Les écrits de Lyndon LaRouche

Notre projet pour les temps futurs

mercredi 26 novembre 2008, par Lyndon LaRouche

le 4 avril 2008

Le texte qui suit constitue une rectification radicale, mais absolument indispensable, de la façon erronée dont on aborde l’histoire dans les principaux cercles académiques, politiques et financiers, ainsi que parmi la population, presque partout dans le monde.

Dans mon « Project Genesis » [1], j’ai souligné la distinction fondamentale entre le comportement « motivé par les événements », chez l’homme comme chez l’animal, et le comportement « motivé par des concepts », qualité qui distingue l’esprit humain sain de celui des animaux et de l’opinion populaire actuellement dominante aux Etats-Unis et en Europe. J’appliquerai ici la même distinction afin d’en examiner la signification pour le déroulement de l’histoire. J’invite le lecteur à détourner son attention de la conception populaire erronée, souvent infantile, des réalités stratégiques, pour se hisser au niveau intellectuel supérieur, rarement atteint, d’une étude compétente de l’histoire, seule approche permettant d’épargner à la population mondiale l’holocauste qui la menace dans cette crise globale. Le sujet portera sur l’évolution de l’histoire depuis l’éviction du chancelier allemand Otto von Bismarck, en 1890, jusqu’à la terrible crise qui menace aujourd’hui de plonger toute l’humanité dans un nouvel âge des ténèbres.

On trouvera un exemple plus simple d’un projet de recherche similaire avec la vidéo récemment produite par mon comité d’action politique (LPAC), illustrant l’effet exemplaire de la crise hyperinflationniste de 1923 dans l’Allemagne de Weimar sur l’histoire mondiale des décennies suivantes. Seul un traitement dynamique de l’histoire, au sens où Leibniz et Riemann comprenaient la dynamique, peut amener les hommes d’Etat et autres figures publiques à une conception compétente de l’histoire en tant que processus légitime, au lieu de la considérer, stupidement, comme une succession de simples faits divers, relativement isolables, discrets et statistiques, s’entrechoquant mutuellement.

Faute de comprendre ce concept, il sera sans doute impossible de fournir cette qualité de dirigeant politique capable d’empêcher l’humanité de sombrer pour longtemps.

Introduction : la question brûlante de l’histoire

Depuis fin juillet 2007, le monde est en proie à ce qui est déjà le pire cauchemar financier et monétaire depuis l’âge des ténèbres qui sévit en Europe au XIVème siècle. Quel que soit le sort réservé à ce système monétaro-financier international, désormais condamné, ce long cycle historique remontant à l’époque où le chancelier allemand Bismarck fut limogé par l’empereur Guillaume II (neveu du Prince de Galles), touche à sa fin, une fin extrêmement tragique et rapide. Soit un nouveau système viable viendra effacer la longue tyrannie exercée par un empire britannique aux prises avec les derniers soubresauts de ses fortunes inégales, depuis sa naissance en février 1763 dans le cadre du Traité de Paris, soit le monde continuera sa course à l’abîme.

Depuis le XIVème siècle, de nombreux événements sont survenus, qui eurent un impact décisif sur le monde. Le plus significatif, pour l’ensemble de la planète, est le conflit opposant deux grandes puissances anglophones et adversaires historiques : le modèle unique de République constitutionnelle propre aux Etats-Unis et son ennemi, l’empire britannique de la période 1763-2008.

Depuis l’instauration de cette République américaine, telle que définie par la Constitution fédérale, le tournant décisif de ce conflit fut la victoire des Etats-Unis du président Abraham Lincoln sur la marionnette de Londres qu’étaient les Etats confédérés sudistes. Cette victoire représenta la plus grande menace pour la suprématie mondiale de l’empire britannique depuis ses origines en 1763, sous le contrôle de l’entreprise privée dénommée Compagnie britannique des Indes orientales. [2]

La conséquence la plus marquante en fut la réalisation du concept de République continentale, élaboré sous la direction du secrétaire d’Etat John Quincy Adams [1817-1825]. L’élément essentiel pour réaliser cette république, s’étendant des frontières canadiennes aux frontières mexicaines et de l’Atlantique au Pacifique, fut la construction d’un réseau transcontinental de chemins de fer. C’est d’ailleurs ce qui allait définir les grandes lignes de la politique navale étasunienne, consistant à développer d’importants partenariats commerciaux, concurrents des forces impériales britanniques et de leurs satrapes dans le Pacifique.

Jonction du Transcontinental à Promontory Summit, Utah, le 10 mai 1869.

C’est ainsi que la révolution agricole et industrielle aux Etats-Unis, dont l’épine dorsale était le réseau de chemins de fer continental, devint le modèle pour les nations d’Eurasie continentale qui tentaient de se libérer du contrôle exercé par la puissance maritime impériale britannique. Une Europe opprimée par l’empire mondial britannique s’inspira du modèle américain, ce que l’empire britannique considéra alors comme une menace pour sa propre existence. C’est ce conflit géopolitique ainsi défini qui poussa en grande partie les impérialistes maritimes anglo-hollandais à fomenter de grandes « guerres mondiales », depuis cette époque jusqu’à ce jour.

La détermination de l’empire britannique à déclencher des « guerres mondiales » orchestrées à Londres se cristallisa en 1890, lorsque le Prince de Galles parvint à convaincre son neveu Guillaume II de se débarrasser du chancelier Bismarck, qui faisait barrage au projet du Prince d’utiliser le sénile et sot Habsbourg d’Autriche pour lancer des guerres dans les Balkans. Or, ces guerres devaient permettre à Londres de manipuler les dupes français et le tsar Nicolas II afin qu’ils détruisent l’Allemagne dans ce qui deviendrait une guerre mondiale. En même temps, le Prince de Galles et son entourage persuadèrent le Mikado japonais de rompre avec ses amis américains et de se joindre à la Grande-Bretagne pour déclencher, entre 1895 et 1945, un conflit visant à faire éclater la Chine.

Entre-temps, l’assassinat du président américain William McKinley par un Européen, en 1901, ouvrit les portes de la Maison Blanche aux agents britanniques qu’étaient Theodore Roosevelt et Woodrow Wilson. C’est ainsi que les Etats-Unis furent amenés à conclure une alliance avec la Grande-Bretagne impériale, contre leurs anciens alliés de longue date. [3]

Cet engagement géopolitique britannique se traduisit principalement par deux « guerres mondiales » officielles, une « guerre froide » et, aujourd’hui, la tentative de Londres, à travers le régime impérial du Traité de Lisbonne, d’utiliser ses dupes en Europe occidentale et centrale pour détruire les nations eurasiatiques situées plus à l’Est, Biélorussie et Russie. Ce récent projet baptisé Traité de Lisbonne constitue une véritable déclaration de guerre à la Russie, la Chine et l’Inde, entre autres, dont les effets prévisibles seraient infiniment plus graves que ceux de toute autre guerre impériale. Le Traité européen est la clé de voûte du dessein de la monarchie britannique visant à déclencher le conflit le plus maléfique de l’histoire de l’humanité.

