En défense d’Alexander Hamilton

mardi 2 septembre 2008, par Lyndon LaRouche

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Ce texte fut initialement publié dans Nouvelle Solidarité, le 14 septembre 1987. Lyndon LaRouche était alors en campagne pour l’investiture démocrate.

Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor de la République américaine et Inspecteur général de ses forces armées, semble aujourd’hui un géant, et nos dirigeants politiques contemporains des Lilliputiens en comparaison.

Quand Hamilton fut nommé secrétaire au Trésor, l’endettement et l’économie des Etats-Unis se trouvaient dans un état lamentable, non sans rappeler à bien des égards, le désastre économique que nous vivons aujourd’hui. Grâce au programme de redressement de Hamilton, notre crédit national fut restauré ; notre système bancaire devint le plus solide du monde, et une croissance prospère s’installa dans presque tout le pays.

Les politiques bancaires, économiques et de crédit qu’Hamilton définit dans ses célèbres Rapports au Congrès, ont été admirées et enviées sur le plan mondial sous le nom du « Système américain d’économie politique ».

Pendant les gouvernements de Thomas Jefferson et de James Madison ; le secrétaire au Trésor Gallatin démantela le Système américain et introduisit à la place les dogmes de libre échange d’Adam Smith. Le résultat de ce changement fut désastreux. Ensuite sous les présidents James Monroe et John Quincy Adams, les idées destructrices d’Adam Smith furent rejetées et le Système américain de Hamilton rétabli. Le crédit national, les opérations bancaires, et l’économie furent sauvés.

Les présidents Jackson et van Buren détruisirent le Système américain pour réintroduire les politiques ruineuses d’Adam Smith. La politique de Jackson mena à la terrible Panique de 1837.

Personnellement, j’ai connu une expérience semblable dans ma vie. La mise en pratique des idées d’Adam Smith par les présidents Coolidge et Hoover dans les années 1920 plongea le monde dans une Grande dépression. La plupart des Américains souffrirent beaucoup jusqu’en 1938, quand le président Franklin Roosevelt fit les premiers pas pour nous préparer à la guerre contre Hitler, guerre qu’il savait déjà être inévitable.

On dit souvent aujourd’hui que c’était grâce aux dépenses militaires que les Etats-Unis sortirent de la dépression. J’étais là, et je vis, comme beaucoup de gens de ma génération, exactement comment la reprise économique de 1940-1942 était organisée. Ce n’est pas la guerre qui provoqua la reprise économique. Le président Roosevelt créa la reprise économique afin de hausser la production de nos fermes et de nos industries aux niveaux requis par la mobilisation de guerre. Ce n’est pas la guerre qui provoqua la reprise économique ; c’est la reprise économique qui nous permit - à nous et à nos alliés - de gagner la guerre.

Nous aurions pu avoir une reprise économique encore meilleure si nous n’avions pas été obligés de la faire dans les conditions inflationnistes et coûteuses de la guerre. Malgré les coûts inflationnistes d’une guerre générale, la reprise américaine de 1940-1943 fut l’une des plus belles réussites de l’histoire économique du monde. Toute la prospérité dont nous avons bénéficié pendant une vingtaine d’années après la guerre fut le résultat de la capacité agricole et industrielle que nous avions mise en place dès 1943.

Ces vingt dernières années, sous cinq présidents successifs, notre économie a suivi la pente descendante. Aujourd’hui, pour la plupart de nos familles, de nos exploitations agricoles et de nos industries, la situation est aussi mauvaise, voire pire, que celle du milieu des années 1930. Des financiers internationaux nous avertissent que nous approchons du bord du plus grand krach financier de l’histoire.

Le moment est venu de mettre au rancart la désastreuse politique de « libre échange » d’Adam Smith, et de retourner à ce que Alexander Hamilton fut le premier à nommer « le système américain d’économie politique », C’est ce que j’entends faire si je suis le prochain président des Etats-Unis.

Aujourd’hui, les analystes politiques sont de plus en plus nombreux à signaler que le thème du sida va beaucoup renforcer ma candidature présidentielle. Lorsqu’on demande à certains de ces analystes ce que pourrait être l’effet additionnel d’un krach financier dans les mois à venir, ils roulent les yeux vers le ciel comme s’ils allaient s’évanouir. Pour toute réponse, ils disent : « Espérons que le krach pourra être reporté jusqu’après les élections de 1988. »

Pour des raisons techniques, le moment exact du krach ne pourrait être prédit que par un gouvernement ou un puissant groupement d’intérêts financiers qui aurait déjà décidé du jour où il comptait « laisser s’effondrer le système ». A moins d’avoir des informations de ce type, il est impossible de prédire mathématiquement le moment d’un krach financier. Cependant, la baudruche financière internationale est tellement distendue qu’elle pourrait éclater à tout moment. Dans ces conditions, toute perturbation significative pourrait déclencher un effondrement en chaîne des marchés. Quiconque imagine qu’on pourrait le reporter jusqu’après le discours d’adieu du président Reagan en janvier 1989, sans le genre de changements urgents que j’ai proposés, prend ses rêves pour la réalité.

Par conséquent, tout Américain qui pense au delà des quelques mois à venir, devrait se préoccuper de connaître ma philosophie économique et mes propositions pour un plan d’action.

Mes politiques ont fait l’objet de nombreuses publications, dont un rapport spécial que je présentai à l’administration Reagan en août 1982, suivi d’un rapport complémentaire un an plus tard. Etant donné les habitudes de lecture de la plupart de mes compatriotes, il est indispensable que je résume ce sujet dans une série d’articles plus courts.

Dans cet article, je me concentre sur ce qui pourrait être la première question qui vient à l’esprit du citoyen intéressé ; Quel est le noyau de ma philosophie économique ?

De profession, je suis avant tout économiste et, d’un point de vue scientifique, un très bon économiste. Tous mes travaux dans ce domaine se situent dans le cadre politique du Système américain, comme le définirent Benjamin Franklin, Hamilton, les deux Carey, et Friedrich List.

Dans ce contexte, j’ai ajouté une importante découverte. Ma découverte, connue aujourd’hui dans le monde sous le nom de méthode LaRouche-Riemann, n’annule rien de ce qu’avait proposé Hamilton dans son célèbre « Rapport au sujet des manufactures » en 1791, mais renforce considérablement la politique de Hamilton.

