Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Économie

lundi 8 septembre 2008, par Jacques Cheminade

Par Jacques Cheminade

Alors que le système financier et monétaire international se désintègre sous nos yeux et que la guerre menace, la seule voie pour redresser l’économie et refonder la paix internationale consiste à entreprendre une politique de développement mutuel. Face à cette ardente obligation, tout autre choix revient à changer la disposition des chaises sur le pont du Titanic

La principale difficulté est que personne, après quarante ans de « dérégulation » et d’émission de capital fictif, ne comprend ce qu’est une économie physique produisant pour l’homme. Et moins encore au sommet de l’Etat. Deux exemples, hélas, sont révélateurs de cette carence fondamentale.

Le premier est la mise sous tutelle publique des deux géants américains de la finance, Fannie Mae et Freddie Mac. L’Etat garantira les 5400 milliards d’obligations qu’ils ont émis, correspondant à près de la moitié des prêts immobiliers résidentiels aux Etats-Unis. Ces deux établissements ont pour métier de racheter aux banques des prêts hypothécaires qu’elles ont consentis aux particuliers, de les regrouper, puis de redistribuer ces créances sous forme d’obligations. Depuis l’éclatement de la crise, les défauts de paiement se sont multipliés et Fannie Mae et Freddie Mac ont épuisé leurs réserves. D’où l’intervention de l’Etat pour les renflouer. Cela paraît logique. En fait, c’est une mesure désastreuse, incompétente et qui équivaut à une trahison du principe de « general welfare » (intérêt général) inscrit dans la Constitution américaine. Pourquoi ? Parce que Fannie Mae a été créé en 1938 par Roosevelt afin de financer des logements grâce au rachat des créances hypothécaires aux banques, qui se trouvaient alors sous contrôle et finançaient l’économie réelle. Le système fonctionnait donc en faveur de l’intérêt général. Aujourd’hui, avec l’argent que leur ont procuré Fannie Mae et Freddie Mac, les banques ont spéculé sur les marchés de produits financiers dérivés, et ces spéculations ont été réalisées contre l’intérêt général. En fait ce ne sont pas Fannie Mae et Freddie Mac, utilisés comme relais, qui sont en crise, mais tout le système bancaire américain et étranger, car les banques du monde entier ont trempé dans ces opérations. C’est donc le contribuable qui renflouera les banques et les fonds d’investissement, à travers le « sauvetage » des deux géants, dont les actionnaires directs seront ruinés par la dilution du capital ! Une immense escroquerie est ainsi parrainée par l’Etat, contre sa propre Constitution. Lyndon LaRouche l’a dénoncée, mais Barack Obama et John McCain y voient hypocritement un mal nécessaire.

En Europe, le système espagnol, directement calqué de l’ordre anglo-saxon, est en crise. Les banques espagnoles, qui ont spéculé à tout va, dans leur pays comme dans le monde, sont en faillite virtuelle. Qui les sauve ? La Banque centrale européenne ! Celle-ci, en effet, a procuré aux banques (à toutes, mais surtout aux espagnoles) un « concours » en bonne monnaie contre la remise de leurs effets toxiques. Contre l’intérêt général, contre l’économie physique et contre la paix mondiale, car celle-ci ne peut être basée que sur un système finançant l’équipement à long terme, ce que la Réserve fédérale et le Trésor public américains, ainsi que la BCE, refusent de faire, prétendant qu’« il n’y a pas d’argent ».

C’est dans ce système bancaire en faillite que les dirigeants socialistes veulent insérer le Nouveau Bretton Woods et Nicolas Dupont-Aignan « l’autre Europe », en ne relevant pas le défi fondamental. Au contraire, mobilisons-nous pour refonder l’économie sur le crédit pour le développement et l’équipement. La création humaine, non le profit financier, est à la base de tout. Cela s’appelle l’intérêt général.