Le modèle oligarchique

On entend souvent dire, surtout depuis la parution du livre d’Edward Gibbons, Déclin et chute de l’Empire romain, que l’empire britannique a été calqué sur l’empire romain. Cette opinion simpliste constitue un obstacle de taille à la compréhension adéquate de la situation stratégique globale. En réalité, le concept d’empire dans la civilisation européenne s’inspire de modèles asiatiques célèbres, comme ceux de Babylone ou de la Perse. Pour l’essentiel, l’apparition de cette notion dans la culture européenne remonte au « modèle oligarchique », résultant de la tentative de fusionner le modèle de l’oligarchie foncière d’Asie occidentale et le modèle maritime associé à des empires antérieurs, comme Tyr. Le principe de cette conception stratégique d’« empire » fut illustré par Eschyle dans sa trilogie sur Prométhée, explicitement dans la partie qui nous est restée, Prométhée enchaîné.
Au sens strict donné par l’historien au mot empire, il s’agit d’un système oligarchique marqué par le pouvoir absolu d’un empereur tyrannique, exerçant seul l’autorité législative (comme un César). Il peut dicter des ordres à des groupes de peuples, de sorte que les « rois » ne sont que ses subalternes. Ainsi, la « mondialisation », avec ses « groupes de nations » subalternes — une Tour de Babel moderne basée sur le noyau du Commonwealth britannique — possède les caractéristiques typiques de la forme d’organisation impériale d’un système oligarchique.

Cette société est l’adversaire absolu du système incarné par la Paix de Westphalie, comme des efforts antérieurs allant dans le même sens à l’époque de Charlemagne, puis sous Frédéric Hohenstaufen, dont la famille fut, malheureusement, massacrée par les intérêts financiers vénitiens organisateurs des Croisades de l’époque.

L’empire britannique, de 1763 à ce jour, est une forme de ce modèle oligarchique impérial, aujourd’hui voué à imposer une tyrannie impériale dans le cadre du Traité de Lisbonne. Ce traité représente un nouvel instrument pour spolier les sujets de leurs libertés et même supprimer les gouvernements nominaux d’Europe continentale, qui deviendraient eux aussi les sujets d’un grand empire britannique. Selon la rhétorique officielle de Londres, ce vaste empire pourrait être gouverné de l’extérieur par une déité auto-proclamée, un Royaume-Uni régnant sur cette pauvre Europe continentale, sans être soumis à ses lois.

Le trait essentiel de ce plan pervers est l’escroquerie néomalthusienne, cheval de bataille du corpulent ancien vice-Président américain Al Gore et ses « seize tonnes », qui, en tant qu’agent de cet empire, propage l’arnaque sur le dioxyde de carbone. [4]

Le feu prométhéen de la raison

La différence essentielle entre un comportement humain et celui d’une forme quelconque de vie inférieure, ou d’un esprit humain avili, réside uniquement dans les pouvoirs créateurs potentiels de l’individu, qu’Eschyle présente, symboliquement, comme la connaissance du « feu ». Aujourd’hui, on parlerait plutôt de maîtrise de la fission nucléaire contrôlé. Cela signifie que ceux qui, aujourd’hui, rejettent l’utilisation bien comprise du « feu » nucléaire, s’abaissent en dessous de la vraie nature de l’homme et de la société, avec des conséquences terribles pour l’ensemble de notre planète.

Prométhé dérobe le feu aux dieux pour le transmettre aux hommes

Ce « feu intellectuel », qui distingue l’être humain pensant de toute espèce animale, fut réintroduit dans la civilisation européenne moderne à travers le principe central de la connaissance mis en avant, entre autres, par Nicolas de Cues, le fondateur de la science physique moderne au XVe siècle, notamment dans son De docta ignorantia.

Ce concept, qui montre qu’il avait identifié l’erreur systémique de la notion de quadrature du cercle, développée par Archimède, allait donner naissance à la notion physique « énergétique » de l’infinitésimal ontologique (contrairement à l’euclidien ou au cartésien). Ceci deviendra la base du travail de Johannes Kepler, grand disciple de Cues, qui fonda la physique mathématique moderne par son travail sur l’astrophysique.
Cette notion d’infinitésimal ontologique est la marque des pouvoirs créateurs potentiels de l’individu humain, qui distinguent la société humaine de toute forme de vie inférieure. Elle est la clé pour réellement comprendre la notion d’histoire.

A l’opposé, la caractéristique sociale du modèle impérial ou oligarchique est celle que l’on rencontre chez le « malthusien » anti-créateur, qui prône la « croissance technologique zéro » et le mythe du « réchauffement climatique », propagé par l’ancien vice-Président américain Al Gore — un agent britannique, un escroc et, sans doute le pire de tout, le fils de son père.

L’intérêt majeur de l’oeuvre d’Eschyle pour l’historien sérieux, ou même pour tout dirigeant politique compétent, est qu’il traite du grand conflit entre deux images de l’homme, qui sera également le thème d’un cours de Friedrich Schiller à Iéna, opposant Solon d’Athènes à Lycurgue de Sparte : d’un côté, une société de véritables citoyens, et de l’autre, un ordre de maîtres régnant sur des esclaves ou des serfs. C’est ce dernier modèle qui domine actuellement aux Etats-Unis, où des tyrans du libéralisme anglo-hollandais règnent sur les 80 % des citoyens les moins favorisés, victimes de l’oppression imposée par l’oligarchie transatlantique, notamment depuis 1968-1972, sur la majorité d’une population américaine en grande partie découragée et dépouillée.
Suite aux émeutes des « baby boomers fils à papa » et autres « soixante-huitards » transatlantiques, l’économie américaine fut progressivement démantelée sous les présidences de Richard Nixon, Gerald Ford et d’un Jimmy Carter manipulé par la Commission trilatérale.

Ces considérations sont indispensables pour comprendre la grande crise humaine que représente aujourd’hui la menace de l’impérialisme néo-malthusien.

Qu’est-ce réellement que l’histoire ?

Si l’on examine rigoureusement la question, on voit clairement que toutes les méthodes statistiques habituelles de prévision économique se sont avérées totalement incompétentes. La source de cette incompétence transparaît dans le refus de reconnaître qu’à l’évidence, avec l’émergence de l’homme sur la planète, nous avons affaire à une espèce dont le potentiel de densité démographique relative ne peut être prévu à l’aide de méthodes statistiques de type cartésien, comme celles de R.A. Fisher, entre autres.

Le développement qualitatif des pouvoirs productifs des membres de notre société représente un processus de changements volontairement créatifs (anti-entropiques), opérés grâce à des formes de progrès technologique et autre. Sans les effets de ce progrès dit scientifique et technologique, l’augmentation de la densité démographique humaine tendrait à provoquer une phase d’effondrement économique. Cette indispensable qualité de progrès renverse la tendance à la diminution de la productivité humaine suite à l’épuisement des matières premières.
Face à une tragédie comme celle qui menace les Etats-Unis et l’Europe occidentale et centrale en ce moment fatal de l’histoire mondiale, nous devons maintenant aborder un point important.

Contrairement aux jaseurs romantiques et académiques qui parlent constamment de « personnage tragique » dans l’histoire, la source de la tragédie ne réside pas en tel ou tel individu, mais dans toute la culture commune partagée par les institutions de la société dans son ensemble. C’est le cas des tragédies de Shakespeare et de Schiller. La trilogie de Wallenstein n’est pas fictive, c’est l’histoire véritable de la guerre de Trente Ans (1618-1648), un holocauste qui ne prit fin que grâce à l’intervention du cardinal Mazarin, qui aboutit à la paix de Westphalie, sur laquelle repose tout semblant de santé mentale en Europe depuis lors.