On peut lire dans ce Rapport l’extrait suivant :

Chérir et stimuler l’activité de l’esprit humain, en multipliant les objets d’entreprise, n’est pas le moindre des moyens par lesquels la richesse d’une nation puisse être promue.

Le lien entre les inventions de l’esprit et l’accroissement des pouvoirs producteurs physiques de la force de travail constitue le noyau du Système américain. Ce que j’ai accompli est de démontrer la possibilité de prévoir mathématiquement les taux d’accélération de la croissance économique physique qu’engendre l’emploi efficace de la production mentale d’une nouvelle technologie de type spécifique. Sur cette base, j’ai pu fournir une nouvelle preuve scientifique, plus solide, démontrant pourquoi le système américain d’Hamilton permet une économie de croissance, qui exclue la possibilité de dépression, et pourquoi la doctrine d’Adam Smith porte toujours une nation vers de nouveaux désastres.

La plus grosse partie du raisonnement qui suit est du domaine que la plupart des lecteurs appelleront probablement le « bon sens commun ». Une partie en est quelque peu technique, bien que je puisse la décrire en termes qui ne requièrent aucune éducation mathématique au delà du baccalauréat. Je ne m’excuse pas d’aborder ces thèmes techniques. Contrairement à ce que semble croire le président Ronald Reagan, l’économie est une science, que seuls des incompétents aborderaient avec de simples slogans faciles.

A la fin de cet article, le lecteur reconnaîtra l’importance pratique des questions techniques que j’introduis dans le paragraphe suivant.

Le cœur de ma thèse

L’erreur que commet la majorité des économistes modernes et des hauts fonctionnaires de notre gouvernement en économie, est que ces messieurs ne savent simplement pas ce qu’il faudrait mesurer.

Certaines choses dans notre économie ont connu une croissance, d’autres pas du tout, tels que l’agriculture, l’industrie, la stabilité des banques et le niveau de vie moyen des foyers familiaux. Tout ce qui plaît à l’administration Reagan est mesuré ; ce qui ne lui plaît pas ne l’est pas du tout, ou alors est mesuré d’une façon incompétente. En conséquence, tandis que l’économie s’est écroulée, l’administration a parlé de « croissance économique ».

Hoover promit une « poule dans chaque marmite », mais ignora la question : combien d’Américains pourraient se permettre de s’acheter une marmite ?

Qu’est-ce donc que nous devons mesurer ? Je résume les traits les plus fondamentaux du problème.

Les anthropologues modernes insistent que la première forme moderne de société était, selon leur terminologie, une « société de chasse et de cueillette », où l’existence de l’humanité dépendait de la pêche, la chasse d’animaux ou la cueillette de fruits et de légumes sauvages. Supposons, pour mener notre raisonnement, que ces anthropologues étaient dans le vrai. Examinons cette société avec les yeux de l’économiste.

Une moyenne de dix kilomètres carrés de la superficie de la Terre aurait été approximativement nécessaire pour fournir l’alimentation d’un individu dans cette société. Cela voudrait dire que la population humaine, au niveau mondial, n’aurait pu excéder les dix millions d’individus. Cela devait être une existence vraiment misérable. L’espérance de vie moyenne devait être en dessous des vingt ans d’âge et le niveau culturel rustre.

Sur les deux mille dernières années et plus, nous avons une bonne connaissance dés densités démographiques et des technologies employées dans de grandes parties du monde. Notre connaissance devint plus précise depuis le grand recensement ordonné par Charlemagne, en particulier en Europe occidentale, où les statistiques des églises sont très utiles, nous permettant d’estimer les densités démographiques par zone avec une précision considérable. Depuis le quinzième siècle, la qualité de nos données est extrêmement sûre pour estimer les taux de changement dans les densités démographiques.

Pour notre sujet ici, il n’est pas nécessaire que j’entre dans les détails des méthodes employées pour estimer la population et de recouper ces estimations. Ce que je mets en évidence va de soi ; une très importante différence entre le comportement humain et celui des animaux, selon l’optique de l’économiste.

Aujourd’hui, il y a plus de cinq milliards de personnes. Même avec les technologies existantes, comme le cas de la Belgique le confirme, nous pouvons sustenter plus de trois fois le nombre actuel d’individus à un niveau de vie comparable à celui existant durant les jours heureux du début des années soixante-dix en Europe occidentale et aux Etats-Unis. En d’autres termes « depuis la société de chasse et cueillette », nous avons accru le potentiel démographique de l’humanité d’environ 1000 fois. Nous avons aussi quadruplé le potentiel d’espérance de vie. Si nous mesurons les revenus en kilocalories consommées, nous sommes arrivés à un potentiel de niveau de vie de bien plus de 1000 fois supérieure.

En mathématiques, il est convenu d’appeler une croissance d’un facteur dix une croissance d’un ordre de grandeur : Grâce au progrès technologique, l’humanité a augmenté son potentiel de près de trois ordres de grandeur. L’espèce animale la plus intelligente ne pourrait même pas accroître son potentiel de densité démographique d’une fraction significative d’un ordre de grandeur.

Du point de vue de l’économiste, ce qui, dans l’existence humaine nous place au dessus des animaux, est que nous sommes capables d’effectuer des progrès successifs dans ce que nous appelons la connaissance scientifique et technologique, et que nous sommes aptes à nous transmettre cette connaissance les uns aux autres de manière à élever le niveau de vie de la personne moyenne, tout en augmentant aussi la taille potentielle de la population humaine sustentée à ce niveau amélioré. Aucune intelligence animale ne peut générer ou transmettre le progrès scientifique et technologique.

Le fait le plus important dans l’histoire économique est le pouvoir qu’a la société d’accroître la productivité en générant le progrès technologique et en assimilant ces progrès technologiques dans la pratique quotidienne de l’ensemble de la société.

Posons une sorte d’équation très grossière, qui exprime ce que nous venons justement d’exposer :

y = F (x)

où y représente un taux de croissance de la productivité, et x représente un taux de croissance du progrès technologique. F(x) représente une fonction exprimée en termes de taux de croissance du’ progrès technologique. Est-il possible d’élaborer une fonction mathématique de la forme voulue ? La recherche d’une telle fonction mathématique-économique dure depuis la fondation de la science économique moderne par Gottfried Leibniz, au cours de ses travaux de la période 1672-1716.

