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Le débat fait rage (en coulisse) sur LaRouche et le vrai Nouveau Bretton Woods

jeudi 18 septembre 2008

18 septembre 2008 (Nouvelle Solidarité) – Depuis l’appel en faveur d’un Nouveau Bretton Woods adopté très officiellement par François Hollande lors de l’Université d’été du Parti socialiste à La Rochelle, il est clair qu’un vaste débat fait rage (en coulisse) sur les idées et le rôle de Lyndon LaRouche et Jacques Cheminade.

Car personne n’ignore qu’en France, c’est Cheminade et son parti Solidarité Progrès qui ont mis ce sujet au centre de tous les débats. Depuis la présidentielle de 1995, à chaque élection significative, la candidature de Cheminade et de ses alliés, a alerté l’opinion publique sur la menace de crise systémique et la solution pour y remédier. Jour après jour, des militants de S & P interpellent élus et citoyens pour que ce sujet spécifique soit pris à coeur.

Le 17 septembre, ni Le Monde ni Le Progrès de Lyon n’ont résisté à l’idée de publier une photo de l’agence Reuter montrant le Palais Brongniart —bâtiment symbolique de la bourse de Paris— avec la partie supérieure d’un calicot de S & P avec « La faillite de…, » sans pour autant écrire une seule ligne sur notre démarche.

Au sein du PS, le sujet du Nouveau Bretton Woods fait également grand bruit. D’emblée, pour noyer le poisson, certains n’ont pas hésité à lancer la rumeur que Cheminade n’a fait que « copier » le projet de Michel Rocard…

Plus prometteur est le fait qu’un numéro spécial de l’Hebdo des Socialistes (N°499, 13 septembre 2008), « L’Etat de la France, Etat d’urgence », comprend un encadré présentant la proposition d’Hollande. Sous le titre, « Contre le désordre du capitalisme financier », il indique les principales pistes vers des solutions :

« —Organisation d’une conférence financière : nouveau Bretton Woods permettant la stabilité des parités euro/dollar, la coordination des politiques monétaires et la régulation du système financier.

Bien que sans rompre le cadenas qui emprisonne l’UE avec la logique infernale de Maastricht et le pacte de stabilité, le PS préconise le « renforcement des institutions financières multilatérales pour leur permettre, avec la Banque centrale, de contrôler le système bancaire et de le punir, sinon la spéculation trouvera toujours sa récompense. »

Il est, par ailleurs, à regretter que Jacques Cossart, Jean-Marie Harribey et Dominique Plihon, trois membres du conseil scientifique d’ATTAC aient signé un texte défendant le même « faux Bretton Woods » qu’avancent Lionel Jospin et François Morin dans un article publié le 5 septembre dans Le Monde.

Les éminences grises d’ATTAC, après un exposé sur la débâcle du système financier mondialisé, arrivent à la conclusion qu’un « Nouveau Bretton Woods est donc indispensable. Mais pas n’importe lequel. N’oublions pas que la principale proposition formulée en 1944 fut rejetée : la monnaie mondiale et l’Union de compensation envisagées par Keynes ne virent jamais le jour pour laisser le champ libre au dollar et à l’hégémonie américaine… »

L’anti-américanisme primaire d’ATTAC risque malheureusement de la conduire à se jeter dans les bras du pire courant britannique, celui des apôtres d’un gouvernement mondial, remis au goût du jour par l’économiste Robert Mundell, « père de l’euro ». Mundell, en effet, a toujours considéré la création de l’euro, comme n’étant rien d’autre que le premier pas vers une monnaie mondiale, le fameux bancor de Lord John Maynard Keynes, qu’il a rebaptisé le dey (dollar-euro-yen).

Cette nouvelle déclaration d’ATTAC, d’une tonalité très british, se distingue de celle du 19 mai 2008, quand l’organisation altermondialiste estimait qu’un renforcement de la régulation nationale était indispensable pour mettre un terme à la finance folle.

Des esprits peu respectueux pourraient en déduire que si même au sein d’ATTAC un débat éclate, c’est que la crise mondiale est vraiment très grave…

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