La terrible tragédie qui s’abat sur l’ensemble de notre planète est le fruit de la culture qui domine aujourd’hui toutes les grandes puissances de la civilisation transatlantique. C’est la folie tragique de tolérer que les affaires du monde soient menées par la stupidité des Etats-Unis et de l’Europe continentale, qui acceptent les abominations intrinsèques à la perpétuation de l’« empire britannique ». Cette forme anglo-hollandaise d’usure impériale est l’héritage vénitien de créatures médiévales dont Felix Rohatyn, ainsi que George Soros, de Londres, véritables « Biche et Mouche » de la démence financière, se font aujourd’hui l’écho aux Etats-Unis. Les pauvres dupes qui, au Congrès américain ou ailleurs, tolèrent ce type de politiques, incarnent de manière exemplaire la tragédie que nous vivons.

Cette tragédie rappelle fort la crise hyperinflationniste de 1923 en Allemagne. La débâcle financière, notamment depuis juillet 2007, suscite des réactions totalement insensées de la part du gouvernement et du Congrès américains, mais aussi sur les places financières en folie, aux Etats-Unis et en Europe. Si les retombées économiques de cette crise financière se font déjà cruellement sentir, toutefois, la plus grande menace ne vient pas tant de la crise elle-même que de la puissance tragique des formes de réaction politique littéralement fascistes, adoptées par les gouvernements, notamment par celui de cet aliéné mental de George W. Bush. Faute de rejeter ces formes de fascisme, prônées par l’administration Bush-Cheney et ses complices à Londres, le monde sombrera dans un nouvel âge des ténèbres pire que celui du XIVe siècle, et même pire que les effets de l’effondrement génocidaire de l’Empire romain.

Le seul remède à cette situation catastrophique peut se résumer en disant que c’est uniquement par le « feu » (dont le Zeus de l’Olympe, dans le Prométhée enchaîné, avait interdit aux hommes la connaissance) qu’une société peut augmenter son potentiel de densité démographique relative, comme le prouvent les formes viables de cultures humaines. Cet accroissement s’accompagne alors d’une hausse du niveau de vie physique, et non seulement monétaire, de la population.

Cet accroissement de la productivité des travailleurs, dont nous avons urgemment besoin, dépend ainsi des avantages combinés de modes anti-entropiques de progrès scientifique, par tête et par kilomètre carré, et de progrès dans la qualité des relations sociales, qui sont inséparables des formes culturelles classiques de développement de la langue, de la musique, etc. [5] Ceci nous oblige à tourner notre attention vers le thème développé dans deux de mes récents essais, « The Doomed and Brutish Empire » [6] et « Project Genesis » [7].

Le secret de l’esprit humain

Comme je l’ai souligné dans bon nombre de mes écrits de ces dernières décennies, ce que nous pouvons définir comme les pouvoirs créateurs de l’esprit humain s’exprime en termes similaires à ceux employés par Percy Shelley dans sa Défense de la poésie. Il y observe que durant certaines phases de la vie d’une culture, une population, ou du moins la majorité d’entre elle, développe une faculté spéciale pour « recevoir et transmettre des conceptions profondes et passionnées concernant l’homme et la nature ». Shelley associe la composition et l’appréciation des ironies systémiques de la véritable poésie classique à ces phases exceptionnelles de l’expérience sociale humaine.

Ainsi, si une grande oeuvre poétique ou musicale du passé ne trouve plus d’écho parmi la population, ce n’est pas la faute de l’oeuvre, dont la grandeur avait été comprise à des époques culturelles d’une qualité morale supérieure. Il s’agit plutôt de l’expression d’une décadence morale et intellectuelle affectant les cercles dirigeants, comme c’est le cas aux Etats-Unis depuis la mort du président Franklin Roosevelt et, pire encore, depuis que l’idéologie des « soixante-huitards » s’est imposée en tant qu’influence quasiment hégémonique et profondément corruptrice sur les cultures transatlantiques. [8]

Ce qu’on appelle la « théorie sociale », que j’avais étudiée de manière critique depuis les années 1950, est une forme exemplaire de ce genre d’incompétence, notamment dans la mesure où elle ne tient pas compte de la distinction systémique de l’espace-phase des caractéristiques de l’esprit humain, par rapport à la « psychologie animale ». C’est pourquoi la sociologie se caractérise souvent, en pratique, comme une forme de sophisme que l’on associe à la libre poursuite de plaisirs de type sexuel relevant de la « sentir-ologie », plutôt que des pouvoirs de raison relevant des fonctions cognitives de l’esprit humain.

Pour clarifier ce point, considérons brièvement le phénomène de la « génération du baby-boom », ou des « soixante-huitards » en Europe et aux Etats-Unis.

Qui sont les boomers ?

Les « boomers » ne constituent pas une génération, mais plutôt une « dégénération », incluant une part significative des enfants issus de familles « en cols-blancs » entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et 1958 environ, année où les effets de la récession économique commencèrent à se faire sentir. Il s’agit d’enfants nés dans des niches culturelles que les sciences sociales décrivaient alors comme les « cols blancs » ou les « hommes de l’organisation » [qui cherchent à se conformer à l’éthique sociale dominante]. Ces enfants reflétaient l’impact des habitudes culturelles acquises à la maison ou dans l’entourage de leurs parents, à l’époque d’un président Harry Truman qui détestait Franklin Roosevelt et d’un sénateur Joseph McCarthy, au milieu d’un virage général à droite, pratiquement néo-fasciste, qui allait durer près de deux décennies.

Suite au déclin de 1957-58, ces familles connurent une série de chocs. Il y eut l’élection du président John Kennedy, dont la tentative de revenir aux paradigmes politiques de Franklin Roosevelt fut avortée par son assassinat, ce qui mena directement, et sans doute intentionnellement, au lancement de la guerre du Vietnam. Ce fut un tournant décisif, qui mena à la situation infernale que nous vivons aujourd’hui. Cette succession d’événements généra, parmi les adolescents « fils à papa » des années 60, un élément spécial qui allait constituer le phénomène proto-fasciste et anarchiste des soixante-huitards. [9]

L’Université de Columbia, New York, en 1968 : le point départ d’un phénomène générationnel et du groupe terroriste "Weathermen"

Au cours de la période 1968-72, arrivé à l’âge adulte, le noyau dur anarchiste de cette couche sociale devint une force culturelle et politique de décadence morale et intellectuelle à l’influence croissante. Pendant le règne de la Commission trilatérale de Zbigniew Brzezinski (1977-81), l’on vit apparaître les signes du contrôle que ce noyau dur allait exercer sur la poursuite des tendances culturelles et politiques, déjà décadentes, dans les Amériques et en Europe. La dégénérescence de la société transatlantique trouva aussi un écho du côté soviétique, sous les gouvernements anglophiles successifs d’Andropov et de Gorbatchev et parmi l’IIASA, une organisation soumise à l’influence des disciples de HG Wells et de Bertrand Russell, tout comme le groupe d’Analyse des systèmes de Cambridge. La destruction systématique de l’économie physique des nations, sous la poussée de pseudo-scientifiques des deux camps, de part et d’autre de la division Est-Ouest de l’époque, prépara la voie à la destruction accélérée, pendant la période de transition 1981-89, des grandes nations d’Amérique et d’Europe.

Dans ce contexte, toute la génération d’après-guerre subit une dégénérescence morale, mentale et physique généralisée. Certains, parmi les bons à rien anarchistes et les intellectuels les plus dégénérés de ce noyau dur, furent choisis pour des postes d’où ils pourraient faire avancer leur carrière dans l’« establishment post-1968 » en Amérique, en Europe et ailleurs. Beaucoup de jeunes de cette génération, qui étaient plus compétents moralement et intellectuellement et réussissaient très bien à l’université, virent avec jalousie ces jeunes éléments anarchistes accéder à des postes d’influence au sein de l’establishment (...), laissant derrière eux les boomers qui avaient un certain degré d’intégrité intellectuelle et de succès. Ces derniers, « les autres », constituaient l’exception par rapport aux types dépravés comme les Al Gore d’aujourd’hui.