Leibniz, à ce sujet, établit la science économique comme une branche de la science physique. Cette science économique était connue durant le dix-huitième siècle et jusqu’au dix-neuvième, comme la science de l’ »économie physique ». On lui donnait aussi parfois d’autres noms, y compris « science de la technologie », et en français « polytechnique ». C’est dans cette branche de l’économie, « économie physique », que réside la plus grande partie de mes travaux professionnels.

Une fonction mathématique-économique de ce genre est possible. Ma contribution principale à la science économique, depuis les premières de mes découvertes en 1952, a été de montrer comment cette fonction peut être définie.

Cette fonction mathématique ne peut être résolue par l’emploi de méthodes sur lesquelles les prévisions économiques, jusqu’à nos jours, reposent. Ces méthodes sont basées sur l’influence combinée de différentes personnalités influentes des années trente et quarante : le professeur d’Harvard Vassily Léontief, le principal instigateur de l’actuel système de comptabilité du revenu américain ; le Pr John von Neumann, et la doctrine de la « théorie de l’information » du Pr Norbert Weiner. Ces méthodes sont connues parmi les spécialistes comme des méthodes de solution aux « systèmes d’inégalités linéaires ». Aucun système d’inégalités linéaires ne peut représenter la relation entre les taux de progrès en technologie et les taux de croissance de la productivité physique.

Ce que je fis, en commençant par attaquer cette faille dans les arguments de Leontief, von Neumann et Weiner, fut de retourner à la case départ de mes études d’adolescent sur les travaux de Leibniz. Sur cette base, en plusieurs années de travail, je redéfinis le problème. La difficulté suivante était de sélectionner une mathématique propre à résoudre les problèmes du genre que j’avais définis. Je trouvai la solution dans le travail du plus important physicien du dix-neuvième siècle, le Pr Bernhard Riemann. Pour cette raison, ma découverte est connue sous le, nom de méthode LaRouche-Riemann.

Le premier des vrais problèmes que nous affrontons en cherchant à construire la fonction mathématique désirée, est celui de définir ce que devrait signifier : « créativité » humaine en langage mathématique. « Création » est une conception qui ne peut être représentée par aucun système de mathématiques déductives. Mon combat d’adolescent avec les fameuses « Critiques » d’Emmanuel Kant, me permirent de comprendre ce problème, que Leontief, von Neumann et Weiner, entre autres, n’avaient pas réussi à faire.

Définissez le mot « création ». Essayez en théologie. Essayez en cosmologie. Que voulez-vous dire par ce mot ? Beaucoup d’entre vous pensez, qu’à un moment, quelque chose n’existe pas, mais existe à l’instant suivant. La transition entre le premier et le second moment, vous l’appellerez « création ». Qu’arrive-t-il entre ces deux moments, qui est la cause de la création de cette nouvelle chose ? Quel que soit le temps que vous prenez pour vous attaquer à la question avec les méthodes des mathématiques formelles, logiques aristotéliciennes ou modernes déductives, à la fin vous ne serez pas plus loin qu’au début. La personne qui ne fait confiance qu’à la logique déductive, il lui semblera que « création » est un mot que nous employons pour quelque chose que l’esprit humain n’arrivera jamais à saisir.

Là résidait l’argument d’Emmanuel Kant dans ses « Critiques ». Kant insiste dans ces « Critiques », mais surtout dans sa dernière « Critique de la faculté de juger », que les processus par lequel les êtres humains créent une découverte scientifique valable sont inintelligibles. C’était le même point de vue qu’adopta von Neumann, non seulement dans sa doctrine sur l’économie mathématique, mais généralement aussi dans sa théorie de mathématique. C’était le point de vue de Norbert Weiner dans sa « théorie de l’information ».

L’existence d’une solution à ces problèmes mathématiques a été démontrée par une personne qui a probablement été le plus grand génie de ces six-cents dernières années, le cardinal Nicolas de Cuse. Outre qu’il fut le plus éminent conseiller des papes de la renaissance italienne, Cuse fut le fondateur des méthodes de la science physique moderne et l’influence la plus directe sur l’œuvre de Léonard de Vinci et Johannes Kepler ; entre autres, ainsi qu’une influence indirecte déterminante sur Huyghens et Leibniz, entre autres. Cuse montra comment la « création » pouvait être représentée comme une idée intelligible, capable de représentation mathématique.

Cuse fut l’un des fondateurs d’une des deux principales branches de toute la science physique moderne. Galilée, Descartes et Newton sont exemplaires de la méthode de déduction formelle, basée sur les éléments d’Euclide. Cuse, Léonard de Vinci, Kepler, Leibniz, Gauss et Riemann sont parmi les noms prestigieux de la faction opposée dans la science, dont la méthode est basée sur la géométrie non-euclidienne. Par « géométrie non-euclidienne », je fais allusion à une géométrie basée entièrement sur la construction, sans axiome, d’où découle l’interdiction d’employer le raisonnement déductif.

Sans entrer dans les détails historiques de ce thème scientifique, il suffit de dire ce qui suit. Cuse résolut le problème laissé sans solution par Archimède, consistant à démontrer que la tentative d’une simple quadrature du cercle est fondée sur une supposition erronée. Cuse découvrit un principe géométrique et physique, qu’il définit comme le principe du « Maximum Minimum », que les mathématiciens, modernes connaissent sous la dénomination de « théorème isopérimétrique » de la topologie géométrique. Le plus grand progrès fait au delà des premières formulations de Cuse fut la contribution de Carl Gauss. Bon nombre de contemporains et de collaborateurs de Gauss travaillèrent à raffiner sa découverte, Les résultats furent récapitulés dans les travaux de Riemann.

Aujourd’hui, nous appelons les différentes physiques mathématiques basées sur l’approche gaussienne de la géométrie constructive « le domaine complexe de Gauss-Riemann ». La physique riemannienne est basée. sur la représentation mathématique de processus qui évoluent vers des états, supérieurs : C’est la seule branche de physique mathématique dans laquelle il est possible de rendre compte de ce qui se passe durant cet intervalle, constituant l’acte de création, entre les deux moments de non-être et être successifs.

