait en amener d’autres à le faire.

Le Pont terrestre eurasiatique

Sigerson : Comme une attaque contre l’ancienne Union soviétique ?

LaRouche : Non, le but est très simple. Le continent eurasiatique, et les îles qui l’entourent, ont progressé, étape par étape, sur la voie d’une coopération économique destinée à les sortir de l’effondrement financier et monétaire en cours. Désormais, le continent tend à s’unir en tant que force économique, pour réaliser des objectifs économiques.

L’Europe occidentale, qui est en faillite, verrait ainsi s’ouvrir des marchés en Chine, en Inde et ailleurs, où elle pourrait exporter des technologies de pointe. Suivant des accords à long terme, des projets d’infrastructure à grande échelle permettraient de créer de nouveaux emplois et de nouvelles richesses en Eurasie. Ceci ferait de l’Eurasie une puissance.

Or, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, il y a des gens qui se considèrent comme la puissance maritime dominante et qui interprètent ce genre de coopération impliquant le Japon, la Russie, la Chine, l’Inde, l’Asie du sud-est, l’Europe continentale, comme une menace, à long terme, pour leur capacité de dominer cette planète en tant que puissance financière maritime.

Aussi ces personnes, comme Brzezinski ou Kissinger, disent qu’il faut torpiller ce développement. Comment y parvenir ? En lançant des guerres ! C’est ainsi que nous avons eu deux guerres mondiales, au siècle dernier.

Maintenant se profile la possibilité d’une guerre mondiale géopolitique, la troisième en moins de cent ans. Elle empêcherait les nations d’Asie centrale de devenir le pivot dans le rapprochement entre l’Asie orientale et l’Europe occidentale.

Pour ma part, je pense qu’il est de notre intérêt que l’Eurasie s’unisse pour lancer une reprise économique en Asie, à laquelle nous espérons que les Etats-Unis s’associeraient pour que nous recommencions à produire et à exporter vers cette partie du monde. Mais il y en a, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, qui pensent différemment.

De quelles armes disposent-ils ? Ils pourraient tenter de convaincre Israël de lancer une guerre de religions au Proche-Orient. Israël dispose peut-être de la capacité conventionnelle de gagner une guerre, mais elle ne pourrait pas conserver et occuper le terrain. En tentant de le faire, elle s’autodétruirait. Les dirigeants israéliens seraient par conséquent obligés d’avoir recours à des armes de destruction de masse. Cela suffirait pour embraser toute la région.

Certains voudraient qu’Israël fasse ce travail, tandis que d’autres pensent que c’est aux Etats-Unis de le faire, sans les Israéliens, comme ils l’ont fait contre l’Irak avec l’opération Tempête du désert. Autrement dit, il y a des gens dont la mentalité tend à les pousser vers des scénarios de ce type.

Le secteur industriel en redressement judiciaire

Sigerson : Passons à la question économique. Hier, à sa réouverture, la Bourse de New York a connu une importante baisse. Aujourd’hui, les représentants de compagnies aériennes se rendent à la Maison Blanche pour demander au gouvernement une énorme quantité d’argent pour se renflouer. Le gouvernement semble disposé à accorder des fonds non seulement pour la reconstruction de New York, ce qui va de soi, mais aussi pour des buts moins louables. Est-ce la bonne direction ?

LaRouche : Un renflouement serait tout à fait erroné. Il y a deux tendances aux Etats-Unis sur ce point, mais il est généralement admis qu’il faut traiter cet effondrement financier. Wall Street s’écroule et Alan Greenspan, entre autres, est pris de panique : « Renflouez, renflouez à tout prix ! Peu importe ce qui se passera la semaine prochaine, renflouons dès demain ». Ils sont désespérés.

Mais d’autres, notamment des banquiers et des hommes politiques influents, sont en désaccord profond avec Greenspan. Ils pensent qu’il faut aller dans le sens de ce que j’ai proposé.