C’est ainsi que des individus moralement et intellectuellement inférieurs, y compris certains parasites prédateurs, qui auraient dû rester aux rangs sociaux et politiques les plus bas de l’establishment, parvinrent à gravir les échelons.

La jalousie se traduisit par une imitation accrue de l’influence grandissante de ces types dégénérés. Apparemment, toute la couche socialement influente des fils de cols blancs nés entre 1945 et 1958, accepta en masse l’hégémonie de la direction représentée par le noyau dur anarchiste de leur (dé)génération.

Ainsi, l’avenir politique des Etats-Unis semble avoir été mis sens dessus-dessous. A l’exception des représentants relativement rares d’une véritable intelligentsia dans les rangs élevés de notre société, le potentiel de dirigeants honnêtes se trouve surtout chez les 80 % de la population qui gagnent le moins et dont les intérêts sont largement bafoués. Actuellement, leur influence, réelle ou potentielle, s’exerce surtout au niveau local et des Etats, plutôt qu’au niveau fédéral où la corruption financière est plus forte.

Seule une crise terrible, terrorisant les institutions nationales politiques et autres au point qu’elles abandonnent leur opportunisme vénal pour regarder en face la réalité, permettrait d’unifier les forces socio-politiques honnêtes de notre république. Elles pourraient alors se comporter en véritables patriotes américains, au lieu de rester les lèche-botte de l’empire britannique et de ses représentants tels que George Soros et l’ancien associé de Pinochet, Felix Rohatyn. [10]

Qu’est-ce que la créativité ? [11]

La distinction essentielle entre l’être humain et l’animal réside dans le potentiel de créativité de l’esprit humain, qualité absente de la vie animale. Aussi, pour comprendre quoi que ce soit d’important dans l’histoire des cultures, l’on doit prioritairement considérer deux sujets principaux. D’abord, la nature de la créativité, suivant la définition que je donne au sens physique de ce terme au cours de ce chapitre, et deuxièmement, la manière dont ce potentiel, unique à l’espèce humaine, est tantôt encouragé, tantôt découragé, voire apparemment détruit dans les différentes couches sociales de cultures et de sociétés.

Tout d’abord, conformément à la définition du terme « créativité » que j’ai déjà fournie dans de nombreuses publications [12] , l’utilisation compétente de ce terme doit être limitée aux actions de l’esprit humain individuel qui correspondent à un principe d’anti-entropie universel de la science physique, tel que le définit, par exemple, Albert Einstein dans son concept riemannien d’un univers physique fini, mais non limité (contrairement à Clausius, Grassmann et des dupes semblables).

Cette notion de créativité coïncide, systémiquement, avec un acte de créativité spécifiquement humaine réalisé par le cardinal Nicolas de Cues, à savoir sa découverte de l’erreur dans la quadrature du cercle (ou, implicitement, de l’ellipse) proposée par Archimède. Par la suite, la science européenne moderne se développa grâce aux disciples de Cues que furent Leonard de Vinci et Johannes Kepler, suivis de Fermat, Leibniz, Gauss, Riemann, du grand académicien V.I. Vernadski et d’Albert Einstein. Cues se fit l’écho du principe de créativité scientifique et socio-culturelle incarné, dans la science européenne antique, par les pythagoriciens, Platon et, plus tard, Eratosthène et Archimède. [13]

Comme je l’ai déjà indiqué ailleurs, la notion de « science physique », correctement comprise, ne peut être que le résultat du développement antérieur de la navigation guidée par les étoiles sur de longues distances, longtemps pratiquée par d’anciennes cultures maritimes. L’idée même d’une science universelle présuppose l’existence prouvée d’une notion expérimentale d’univers réel gouverné par des changements qualitatifs, progressifs et irréversibles. Un univers anti-entropique, dans le sens où Cues rejeta la quadrature du cercle, ou autrement dit, un univers gouverné par un principe d’anti-entropie universelle.

A cet égard, le problème auquel l’étudiant est souvent confronté, c’est que la notion de « science », encore aujourd’hui, est profondément associée au sophisme de présomptions a priori, de type euclidien ou comparable, telles les notions de définition, d’axiome et de postulat, ou encore le cas similaire de l’escroc réductionniste René Descartes. Puisque ces notions correspondent à un ordre digital, mathématique, la réalité d’un univers anti-entropique est brutalement exclue, à tort, de toute considération, dès le début de la formulation d’une hypothèse ou d’une preuve présumée. Ainsi, on exclut habituellement, à tort, l’univers réel, celui qui est anti-entropique, de la proposition expérimentale, avant même d’en considérer les mérites.

La prémisse indispensable de toute notion d’universalité scientifique fondée sur une base expérimentale dépend donc de cette découverte : le ciel stellaire subit non seulement des changements cycliques, mais aussi des changements paraissant irréversibles, et véritablement anti-entropiques, l’ensemble de l ’univers passant ainsi d’états d’organisation inférieurs à des états supérieurs. Pour être compétente, la science doit reconnaître ce principe anti-entropique qui sous-tend le pouvoir suprême déterminant l’organisation de l’univers.

Contrairement aux a priori sophistes, euclidiens et autres, les meilleures oeuvres de la science ancienne, celles de Thalès, Héraclite, des pythagoriciens et de Platon, sont marquées par le principe commun que l’on retrouvera beaucoup plus tard, chez Cues et ses disciples. Ce que le professeur de Carl Gauss, Abraham Kästner, a qualifié à juste titre de géométrie « anti-euclidienne » dont nous devons découvrir les racines dans les méthodes analogues (anti-digitales) des pythagoriciens, Cues, Kepler, Leibniz, Riemann, etc. [14] , repose sur ce principe commun de créativité gouvernant la méthode expérimentale. Dans une approche expérimentale compétente de la méthode scientifique, comme celle de Cues et de Kepler, ce principe s’exprime dans la notion d’infinitésimal ontologique.

Implicitement, on trouve un exemple type de cette méthode de science physique dans ce que je décris comme l’infinitésimal ontologique dans la découverte originale, par Leibniz, du calcul — méthode qu’il développa en réponse au défi « à l’adresse des mathématiciens futurs » lancé par Kepler. (...) Ce principe de l’infinitésimal ontologique sous-tend le calcul de Leibniz et reflète l’antique concept pythagoricien de la dynamique propre au quadrivium de la sphérique des pythagoriciens, qui sous-tend toute l’oeuvre de Platon.

Dans d’autres écrits, j’ai établi le lien entre la sphérique et le legs d’anciennes formes de cultures océaniques, celles dont les origines dans la navigation céleste doivent forcément remonter à la dernière grande glaciation continentale dans l’hémisphère nord. [15]

Cependant, en considérant l’histoire connue de l’humanité, notamment celle de la région allant de l’Asie occidentale vers l’ouest, et au-delà de l’Atlantique, des oeuvres comme le Prométhée d’Eschyle indiquent une onde longue pendant laquelle la grande majorité de l’humanité et de ses cultures dominantes vivait à l’état bestial. On peut en remonter la trace depuis l’époque où la Grèce antique sombra dans le sophisme jusqu’à aujourd’hui. A quelques rares exceptions près, l’humanité a surtout connu l’abrutissement intentionnel et systématique des masses, que ce soit dans les cultures généralement considérées comme anciennes, médiévales ou modernes. Eschyle présente ce fait fondamental de l’histoire : au fil des millénaires, dans toutes les cultures, les dirigeants eurent généralement recours à l’abêtissement de la population pour gouverner, à l’instar des malthusiens et de l’ancien vice-Président Al Gore, à l’instar du Zeus de l’Olympe dans la Trilogie de Prométhée, interdisant la transmission de la connaissance du principe de « feu » (ou de la fission nucléaire) aux masses soumises et abruties.