Ce n’est guère l’endroit pour élaborer la signification dès « fonctions de surface riemannienne ». Notre propos, ici, est simplement d’identifier la nature du problème de représentation et de localisation de la forme requise de solution mathématique. Les points suivants doivent, cependant, être clarifiés.

Si vous imaginez que la seule forme soi-évidente d’action dans l’univers est l’action circulaire, comme Cuse le démontra, alors les théorèmes et constructions exactes de la géométrie euclidienne peuvent- être élaborés, de manière non déductive, non-euclidienne, par construction. Cela se fait, tout d’abord, en imaginant le cas où une action circulaire agit sur une autre action circulaire, l’une étant perpendiculaire à l’autre et ceci arrivant à chaque intervalle de chaque action circulaire. Cela s’appelle l’action circulaire doublement connectée. L’espace euclidien, élaboré par les méthodes rigoureuses de construction non-déductive (non-euclidienne), est essentiellement triplement connecté.

Avec Gauss, nous faisons un pas supplémentaire. Nous savons que la simple action circulaire n’est pas une représentation idoine de l’univers réel. Imaginez une forme spéciale d’action circulaire, dans laquelle le rayon de rotation s’allonge durant l’action : une action spirale. Maintenant, imaginez que le centre de rotation se déplace, dans la direction du temps, pendant son déroulement. Notre action en spirale maintenant adhère à la surface extérieure d’un cône. Cela s’appelle une spirale homothétique, pour des raisons évidentes. Maintenant, à la place des formes circulaires d’une action multiplement-connectée, substituez une action en spirale homothétique multiplement-connectée.

Enoncez ce que vous venez de faire en langage trigonométrique, utilisant des fonctions trigonométriques, elliptiques, hyperboliques et hyper-sphériques pour obtenir ce résultat. Le résultat est la forme gaussienne du domaine complexe. C’est la forme riemannienne de ce domaine complexe gaussien qui nous permet de représenter ces genres de processus qui sont proprement appelés « créatifs ».

Bien que cette approche riemannienne nous permette implicitement de dessiner les fonctions du cerveau en gros, la méthode LaRouche-Riemann ne prend en considération qu’un aspect de ces fonctions du cerveau, le problème de représenter la génération de technologies d’un ordre supérieur nouveau. De l’aveu général, au premier coup d’œil, ce que nous sommes capables de réaliser de cette façon est presque inimaginable, mais après s’être habitué aux idées en question, tout semble assez évident.

A commencer par les trois documents scientifiques écrits par Riemann en 1853, et les dissertations qui l’ont qualifié pour être nommé professeur à l’Université de Goettingen (où Gauss avait enseigné), le principal thème de toute son œuvre est sa concentration sur l’hypothèse que tout processus physique dans l’univers, est mathématiquement représentable dans le domaine complexe gaussien. Riemann ne se contenta pas d’en fournir des preuves partielles, mais il fit des progrès substantiels et indiqua la direction dans laquelle des preuves plus générales pouvaient être développées. Ce qu’il a réalisé est plus que suffisant pour les besoins d’un économiste.

En ce qui concerne la fonction y == F(x), notre premier problème est de définir comment y, taux de croissance de la productivité, et x, taux de croissance du progrès technologique, doivent être mesurés. Le problème de définir y, est la partie la plus simple de notre tâche. Définir x est le principal défi. C’est à ce défi que nous nous attaquons.

Si nous pouvons efficacement représenter tout procédé physique qui représente une nouvelle technologie, une partie du problème de la définition de x est déjà résolue. Si nous pouvons aussi définir quels genres de procédé physiques sont les plus avancés, et montrer que de la même manière nous représentons des procédé physiques particuliers, nous pourrons mesurer quel procédé est la technologie la plus avancée. Nous pouvons aussi mesurer combien elle est plus avancée. Comment pouvons nous comparer deux procédés et dire dans quelle mesure l’un est supérieur économiquement à l’autre ? Revenez à l’œuvre de Leibniz, où le problème fut posé pour la première fois.

Les travaux les plus importants de Leibniz en science économique commencèrent à Paris durant les mêmes années, 1672-1676, quand il réalisa le projet qu’avait Kepler de créer un calcul différentiel. Ses travaux à Paris coordonnés avec ceux de Christian Huygens ont été effectués sous le parrainage du ministre Jean-Baptiste Colbert. La mission à laquelle Huygens et Leibniz participaient alors était de concevoir ce qui se fit connaître plus tard sous le nom dé « révolution industrielle ». Leibniz définissait cette tâche comme l’étude des principes de l’utilisation des machines à vapeur, grâce à laquelle « un homme peut faire le travail de cent ».

Il fallait pour cela connaître les principes de conception des machines à vapeur. Huygens travailla, par exemple, sur ce qui devint plus tard la combustion interne. Le travail de Leibniz le porta à collaborer avec Denis Papin dans la création du premier moteur à vapeur qui réussit à propulser un bateau.

Leibniz avait concentré son travail économique sur le problème de définir dans quelle mesure l’accroissement de la puissance fournie à la machine par la combustion de charbon augmenterait la puissance productrice du machiniste. Il est généralement vrai, que tout accroissement de la puissance employée par machiniste induit une augmentation de la productivité du machiniste. Il est aussi vrai, qu’en accroissant la température de l’opération, nous pouvons non seulement augmenter la productivité du machiniste, mais réaliser certains travaux qu’il est impossible d’accomplir économiquement à des températures plus basses.

Cependant, la recherche de Leibniz l’entraîna au delà de ces problèmes. Je décrirai le problème plus profond en l’illustrant par les termes les plus simples possibles. Imaginez que deux machines consomment la même quantité de chaleur à l’heure et que toutes deux soient employées à faire le même type de travail ; mais, que le même machiniste, avec l’une des machines, produise plus qu’avec l’autre. A supposer que les deux machines soient bien construites, conformément à leur conception, comment pouvons-nous définir la différence entre ces deux machines ?