En tout cas, le gouvernement ne devrait pas verser un centime pour renflouer des sociétés en faillite. On ne le ferait pas dans le secteur privé, n’est-ce pas ? Lorsque les comptes d’une entreprise indiquent qu’elle est en banqueroute, techniquement, mais que vous voulez la sauver, que faites-vous ? Vous la mettez en redressement judiciaire, parce qu’elle doit continuer à fonctionner. Certaines choses sont gelées et vous la protégez contre la saisie de ses avoirs. Ensuite, le gouvernement lui ouvre une ligne de crédit - il ne lui verse pas d’argent - pour que cette entreprise puisse fonctionner normalement durant les dix ou vingt années suivantes. Au cours de la réorganisation, on trouvera le moyen de faire face aux factures impayées qu’il n’est pas possible, pour l’instant, d’honorer.

Nul besoin d’augmenter la spéculation sur les actions ni de faire monter les cours en injectant une grosse somme d’argent. On doit dire [par exemple au secteur aéronautique] : « D’accord, nous allons vous éviter la banqueroute. La crise financière mondiale a créé un état d’urgence, qui a été aggravé par les terribles attentats contre New York et Washington. Aussi, dans ces conditions d’urgence, nous allons vous aider au niveau de la production. Les pouvoirs publics vous protégeront et nous vous accorderons une ligne de crédit à long terme. Combien de temps vous faut-il pour reconstruire ? Dix ans, vingt ans ? Vous aurez ce qu’il faut, non pas en liquide, non pas pour le distribuer aux actionnaires, mais pour que vous puissiez continuer à fonctionner et à entretenir vos équipements. Vous pourrez maintenir les vols. »

De la même façon, il faut protéger les chemins de fer, qui représentent un avoir national, une partie essentielle de notre infrastructure nationale. Nous en avons besoin. Par conséquent, nous n’allons pas assister passivement à sa destruction. Il s’agit peut-être de compagnies privées, mais leur activité profite à tous. Par conséquent, nous allons garantir leur fonctionnement, dans notre propre intérêt.

Nous avons une situation semblable dans le secteur de l’énergie et de sa distribution. Comme il y aura d’autres secteurs de l’économie qui feront faillite et qu’il faudra sauver, nous allons devoir réorganiser les finances et mettre le tout en redressement judiciaire. Nous devons organiser des lignes de crédit pour créer des emplois.

Voilà la solution. Mais comment garantir, une fois la réorganisation menée à bien, que nous aurons une entreprise viable ou une économie nationale viable ? Il faut assurer une croissance économique, ce qui veut dire que les gens doivent travailler à créer de vraies richesses. Nous avons un énorme manque à gagner au niveau de l’infrastructure dans ce pays, mais aussi dans le monde. Deux choses sont nécessaires. D’une part, nous devons lancer, principalement en coopération avec l’Eurasie, un boom des exportations dans lequel nous nous engageons à produire ce dont le monde a besoin pour développer les infrastructures, comme les systèmes ferroviaires, les technologies pour des projets locaux, etc. en planifiant la production sur la base de contrats à long terme. En même temps, au niveau national, nous devons augmenter le nombre d’emplois en renforçant les infrastructures, par exemple au niveau de la production et de la distribution d’électricité.

Aujourd’hui, l’économie fonctionne à perte, comme en témoigne le déficit des paiements courants. Nous devons renverser la vapeur, pour produire et gagner plus que nous ne dépensons ! On le fera pas en réduisant le nombre de gens qui mangent, mais en mettant tous ceux qui sont au chômage ou qui sont sous-employés, à produire ce dont nous avons besoin.

Voilà ce que le gouvernement doit faire.

Notes


1) Lyndon LaRouche reprend ici, pour qualifier cette opération, le terme « voyou », utilisé à l’origine par les services officiels américains pour nommer les Etats contre lesquels le dispositif du NMD (défense anti-missiles) devrait être déployé.