Dans la civilisation européenne moderne, soit depuis la fin du XVIe siècle, la promotion délibérée de la stupidité parmi les populations asservies, y compris chez bon nombre de scientifiques, a pris une forme relativement novatrice, sous la bannière de l’« empirisme », également surnommé libéralisme philosophique chez Paolo Sarpi et ses héritiers libéraux anglo-hollandais. L’attaque vicieuse contre Gottfried Leibniz après sa mort, lancée par des collaborateurs de pervers qui défendaient l’esclavage, comme John Locke et les cercles autour de Voltaire, dont l’escroc Isaac Newton, ainsi que les pratiques de de Moivre, D’Alembert, Leonhard Euler, Joseph Lagrange et leurs disciples, dont Laplace et Cauchy, promus depuis Londres, auxquels on pourrait ajouter des pervers ultérieurs, comme les positivistes Ernst Mach, Bertrand Russell, etc., ont entraîné l’abrutissement systémique de la faculté créatrice, jusque chez les classes les plus « cultivées », y compris dans les professions scientifiques.

Dans ces cercles du libéralisme philosophique moderne, qui se considèrent comme « cultivés », l’idée de créativité n’existe pas, et ne serait guère tolérée si on devait en prendre connaissance.
Il est particulièrement important, dans les conditions de dégénérescence morale manifestée par les éléments existentialistes de la génération (ou plutôt dé-génération ?) du baby boom, de considérer la dégénérescence spirituelle du libéralisme contemporain.

Ceci dit, j’attire à nouveau l’attention sur le sujet de mon récent essai, « Project Genesis ».

« Croire » n’est pas « savoir »

Comme je l’ai souligné dans ce texte, la distinction absolue entre l’homme et l’animal se reflète dans le fait que le fonctionnement présumé du cerveau animal ne nous permet pas de connaître la manière dont l’activité mentale créatrice humaine fonctionne effectivement dans l’écologie spécifiquement humaine de cultures successives accomplies. L’on cherchera en vain, dans ce qui passe pour être aujourd’hui l’« opinion académique communément admise », la reconnaissance de la manière dont les expressions de l’activité mentale créatrice de membres de l’espèce humaine constituent la caractéristique unique de l’écologie de notre espèce, celle qui distingue les hommes, en tant que membres de la noosphère, des bêtes, qui appartiennent à la biosphère. Certains philosophes libéraux peuvent prétendre, tant qu’ils voudront, être informés sur ce sujet, ce sont en réalité des sophistes qui répètent des « vérités évidentes », ou a priori.

Pourtant, les anciens comme les pythagoriciens et Platon, autant que les courants de la science européenne moderne découlant des découvertes du cardinal Nicolas de Cues, nous montrent clairement que la source des découvertes de principes physiques universels, dont dépend l’accroissement du potentiel de densité démographique relative de l’espèce humaine, réside précisément dans cet aspect de cette activité mentale créatrice humaine, dont l’aristotélisme ancien comme le libéralisme moderne nient l’existence.

La forme d’action qui distingue la société humaine de toute vie animale est de nature anti-entropique et représente donc un principe physique universel efficient, situé hors des limites du raisonnement déductif (c’est-à-dire « digital »).

Comme je l’ai souligné dans mon « Project Genesis », la connaissance humaine n’est pas basée sur les perceptions sensorielles (« matérialistes »). Notre système sensoriel est inné à l’individu biologique. Développer les concepts permettant d’interpréter cette expérience sensorielle est une autre affaire. Le développement de la science physique a suscité la mise au point d’appareils sensoriels artificiels, qui font que pour explorer le domaine subatomique ou l’univers astronomique, nous avons besoin d’inventer en laboratoire des appareils que l’esprit humain apprend à traiter comme s’il s’agissait d’une extension de l’utilisation ordinaire de ses sens. Ce que l’esprit comprend à l’aide de son appareil sensoriel inné, contrairement à l’animal, ne relève pas de la « certitude sensorielle » et ne ressemble pas aux suppositions a priori du sophisme euclidien. Il s’agit plutôt d’une intuition sur l’univers, sur le micro-espace, l’astro-espace et l’espace sensoriel réunis – le véritable univers, à la différence de ce qu’on appelle la certitude des sens, qui relève de la superstition bestiale.
C’est précisément dans cette expérience d’un univers qui inclut les sens, mais s’étend au-delà d’eux, que se situent les fonctions de l’esprit humain (et de la société) qui sont justement associées à la notion de principe physique universel, telle la découverte des principes de la science physique par Nicolas de Cues et son disciple Kepler.

Mon « Project Genesis » insiste sur le fait que l’univers réel est essentiellement anti-entropique, et ce fait suffit à démontrer que les notions habituelles concernant la preuve d’un principe sont plus ou moins incompétentes, sinon délibérément insensées ou frauduleuses, comme celles de Mach et de Russell. [16] Cela signifie que les véritables principes de l’univers ne sont ni des objets perçus par les sens, ni une dissimulation de ces objets. Substituer une simple description, sous forme d’une formule mathématique, à la connaissance de principes véritables, illustre bien la confusion scabreuse qui règne chez les mathématiciens réductionnistes. Comme le soulignait Einstein, un vrai principe est un principe de l’univers, non pas un objet au sein de cet univers : la découverte de la gravitation telle que Kepler la présente dans son Harmonie du Monde, découverte peu connue même des scientifiques, en est une bonne illustration. Un vrai principe universel est inhérent à l’univers, il renferme l’univers en soi, sans qu’aucune limite externe soit nécessaire, voire permise.

Ainsi, pour le monde des perceptions sensuelles, l’expression expérimentale d’un principe véritablement universel et identifiable, comme celui de la gravitation, n’est que l’« empreinte de pas » de ce principe. Les processus de l’activité mentale créatrice humaine reposant sur les perceptions sensorielles ne saisissent que son expression ontologiquement infinitésimale et expérimentalement démontrable, comme c’est le cas du récit de la découverte de la gravitation par Kepler dans son Harmonie. La suggestion selon laquelle l’infinitésimal de Leibniz ne représente que ce qui est « tout petit », au sens euclidien ou cartésien, comme une distance de plus en plus petite ou autre chose de semblable, est frauduleuse, comme l’est l’opinion en la matière de de Moivre, D’Alembert, Euler et Lagrange, ou encore Cauchy. Le « petit » de l’infinitésimal de Leibniz est l’expression infinitésimale illimitée – l’ombre — de l’action d’un principe physique universel « infini », (c’est-à-dire sans limite), comme le faisait valoir Einstein. Par conséquent, un infinitésimal ontologique.

Ainsi, la découverte, déjà connue par les marins de l’Antiquité, que l’univers étoilé n’évolue pas dans un cycle éternellement fixe, mais est organisé dans un processus auto-changeant d’auto-développement (anti-entropique), est le principe fondamental de toute notion compétente de l’universalité exprimée dans les cieux étoilés. C’est la notion de quels types de principes correspondent à cette universalité qui donne le sens de l’universalité ontologiquement réelle des vrais principes physiques.