Leibniz appela cette différence « technologie ». Par « technologie », nous voulons dire en gros la qualité d’organisation de la conception de la machine. L’un des exemples les plus simples de cette notion d’ »organisation » est l’utilisation de la partie plus dure et effilé, ou le tranchant d’un outil. On peut faire le même travail en fournissant moins d’effort, et habituellement mieux. Nous développons une notion plus générale de l’organisation en définissant toutes les fonctions mécaniques en terme de mouvement rotatif.

Ce que nous voulons connaître, c’est un principe d’organisation de la conception des machines qui nous rende capables de prédire quel genre de changement dans l’organisation interne de la machine représente une manière plus efficace de convertir la puissance calorifique en productivité accrue du machiniste. Ce principe nous permet de mesurer la supériorité d’organisation d’une machine par rapport à une autre. Il s’agit de la mesure d’une quantité appelée « technologie ».

Pour être aussi brefs que possible, définissons le mouvement rotatif en les termes de ce que Leibniz définissait en physique comme la moindre action physique. La majeure partie du travail préliminaire dans la définition des principes de technologie furent entrepris par les cercles de Lazare Carnot et Gaspard Monge à l’Ecole Polytechnique, par les recherches fondamentales faites entre 1794 et 1815, avant que l’Ecole n’entame une période de décadence sous la direction de Laplace et Cauchy après 1815. La plupart des principes de base de la technologie reposant sur la conception des appareils mécaniques à moteur à vapeur ont été établis par l’Ecole durant cette période ou peu après.

Ces collaborateurs de Carnot et Monge allèrent au delà, pour définir quelques uns des problèmes de l’électrodynamique, en général comme en particulier. Les travaux de Sadi Carnot, Fourier et Legendre sont les plus importants. Cependant, tandis que les savants français étaient réprimés sous le régime de Cauchy, le rôle de dirigeant mondial du progrès scientifique commença à être joué par la Prusse dès le début des années 1820, un de ses centres étant à Berlin, sous là direction d’Alexandre de Humboldt et un autre autour de Gauss à Göttingen. Durant les années 1820, Gauss et son collaborateur Weber retravaillèrent complètement l’électrodynamique. Durant les années 1850, ces recherches sur l’électrodynamique s’accélérèrent ; autour de la collaboration entre Riemann et Weber.

Maintenant, aussi brièvement que possible. Il y a une grave insuffisance dans les analyses de Fourier. Le travail combiné de Gauss, Weber ; Dirichlet, Riemann, Weierstrass et Cantor était focalisé sur ces problèmes des analyses de Fourier dans une large mesure. Le domaine complexe de Gauss procura une base unique pour corriger ce défaut. Une compréhension supérieure de l’hydrodynamique était intégrée à l’électrodynamique. Cette compréhension nous permet de faire pour la technologie de l’électrodynamique ce que fit l’école Polytechnique pour la technologie de la mécanique et de la thermodynamique simple.

Le fil conducteur est de baser la notion de moindre action physique sur l’action spirale homothétique multiplement connectée, plutôt que sur une action circulaire multiplement-connectée. Cette approche nous permet, aujourd’hui, de subsumer la physique moderne des plasmas et les pulsations cohérentes électromagnétiques sous la notion de technologie de Leibniz. Dans la conclusion de cet article, je veux signaler la grande importance pratique de ceci pour organiser aujourd’hui une reprise économique américaine à long terme.

Toutes choses étant égales par ailleurs, il y a trois conditions qui doivent être remplies pour générer un progrès généralisé dans la productivité des ouvriers :

  1. Le total de l’énergie utilisable fournie par tête et par kilomètre carré doit s’accroître.
  2. Ce qu’on appelle parfois le « débit de fluence effectif » de l’énergie fournie et consommée, doit progresser.
  3. Le niveau de technologie dans l’organisation interne du processus de production doit progresser.

Ces trois conditions sont interdépendantes. Si ces conditions ne sont pas remplies, la productivité de la production tendra à stagner et par après à s’effondrer.

Il faut maintenant traiter un autre point, avant de revenir à la mesure de la productivité elle-même.

Le fait que nous pouvons représenter les progrès technologiques mathématiquement, signifie que nous pouvons les représenter en termes de processus mentaux qui génèrent ces découvertes. Ceci n’explique pas tout sur l’esprit humain, mais décrit ce que doivent être les processus qui font découvrir un progrès scientifique au-delà des niveaux existants de technologie. Dans cette mesure, là créativité est rendue intelligible.

Choisir ce qui doit être mesuré comme croissance de la productivité nous ramène à ce que nous avons illustré au début de cette partie. Qu’est-ce qui détermine si un changement améliore ou non la société ? La réponse devrait être évidente. Plus simplement : tout ce qui accroît le potentiel de densité démographique dans la société, tout ce qui accroît le nombre de personnes qui peuvent être entretenues, à un meilleur niveau de vie et de culture, par kilométré carré.

Nous considérons le problème de la réalisation de telles mesures à des niveaux successifs de perfectionnements.

Etant donné que notre définition de l’augmentation de productivité doit correspondre à l’accroissement de la densité démographique potentielle, nous ne devrions pas mesurer la production soit en prix, soit en produits particuliers. Nous mesurons la production en termes de « panier de consommation », qui représente les besoins-types d’un ménage de producteur. Le nombre et la qualité des produits dans les paniers de consommation changent avec le progrès technologique. Le travail à une qualité supérieure de productivité exige un niveau de vie supérieur pour maintenir les ménages à ce niveau de potentiel culturel. Ainsi, nous devons mesurer combien de paniers de consommation individuels ont la valeur, en termes de production, du travail d’un seul ouvrier. Nous devons prendre en compte les besoins du panier de consommation des ménages et les besoins des producteurs mesurés dans les mêmes termes.

C’est là qu’entre en scène le problème du renchérissement des matières premières. C’est là que l’énergie entre directement en scène. Plus il y a d’énergie par tête et plus le débit de fluence énergétique est grand, plus nous pouvons utiliser des ressources naturelles de basse qualité sans souffrir d’une augmentation des coûts de production. Comme nous sommes capables d’utiliser des ressources naturelles pauvres de manière économique, les limites des ressources naturelles s’élargissent. Si nous nous ne faisons pas de progrès technologiquement, les limites des matières premières nous étranglent.