L’idée d’« entropie universelle », telle qu’exprimée par Clausius, Grassmann, Kelvin, etc., n’est pas seulement un sophisme, c’est une fraude. Cette idée ne découle d’aucun élément probant, mais a été incorporée dans la formulation du thème de la discussion. [17]

Pour en tirer l’implication pédagogique la plus simple, la supposition axiomatique arbitraire d’un principe universel d’entropie est du même ordre que le postulat sur lequel repose l’édifice du mensonge malthusien, toujours en vigueur aujourd’hui, sous la houlette de ce cinglé de Charles, le prince de Galles, et de son laquais, l’ancien vice-Président Al Gore.

C’est l’anti-entropie des principes physiques universels qui exprime la créativité par laquelle les hommes et les femmes faits à l’image du Créateur, comme on le voit dans la Genèse 1, expriment cette ressemblance sous forme d’acte créateur. Ainsi, Philon d’Alexandrie, qui fut l’ami de l’apôtre Paul, exposa implicitement la fraude aristotélicienne de ceux qui assuraient que le Créateur lui-même était rendu impuissant par la légitimité permanente de sa Création ; c’est une vision sophiste de la légitimité qui délègue la gestion de l’univers au diable (et de là, aux fidèles héritiers du diable comme l’Empire romain de Tibère, de Capri, ou l’empire britannique de lord Shelburne).

Sociologie : le Zeus de l’Olympe

Il n’y a rien de « naturel » à ce que, dans la plupart des cultures, la majorité de la population soit réduite au rang de bétail humain, chargée de veiller au confort et au divertissement d’une oligarchie tyrannique, comme celle que voudrait imposer le Traité de Lisbonne. Dans tous les cas connus de sociétés où la majorité de la population est réduite à ce statut, la doctrine juridique imposée d’en haut est celle du monstre qu’Eschyle présente sous la forme du Zeus de l’Olympe, pratiquant le culte apollinien-dionysien (satanique) de Gaïa-Python à Delphes, ou encore celle du droit oligarchique de Lycurgue à Sparte, élaboré par les prêtres de ce culte satanique. [18]

Zeus, le Roi des Dieux, interdit aux hommes la connaissance

Le culte d’Apollon et de Dionysos reflète un principe, connu de l’Europe classique antique comme le « principe oligarchique », remarquablement illustré par la Tyr des temps anciens. Cette notion, telle qu’elle apparaît dans certains récits datant de la Grèce classique, incarne la tentative de fusionner les traditions oligarchiques terriennes d’Asie occidentale et les cultures oligarchiques maritimes relevant du mythe méditerranéen de l’« Olympe » décrit par Diodore de Sicile [19], dans lequel Platon, entre autres, situait l’origine océanique de la civilisation européenne.

L’émergence d’une civilisation spécifiquement européenne remonte, principalement, à l’interaction entre l’Egypte antique (c’est-à-dire le Nil, l’antique Cyrénaïque) [20] et le développement du littoral méditerranéen, afin de contrer les efforts des impérialistes qui dominaient alors la Méditerranée, depuis l’antique Tyr. L’Egypte, les Ioniens et les Etrusques organisèrent une résistance, un phénomène qui donna, depuis, naissance à une culture spécifiquement européenne.

Voilà le contexte de ce chapitre. Comment les puissances impériales méditerranéennes réussirent-elles, depuis l’époque d’Homère, à exercer un ascendant, incertain mais persistant, sur ce qui allait devenir la civilisation européenne ?

L’auto-destruction de la Grèce, à la faveur de la corruption sophiste qui mena à la guerre du Péloponnèse, ouvrit la voie à l’institution d’une forme de gouvernance impériale spécifiquement européenne. De même, la mort d’Alexandre le Grand ouvrit la porte à une forme d’impérialisme, expression du « modèle oligarchique ». Depuis l’émergence de l’Empire romain de César Auguste et de Tibère, à partir de l’île de Capri, jusqu’à l’Empire britannique contemporain, on retrouve là l’ennemi européen de l’humanité, à l’oeuvre sur toute la planète.

Comment fonctionne ce modèle

L’essence et la mission de ce « modèle oligarchique » correspondent précisément au principe essentiel présenté par Eschyle. Ce principe est le suivant.

L’objectif principal de l’empire est d’abrutir ses propres masses populaires et celles des autres nations. Pour y parvenir, on fait exactement ce qui a été fait aux Etats-Unis depuis l’entrée en fonctions du président Harry Truman [en 1945], ou encore lors de nombreuses tentatives antérieures. Par exemple, les efforts répétés de Londres au XIXe siècle pour imposer l’esclavage aux Etats-Unis, menés en grande partie par le biais de la monarchie espagnole dégénérée, devenue elle-même un instrument de l’empire britannique. Par l’oppression des masses d’esclaves et l’abrutissement d’une bonne partie du reste de la population, dans le cadre du système d’esclavage britannique, la destruction des Etats-Unis semblait bien entamée à partir de 1815, et ce jusqu’à leur victoire contre les Britanniques, sous la direction du président Abraham Lincoln.

Si nous abêtissons la majorité de notre population, ou si nous permettons à des puissances tierces, comme les Britanniques, de le faire à notre place, nul besoin de nous asservir, nous nous détruirons tous seuls. C’est ce qui arrive depuis l’assassinat du président John Kennedy, éliminé à cause de son engagement à faire revivre le legs de Franklin Roosevelt.

Depuis la mort de ce grand président Roosevelt, nous (ou du moins, un nombre important d’imbéciles recrutés dans nos rangs) assurons la ruine de notre pays. Le gouvernement Bush-Cheney et la direction du Congrès par une Nancy Pelosi obéissant aux directives fascistes (ou corporatistes) de Felix Rohatyn, en sont des exemples extrêmes. Il suffit, dans ces circonstances, de réduire nos citoyens à l’état de crétins, exploit que les différentes réformes scolaires et nos médias « populaires » ont accompli à merveille.

Dans le fond, la question est élémentaire. A savoir :

La distinction essentielle entre l’être humain et le grand singe réside dans le développement et l’exercice des pouvoirs intellectuels associés à l’ancienne culture pythagoricienne et platonicienne, puis au rétablissement de ce legs avec Nicolas de Cues, lors du Concile oecuménique de Florence. La science moderne dispose d’autres références illustres avec Dante Alighieri, Leonard de Vinci, Raphaël Sanzio, Shakespeare, Rembrandt, Kepler, Fermat, Leibniz, Moses Mendelssohn, Friedrich Schiller, les fondateurs de l’Ecole Polytechnique en France, et surtout, la fondation de la République fédérale des Etats-Unis comme contrepoids aux maux de la tradition oligarchique européenne.

Dans tous ces cas, comme en d’autres, le développement des qualités mentales associées à la science physique dans le droit fil des pythagoriciens et de Platon, est essentiel pour cultiver les pouvoirs spécifiques à l’espèce humaine.

Toutefois, cet avantage de la culture civilisée anti-oligarchique ne concerne pas seulement le développement des individus de telle ou telle société.

La véritable nature de l’homme

Comparons la nature de l’accroissement du potentiel de densité démographique relative d’une société humaine (lorsque cet heureux accroissement se produit), par tête et par unité de surface, avec la densité démographique relative potentielle, plutôt fixe, des formes de vie inférieures. Un fait devrait alors s’imposer à notre réflexion. Nous ne sommes pas seulement une espèce animale dotée de la faculté extraordinaire d’accroître, volontairement, sa densité démographique. Cette aptitude modifie aussi la qualité de chaque individu et, de surcroît, les relations systémiques entre membres de la société, de telle façon que non seulement nous améliorons l’espèce humaine, mais aussi la qualité spécifique des relations au sein de la société.

Ainsi, au lieu de situer la productivité au proverbial « site de production », on modifie qualitativement les relations de la production. Par exemple, nos besoins, en tant que membre productif de la société, changent tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

On en aura l’illustration la plus simple et la plus claire en considérant les effets du passage à des formes d’énergie plus performantes : du bois au charbon de bois, puis au charbon, au pétrole et à la fission nucléaire. En même temps, la relation de l’individu avec la société change, en ce qui concerne presque tous les aspects de son activité en tant qu’individu et acteur social.

La seule centrale nucléaire du continent africain, à Melkbos, Afrique du Sud

Le passage à une source d’énergie de densité de flux énergétique plus élevée, par tête et par kilomètre carré, se traduit par un changement qualitatif des conditions de nos activités essentielles et de notre existence. Par là même, nous sommes obligés d’évoluer de façon à répondre aux nouvelles conditions que ces changements exigent de nous et de nos relations dans la société.

Du fait que notre espèce n’est pas limitée à un potentiel de densité démographique relative fixe, nous sommes capables et obligés de changer notre environnement, à la fois pour faire face aux contraintes découlant de l’épuisement de certaines ressources habituelles et pour maîtriser des ressources plus puissantes. Nous sommes contraints de changer la biosphère pour surmonter les effets de cet épuisement, mais aussi pour redéfinir l’environnement nécessaire.

Ces changements nécessaires, et optionnels, aboutissent toujours à un développement anti-entropique de l’environnement que nous devons créer, en remplacement de celui existant.

Cela entraîne aussi un changement plus significatif. Dans la mesure où notre progrès implique le développement de principes physiques universels nouvellement rencontrés, notre relation à l’univers, en tant qu’espèce, change fondamentalement. Au lieu de nous adapter à des changements limités par des considérations de principe fixes, nous changeons notre univers de telle sorte qu’il dépende de principes physiques universels nouvellement adoptés, ou nouvellement créés. Nous nous lançons ainsi dans des changements à long terme de l’univers dans lequel nous vivons.

Le changement le plus important que nous devons nous imposer en tant qu’espèce, consiste à redéfinir l’univers en fonction de notre découverte de nouveaux principes physiques universels et de leur application. Telle est la distinction fonctionnelle essentielle, de principe, entre noosphère et biosphère. Nous ne sommes pas des créatures de la biosphère, nous sommes des créatures qui changent non seulement la biosphère, mais aussi la noosphère.

Pour ceux qui acceptent les croyances associées à l’empirisme moderne, comme celles de D’Alembert, Euler et Lagrange, qui rejetèrent la découverte de l’infinitésimal ontologique par Leibniz, dans son calcul, l’univers réel, tel que je le décris ici, n’existe pas comme option viable. Voilà la principale tragédie qu’ils porteront en eux, aussi longtemps qu’ils resteront empiristes ou souffriront d’une affliction similaire.

Pourtant, il existe un revers à la médaille : si nous acceptons cette description en pratique, alors il n’y a plus aucune limitation à l’auto-développement de l’humanité. Il n’est plus interdit au Créateur d’améliorer le sort de sa Création. Au contraire, tout comme l’homme et la femme sont définis dans la Genèse 1, sa raison d’être est de fournir de telles améliorations. Le ciel n’est pas un endroit où prendre sa retraite, après le travail, mais c’est là où le travail continue activement. Le Créateur de cet univers, qui n’aime pas être dérangé par les avis opiniâtres de sots, n’accepterait pas qu’il en soit autrement.

Le véhicule que nous habitons provisoirement, le corps qui sert à transporter l’âme que nous sommes et serons, est mortel. Cependant, il existe évidemment un domaine supérieur, dans lequel les relations temporelles, telles qu’on les définit habituellement, sont surpassées par ce qu’on pourrait décrire comme un domaine absolument non-linéaire d’action de l’espace-temps physique. Là, dans ce domaine de l’action, le domaine de la mission qui nous est personnellement impartie, nous pouvons trouver notre véritable moi immortel, ainsi que notre bonheur, dans le sens où Leibniz définissait la « recherche du bonheur », pour tenter d’édifier l’esprit borné de ce misérable esclavagiste qu’était John Locke.

Cette notion du bonheur que Leibniz transmit aux auteurs de la Déclaration d’Indépendance et, implicitement, à tout le code légal contenu dans le Préambule de la Constitution des Etats-Unis, exprime le but véritablement immortel de la mission, dûment acceptée, de notre existence mortelle. Il existe une grande perversion, aujourd’hui répandue chez nos hommes politiques et nos citoyens, qui leur donne l’illusion lamentable que les buts et l’expérience de l’identité individuelle sont limités à ce qu’on peut consommer durant notre existence mortelle.

Compte tenu que nous risquons de mourir demain, quel est le but de notre existence s’il se limite aux conditions temporelles de notre mortalité ? Le plus grand accomplissement dont puisse se réjouir un être humain digne de ce nom est le bien qu’il contribue à faire, mais qui se répercute longtemps après la fin de son existence mortelle.

C’est dans une vie consacrée à l’accomplissement d’une mission immortelle que réside le véritable intérêt personnel de tout être vraiment humain.

Cessons donc d’être dupes. Faute de situer son identité dans la distinction entre l’être humain et la bête, on risque de mener une vie qui aura été inutile, parce qu’elle n’aura aucune justification dans l’avenir. Il est temps que les citoyens de notre République, et des autres nations, mûrissent, en comprenant ce qu’est la véritable immortalité.


[1Executive Intelligence Review, le 12 avril 2008 (en anglais ici).

[2Bien avant l’établissement formel de l’empire de la monarchie britannique, la Compagnie britannique des Indes orientales déployait ses propres armées privées dans les colonies, menant des guerres dans les territoires au-delà.

[3Theodore Roosevelt était le neveu de James Bulloch, qui avait non seulement défendu les intérêts britanniques en soutenant la Confédération sudiste contre les Etats-Unis, mais avait personnellement endoctriné son neveu sur le plan politique. De même, Woodrow Wilson était membre d’une famille liée de longue date au Ku Klux Klan, organisation raciste qu’il relança à partir de l’édifice que Theodore Roosevelt avait rebaptisé « Maison Blanche ».

[4La chanson « Sixteen Tons », rendue populaire par Tennessee Ernie Ford, fait allusion à une mine de charbon appartenant à la famille de Gore, devenue célèbre en raison des mauvaises conditions de travail des mineurs.
On peut dire, comme je l’ai souvent fait dans mes écrits et discours depuis un demi-siècle, que le concept stratégique essentiel permettant de comprendre l’histoire comme un processus est celui contenu dans le Prométhée enchaîné, deuxième partie de la grande trilogie d’Eschyle. Là, nous sommes confrontés à la question brûlante fondamentale de la crise actuelle.

[5Des formes « classiques », contrairement aux formes « populaires » d’art plastique et non plastique qui se sont imposées après la Deuxième Guerre mondiale sous l’influence du Congrès pour la liberté de la culture et de l’Ecole de Francfort d’Adorno, Arendt, etc., qui lui était liée.

[6EIR, 14 mars 2008 (en anglais ici).

[7EIR, 11 avril 2008.