Si nous élargissons les limites des matières premières, le résultat est qu’un kilomètre carré moyen pourra entretenir un nombre accru de personnes. Si notre progrès technologique est stagnant, les limites des ressources naturelles nous étranglent. Si nous reculons technologiquement et nous avons moins d’énergie utilisée dans la production par tête et par kilomètre carré, la société ira à l’effondrement.

Pour ces raisons : il n’y a pas de mesures adéquates pour mesurer la productivité en termes des paniers de consommation de la période actuelle. Ce que nous devons mesurer est le taux de croissance de la productivité, un taux qui doit être suffisamment haut pour que nous puissions élargir les limites des ressources naturelles, plutôt que leur permettre de nous étrangler.

L’économie politique

Une économie moderne a deux aspects interdépendants. Le premier aspect, sur lequel nous avons insisté jusqu’à maintenant, est l’économie physique : la production et la distribution physique des biens.

C’est l’aspect du processus économique qui appartient à la rubrique de la science physique, telle que nous l’avons passée en revue. La deuxième partie, ce sont les processus régissant l’économie. On compte parmi ces processus l’émission d’argent, l’organisation des crédits et des opérations bancaires, des impôts et des protections douanières.

Etant donné que l’emploi, la production et la distribution physique, le côté réel ou physique du processus économique, sont organisés à travers l’achat et la vente à des prix monétaires, et progressent ou régressent suivant la façon dont le crédit et les opérations bancaires fonctionnent, et sont touchés par la fiscalité, les deux côtés, le physique et le politique, interagissent ainsi. Nous pensons à cette interaction quand nous parlons d’ »économie politique ».

Nos pères fondateurs n’avaient aucune des illusions sur « la magie de l’argent », qui sont populaires à Washington et ailleurs aujourd’hui. Ils savaient que la source de la richesse est la production de biens physiques et les travaux publiés tels que routes, canaux, ponts, ports et autres. Les billets, le crédit, les opérations bancaires etc., étaient des arrangements nécessaires pour l’efficacité du commerce, sans plus.

Aujourd’hui, lorsque j’esquisse ce que je ferai comme président, il y a toujours quelqu’un qui demande subitement : « D’où viendra l’argent ? » C’est très simple. Conformément à notre Constitution, le Congrès promulguera une loi qui autorisera l’émission de 500 à 1000 milliards de dollars en billets de banque du Trésor américain. Ce n’est pas le gouvernement fédéral qui dépensera cet argent. Il sera prêté par l’intermédiaire des circuits bancaires aux agriculteurs, aux industriels, aux entreprises publiques et aux agences fédérales ; d’Etat ou locales responsables de la réalisation de travaux d’équipement public. Nous devons remettre les entreprises agricoles, industrielles et les gens au travail, pour produire de nouvelles richesses physiques. Ils produiront, plus de richesses qu’on leur en a prêtées pour mettre en marche cette production. Leurs salaires et les revenus commerciaux des entreprises agricoles et industrielles mettront davantage d’argent en circulation, accroîtront les revenus fiscaux du gouvernement fédéral (sans augmenter les taux d’imposition).

Si cet argent est prêté à bas taux d’intérêt, avec un taux de base inférieur à 2 %, et si les prévisions fiscales fédérales accordent de généreux crédits fiscaux à l’investissement à ceux qui investissent dans la création d’emplois productifs dans la haute technologie, nous devrions bien y arriver sans avoir à emprunter à quiconque que nous-mêmes.

Le problème aujourd’hui, et ces vingt dernières années, est que le côté politique de l’économie est et a été mal géré, très mal. Le pourcentage de la main-d’œuvre totale employée à produire de la richesse physique s’est effondré, tandis que la somme du chômage et de l’emploi dans l’administration et les services superflus a gonflé. Des fortunes considérables se sont bâties sur de la pure spéculation financière, sans accroissement de la production physique en échange. Nous nous sommes embourbés de plus en plus profondément dans la dette, pour produire de moins en moins par tête.

Les seuls risques importants de l’émission par le gouvernement de grandes quantités de crédit est que la politique de prêt et la politique fiscale orientent l’argent dans la mauvaise direction, vers plus de spéculation financière, et de plus en plus d’emploi dans l’administration et les services d’un intérêt marginal. L’astuce est d’alléger le fardeau fiscal sur les investissements dans la haute technologie, l’emploi dans la production de biens, et de diriger la plupart du crédit nouvellement créé vers ce type d’investissements.

Mon but immédiat est d’ajouter 5 millions de nouveaux emplois industriels, en insistant sur l’amélioration des technologies ; pendant les deux ou trois premières années de mon gouvernement, et diriger la nation vers la création d’emplois pour environ la moitié de la force de travail nationale comme cultivateurs et ouvriers employés dans l’industrie, ainsi que dans la construction et l’entretien de l’équipement et des travaux publics. Il n’y a rien de magique là-dedans. Il faut seulement établir un consensus entre le gouvernement et les entreprises agricoles et industrielles et que le gouvernement encourage comme promis le progrès technologique et l’expansion de la production et de l’emploi dans l’industrie manufacturière et des formes similaires d’emploi. Accroissons les incitations fiscales à l’investissement, faisons circuler du crédit bon marché dans les banques privées, et assurons qu’un taux suffisant de progrès scientifique soit généré ;

Ce programme ne sera pas inflationniste. Il sera déflationniste. Plus le pourcentage de la force de travail employée à produire de la richesse sera élevé, et plus le pourcentage employé dans l’administration et les services marginaux sera bas, plus le coût de chaque article produit sera bas ; moins il y aura de salaires parasites prélevés sur le prix de ce que l’agriculteur ou l’ouvrier d’industrie produit. De plus, maintenons la spéculation au plus bas niveau. Cela sera indispensable dans des conditions de crise financière ; c’est une bonne chose à faire en général, puisque tout dollar de revenu par spéculation financière devient un dollar parasite prélevé sur le prix des marchandises.

Supposons que j’occupe deux présidences successives. Dans ce cas, avant que je quitte la, magistrature suprême, le pourcentage de notre force de travail employé comme ouvriers d’industrie aura doublé, tandis que le pourcentage d’agriculteurs actifs sera environ le même qu’aujourd’hui. Ceci diminuera à peu près de moitié le coût réel de chaque produit manufacturé, simplement grâce à de fortes réductions du fardeau parasite des frais généraux prélevés sur le prix des choses produites.

Equilibrer le budget ? C’est facile. L’astuce pour équilibrer le budget, est essentiellement de maintenir les taux d’imposition bas et les revenus de l’impôt hauts. Des taux d’imposition bas signifient, entre autres choses, un investissement plus rapide dans la création d’emplois. En étendant la production, le gouvernement gagne plus de l’expansion de la base des revenus qu’il ne perd en ne haussant pas les taux d’imposition. Le gouvernement doit trouver un équilibre raisonnable entre les deux, en fonction· des besoins nationaux impérieux.

L’aspect politique de l’économie est la partie la plus simple du problème. Nous n’avons besoin de rien de plus qu’un gouvernement ayant la connaissance, la volonté politique et le soutien politique, pour faire ce qui doit être fait. Les vrais défis intellectuels surgissent dans le domaine de l’économie physique.

La « locomotive scientifique » de mon programme

Mon premier souci en tant que président, outre d’empêcher le système financier d’exploser, sera d’élever les taux d’emploi productif. Ceux d’entre vous qui sont assez âgés pour se souvenir de la période 1940-1943, comprendront cela au plus vite. Nous devons commencer par les usines qui peuvent être rouvertes à la production. Quelques années après que de nouveaux investissements dans les usines et les machines auront été faits, on constatera de hauts taux de progrès technologique. C’est la manière dont cela marcha pendant la période 1940-1943 ; c’est approximativement la manière dont cela marchera pendant la majeure partie de mon premier mandat.

Ce sera pendant les deux dernières années de mon premier mandat que l’impact du progrès technologique commencera à être ressenti par la population plus généralement.

Mon devoir est d’assurer que, longtemps après mon passage à la Maison Blanche, les Etats-Unis absorbent davantage de technologies nouvelles, à un rythme suffisant pour décupler à chaque génération la production par tête. Ce n’est pas tirer des plans sur la comète ; nous avons déjà, ou avons en vue, de nouvelles technologies propres à déclencher le plus grand boum de l’histoire de l’humanité.

Je commence par la main-d’œuvre scientifique et apparentée. Pour accomplir le but que j’ai défini, nous devons accroître le pourcentage de scientifiques, d’ingénieurs et de chercheurs employés jusqu’à atteindre environ 10 % de la force de travail totale.

Mon problème suivant est de rebâtir l’industrie de la machine-outil des Etats-Unis à une échelle et à un taux de renouvellement suffisant pour transférer les nouvelles technologies générées par la recherche et le développement dans la production en général. Si les incitations fiscales à l’investissement sont suffisamment élevées et si de larges flux de crédit bon marché sont versés dans l’industrie, l’appétit de l’industrie pour des produits améliorés du secteur de la machine-outil sera énorme. Le gouvernement doit assurer que le secteur de la machine-outil soit alimenté de fortes doses des progrès technologiques que nos industries engloutiront dans de telles circonstances.

Le président, en coopération avec le Congrès, dispose de trois importantes armes économiques pour nourrir de hauts taux de progrès technologique :

  1. les dépenses militaires des Etats-Unis ;
  2. les programmes de recherche-et-développement civils totalement ou partiellement appuyés par le gouvernement ;
  3. les travaux publics, menés par le gouvernement ou par les entreprises publiques. Si le gouvernement fédéral planifie son budget dans ces trois domaines correctement, le gouvernement peut faire en sorte que l’impact net de ces dépenses favorisent de hauts taux de progrès technologiques, débordant dans l’investissement privé.

Le problème pratique sur lequel j’ai travaillé pendant plus de dix ans, très énergiquement, est de travailler comment moi-même ou quelque autre président pourrait faire cela au mieux. . -

Il se trouve que tout le progrès technologique, qui aura probablement lieu sur Terre dans les cinquante ans à venir, se concentrera dans quatre domaines :

  1. Les processus de plasmas organisés à de très hauts débits de f1uence énergétique. La fusion thermonucléaire contrôlée, source énergétique primordiale pour l’homme sur Terre et dans l’exploration spatiale, en est une partie maîtresse. Et, avec ces « températures », et avec des techniques associées pour manier les plasmas chauds, toutes les branches de la métallurgie seront révolutionnées, outrepassant les limites actuellement imaginables des ressources naturelles sur Terre.
  2. Les impulsions contrôlées de rayonnement électromagnétique cohérent et les impulsions composées de cette sorte. Ceci émerge déjà comme une révolution dans la conception des machines-outils et sera l’industrie de la machine-outil du futur.
  3. La biophysique optique. Un progrès important, au-delà la biologie moléculaire, est en cours : l’étude de tous les processus vivants comme processus électromagnétiques accordés dotés de caractéristiques spéciales. Cette orientation en biologie était implicite dans l’œuvre de Luca Pacioli et Léonard de Vinci, et fut accélérée un moment par les travaux de Louis Pasteur et d’autres sur L’ »activité optique » des processus vivants. Des techniques modernes nous permettent, de plus en plus, d’approcher ces processus dans l’infiniment petit. En .conséquence de quoi, une révolution en biologie est actuellement en plein progrès.
  4. De nouvelles dimensions dans la technologie des ordinateurs. Nous avons maintenant besoin de toute urgence de ce qu’on appelle les modes de « traitement parallèle » informatiques, capables de traiter des milliards ou même des milliers de milliards de « flops » (opérations par seconde). Des progrès dans cette direction sont en cours. Le développement de nouveaux types d’ordinateurs optiques et hybrides analogues-digitaux, capables de trouver des solutions explicites à des problèmes non-linéaires énoncés en termes de domaine complexe gaussien, est en progrès mais, avec des perspectives plus lointaines. Il nous faut de tels instruments pour nos laboratoires et autres secteurs de recherche. Il nous faut de tels instruments pour nous aider dans le contrôle à distance des nouveaux processus productifs énergiquement denses et dans les applications de l’exploration spatiale.