[8Au cours des périodes successives correspondant à mon enfance, mon adolescence et mon entrée dans l’âge adulte en temps de guerre, sous la présidence de Roosevelt, j’ai eu à connaître, plus ou moins consciemment, la décadence des années 1920, puis un regain de confiance parmi les gens de ma génération et celles plus âgées, suivie par la guerre, puis le déclin de la morale populaire depuis le débarquement en Normandie jusqu’à la mort de Franklin Roosevelt, suivie de la dépravation qui se répandit sous le président Harry Truman, un admirateur de Churchill. C’est l’identification d’une succession de changements qualitatifs comme ceux-là qui amène toute personne sensible à ces basculements d’humeur, à reconnaître qu’aucune de ces phases ne représente la véritable nature de l’humanité, mais que l’expérience de ces changements nous aide à prendre conscience de la vérité qui les sous-tend, du processus qui sous-tend ce qui a changé, par phases successives.

[9J’identifiai pour la première fois les caractéristiques de cette génération du baby boom en juin 1968, alors que je donnais une conférence à la Columbia University. Mon rapport, publié et diffusé ultérieurement sous forme de brochure, s’intitulait « Nouvelle gauche, contrôle local et fascisme ». J’y comparais les circonstances d’une deuxième grève d’étudiants de cette université à la célèbre grève des tramways à Berlin, en 1932, où jeunes communistes et nazis changeaient souvent de bord. Comme les mouvements fascistes de l’histoire, de tels mouvements de jeunes et leurs suites sont en grande partie redevables à la dernière création de lord Palmerston, le mouvement intrinsèquement anarchiste des « quarante-huitards » de Bakounine, Richard Wagner, etc. Leur hostilité au progrès technologique rappelle l’étrange phénomène des Flagellants, durant l’âge des ténèbres en Europe, au XIVe siècle. Les passions des soixante-huitards, qui rejetaient la vie d’agriculteur et d’ouvrier autant que la science, sont typiques de ce courant essentiellement sophiste des « classes moyennes » de l’histoire européenne.

[10En réalité, la campagne de la sénatrice Hillary Clinton pour la présidence des Etats-Unis a pour seul adversaire sérieux l’empire britannique, qui contrôle ses adversaires nominaux (des « tories américains »), véritables fantoches de cet empire étranger, principal ennemi historique de notre République.

[11Note à certains lecteurs. Il y a une bonne part de redite dans ce chapitre, par rapport à mes écrits antérieurs. Elle est cependant nécessaire pour les lecteurs qui n’y ont pas encore eu accès.

[12The Doomed & Brutish Empire et Project Genesis, op. Cit.
Cette notion sera plus facilement expliquée aux membres de la société moderne si le sujet est limité à ce qu’on appelle la « science physique ». Toutefois, le même principe s’applique, quoique dans un mode un peu différent, aux formes de composition artistique strictement classiques, comme l’illustrent les cas de Jean-Sébastien Bach et de ses fidèles disciples, dans le domaine de la musique.

[13Archimède mourut autour de 200 av-JC, suite au triomphe romain dans la Deuxième guerre punique. La science ne disparut pas avec Eratosthène et Archimède, mais elle fut presque détruite par le sophisme dégénéré de Claude Ptolémée, entre autres. Elle renaquit, en principe, avec l’oeuvre de Nicolas de Cues, le fondateur d’une forme moderne de science universelle, et avec les contributions exemplaires de Brunelleschi.

[14Lettre de Gauss à Farkas Bolyai, le 6 mars 1832. Lettre de Gauss à C. Gerling, le 14 février, 1832.

[15Celle ayant précédé la prochaine glaciation qui s’annonce déjà, contrairement à ce que prétendent les imposteurs néo-malthusiens propageant le culte du « réchauffement climatique ».

[16Trait typique de Russell, il utilisait le terme « empiriste radical » là où les positivistes continentaux disaient positiviste, tout en reconnaissant que les deux termes signifiaient la même chose.

[17Comme le montre la célèbre présentation d’Al Gore, le point essentiel sur lequel repose son argument dans cette démonstration constitue une fraude éhontée dans la mesure où, en présentant le lien causal entre l’augmentation du gaz carbonique et la fonte de la glace, il inverse la réalité. Il pose tout simplement comme établie la conclusion à laquelle il veut parvenir. Cependant, comme pour Malthus, la fraude de Gore reflète la tâche que ses maîtres royaux britanniques lui ont assignée : il ment pour leur obéir, en bon chien qui remue la queue et aboie sur ordre.

[18Relisez l’épisode de malice diabolique présentée dans l’Iliade de Homère. Lisez aussi, dans ce contexte, l’essai de Friedrich Schiller sur le conflit entre Solon et Lycurgue.

[19On ne doit pas négliger le fait que pendant plus de cent mille ans, le nord du continent eurasiatique était en grande partie recouvert d’une couche de glace qui se déplaçait, tout en persistant. Durant cette période glaciaire, les formes heureuses de culture humaine apparurent surtout au sein des cultures scientifiquement supérieures, utilisant l’astronomie pour la navigation maritime au long cours, sur les océans, à la différence de celles, moins développées, implantées dans l’arrière-pays. A force de suivre les configurations des planètes et des étoiles en évolution, pour les besoins de la navigation, les racines d’une culture scientifique se développèrent parmi ces cultures maritimes.
Certaines de ces cultures tendirent alors à dégénérer en système oligarchique, comme l’indiquent les récits de Diodore et d’autres, favorisant l’émergence de tyrannies. C’est ainsi que certaines cultures plus scientifiques, rencontrées sur l’antique littoral méditerranéen, maintinrent dans la soumission les vestiges de sociétés implantées à l’intérieur des terres, moins évoluées culturellement. Nous faisons ici référence au cas européen, qui est connu, contrairement à d’éventuelles formes de société oligarchique ayant existé à l’Est. En tout cas, suite aux ravages de la guerre du Péloponnèse, la fusion des deux modèles de tyrannies oligarchiques, l’européen et l’asiatique, fut envisagée.

[20Les premières suppositions de Thor Heyerdahl concernant la technologie égyptienne ne tiennent pas. Les principales cultures de la région méditerranéenne, et au-delà, étaient des cultures maritimes, qui s’installèrent sur différents sites côtiers accueillants, puis remontèrent souvent les grands fleuves pour s’y installer. La grande Pyramide de Gizeh, par exemple, n’est pas l’oeuvre de « terriens ». Avant le développement de réseaux de chemins de fer transcontinental au cours du XIXe siècle, ce sont les cultures les plus avancées, les cultures maritimes où l’astronomie jouait un grand rôle, qui donnèrent les courants culturels dominants.
Les principaux empires européens — tels l’antique Tyr réputée pour sa tyrannie, les empires grec et romain et les disciples libéraux anglo-hollandais de Paolo Sarpi — reposaient sur le pouvoir conféré par l’avantage relatif d’une culture maritime sur une société terrienne. Le développement extensif des voies fluviales à l’époque de Charlemagne, représentant un immense défi à la tyrannie byzantine de l’époque, anticipa en quelque sorte l’exploit sans précédent de la construction du chemin de fer transcontinental aux Etats-Unis. La haine des libéraux anglo-hollandais envers le chemin de fer transcontinental qui menaçait leur pouvoir impérial maritime, poussa l’Empire britannique à organiser deux guerres mondiales. Les libéraux anglo-hollandais et leurs alliés félons aux Etats-Unis, ceux qui détestaient Lincoln et Franklin Roosevelt, lancèrent deux guerres mondiales géopolitiques et impériales, ainsi que la « guerre froide », puis la campagne actuelle en faveur d’une nouvelle forme de tyrannie impériale mondiale baptisée « mondialisation », avec la destruction systématique de l’économie américaine, et même des Etats-Unis.