Pour les dix ou quinze prochaines années, il y a trois programmes gouvernementaux très urgents, requérant chacun des investissements intensifs dans les quatre domaines précités ou certains d’entre eux. 1) La défense : il s’agit de faire face au développement rapide par Moscou de sa propre version de l’ « IDS », dont la première génération est censée être déployée d’ici 1992 et aux progrès rapides de Moscou dans le développement des armes à radiofréquences et autres armes offensives stratégiques et tactiques. 2) La biologie : il est très improbable que nous en arrivions à disposer d’un remède au sida sans que la recherche en biophysique optique joue un rôle dirigeant. Des progrès dans cette direction seront aussi importants dans nos efforts incessants pour vaincre le cancer et pour traiter de nombreuses maladies de vieillissement des tissus. 3) Un projet de colonisation de la Lune et Mars, ayant pour objectif d’établir la première colonie habitée en permanence sur Mars en 2027 environ.

J’ai l’intention de diriger la plus grande partie possible du budget des achats militaires vers les systèmes de haute technicité. Cela sera indispensable pour maintenir une défense nationale efficace et aura l’avantage annexe de perfectionner notre secteur de la machine-outil, au grand avantage de notre secteur civil.

Nous devrions probablement dépenser environ 3 milliards de dollars par an dans la recherche biologique pour un remède au sida. Une grande partie devrait en être consacrée à la biophysique optique, notamment à la réalisation d’instruments efficaces pour détecter dans des échantillons diverses formes de virus proches de celui du sida. Beaucoup de cet argent ira aux instruments de laboratoire de conception technique supérieure, indispensables pour cette recherche. Ceci ouvrira une nouvelle branche de l’industrie de la machine-outil.

Le programme Lune-Mars n’est pas un projet optionnel de « prestige ». La mission primordiale du programme est l’établissement de laboratoires d’astrophysique à distance convenable du Soleil. La principale fonction de ces installations près de l’orbite de Mars est de se focaliser sur les phénomènes très usuels dans les galaxies lointaines et dans la notre. Le bénéfice immédiat de ceci est la découverte de nouveaux principes physiques de l’univers, des principes qui deviendront indispensables pour la vie sur Terre pendant la deuxième moitié du siècle prochain.

Etant donné qu’un programme sérieux aura besoin d’environ 40 ans ou plus pour se développer, nous devons commencer maintenant, ou nous pourrions commencer trop tard par rapport aux besoins de nos petits-enfants.

La seule manière prévisible dont nous puissions coloniser Mars économiquement, serait de construire sur la Lune une grande partie des vaisseaux spatiaux et des équipements que nous utiliserons sur Mars. Ainsi l’industrialisation de la Lune (en grande partie avec des industries automatisées .ou, semi-automatisées) est une étape obligatoire vers la colonisation de Mars.

Le programme Lune-Mars, qui doit s’accomplir par étapes, sur environ 40 ans, est la principale « locomotive scientifique » que je prévois pour mon gouvernement et ceux qui suivront. Quant à la main d’œuvre, le projet sera approximativement à l’échelle que l’administration Kennedy adopta pour le programme de la NASA. Ce programme rapporta à l’économie civile des Etats-Unis plus de dix dollars de bénéfice pour chaque dollar dépensé par la NASA. Le programme Lune-Mars aura le même type d’effet.

Par exemple, la première étape est de développer une manière meilleure et moins chère d’atteindre l’orbite terrestre à partir de la surface de là Terre. Avec les fusées, nous atteignons la limite des rendements et des coûts acceptables. Nous sommes maintenant prêts à adopter une meilleure approche. Ce sera un avion-fusée en deux parties. L’avion volera très haut dans la stratosphère à des vitesses entre· huit et seize fois la vitesse du son.

Là, l’avion lancera la fusée et reviendra se poser sur Terre. J’ai deux projets pour un tel système sur mon bureau, l’un développé en Allemagne fédérale, et une modification du programme allemand développé en Italie. Il s’agit de quelque chose qui pourrait voler d’ici sept ans, en tenant compte de tous les goulots d’étranglement raisonnables. .

Cet avion hypersonique aurait d’autres usages ; A huit fois la vitesse du son, nous pourrions voler jusqu’à l’aéroport le plus distant sur Terre en moins de trois heures et demie. Au double de cela, on peut aller de Washington à Tokyo en une heure environ et en Europe de l’Ouest en une demi-heure de vol environ, ce qui donne une heure d’aérogare à aérogare. Développer un tel avion serait un pas de géant dans le rééquipement de notre industrie aéronautique et des firmes qui sous-traitent pour elle. Les mêmes technologies auraient beaucoup d’autres utilisations en dehors de la fabrication d’avions.

Le programme Lune-Mars amortirait son coût par demi-cycles d’une durée de cinq ans. Nous devrions avancer l’argent couvrant tout l’investissement pour cinq années d’une phase du programme. Mais, pendant la deuxième période de cinq ans, notre économie se rembourserait par une productivité accrue grâce aux technologies développées pendant les cinq années précédentes, etc. Au moment où la première colonie permanente serait établie sur Mars, le projet tout entier ne nous aurait pas coûté un centime ; nous aurions fait un profit substantiel sur tout l’investissement.

Ces programmes divers de recherche-et-développement seraient la contribution du gouvernement à la génération de nouvelles technologies nécessaires pour développer le secteur de la machine-outil, et assurer alors que le secteur privé ait le taux le plus élevé possible de progrès technologique et accroisse sa productivité.

Pour assurer le meilleur résultat, les départements du Trésor, du Commerce et de l’Energie devraient utiliser la méthode LaRouche-Riemann. Cette méthode d’analyse servirait à observer les goulots d’étranglement à l’introduction des technologies de pointe dans l’économie, pour détecter le problème, et travailler à le corriger bien avant qu’un ralentissement significatif du taux de croissance de l’économie nationale n’ait lieu.

Alexander Hamilton fût-il vivant aujourd’hui, il sourirait en m’accusant de « voler son programme ». Puis, il demanderait : « Montrez-moi à quelles méthodes vous avez travaillé pour mesurer le lien entre taux de progrès technologique et taux de croissance des pouvoirs productifs du travail. » Il ne parlerait pas de grand chose d’autre, puisque sur tout le reste, nous tomberions d’accord automatiquement.