Réponse aux calomnies provenant de responsables d’Attac

mardi 7 mars 2000

La lettre qui suit fut rédigée le 7 mars 2000 par Jacques Cheminade en réponse à une campagne de désinformation initiée par certains cadres dirigeants d’Attac et relayée dans une déclaration faite sur internet par Eric Le Gall, le 3 mars 2000 dont voici la partie centrale : « Il s’agit effectivement d’un groupuscule d’extrême droite suffisamment habile à dissimuler son identité sous des thèmes « de gauche », « solidaristes » la lutte contre la drogue ou contre les marchés financiers. Dans ce dernier cas, cela devient vite la lutte contre « les banquiers de Wall Street » puis parfois contre les banquiers juifs... Ce groupuscule est lié au parti américain de Lyndon LaRouche, actuellement en prison. Le journal en question est membre d’attac 1999 car nous n’avons pas de procédure d’exclusion formelle mais nous n’avons aucun point, je répète aucun point d’accord avec ces gens ».

Voici la lettre de réponse de Jacques Cheminade :
Paris, le 7 mars 2000

A propos de Solidarité et Progrès.

Dans un message diffusé sur le site ATTAC, M. Eric Le Gall se fait l’écho d’une « rumeur d’Orléans » qui circule sur Solidarité et Progrès. Présumant que sa bonne foi a été abusée, je tiens en tant que président de cette association, à faire la mise au point suivante :

1) Solidarité et Progrès a pour objet « de combattre, en France et dans le monde, pour la paix par le développement économique et l’égalité des chances, et contre l’usure financière et les idéologies du sol, du sang et de la race ». Il défend « pour chacun et entre les peuples le progrès matériel, intellectuel et moral » (statuts déposés en Préfecture).

Nouvelle Solidarité, son journal, a pour devise : « Elever à la dignité d’homme tous les individus de l’espèce humaine » (Lazare Carnot).

Il faudrait être quelque peu… paranoïaque pour penser que nous affichons un objet et une devise à l’opposé de nos intentions présumées.

2) Nous avons publié un document, L’Alternative, que l’on peut commander à Solidarité et Progrès, 8 rue du faubourg Poissonnière (75010 Paris), faisant le point sur nos prises de position et notre histoire.

3) Lyndon LaRouche, notre « ami américain », a dénoncé le premier, depuis plus de vingt ans, le système financier et monétaire ultralibéral, et défendu un nouveau Bretton Woods pour lui substituer un ordre de croissance par le développement mutuel (cf., pour plus de détails, ma déclaration pour un nouveau Bretton Woods, signée par de nombreux membres d’ATTAC). M. LaRouche, avec le représentant démocrate de l’Etat de Pennsylvanie, Harold James, a proposé l’application d’une taxe Tobin avant ATTAC - bien qu’il juge désormais, comme moi, qu’il faut aller plus loin. C’est pourquoi nous nous sommes réjouis de la dynamique créée par ATTAC et que Nouvelle Solidarité y a adhéré.

4) M. Lyndon LaRouche n’est pas actuellement en prison, mais candidat aux primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle américaine, dans lesquelles il représente la tradition rooseveltienne. Il entend, hors du contrôle de l’argent et des médias, faire à nouveau entendre « la voix des sans voix », cette majorité oubliée et bafouée par l’ultralibéralisme prédateur que forment les Afro-Américains, les communautés hispanique et asiatique ainsi que les travailleurs et les personnes âgées victimes de l’élimination de la protection sociale.

5) M. LaRouche est le seul candidat reconnu par la Federal Election Commission (FEC, commission électorale américaine), démocrate (il y a Albert Gore, Bill Bradley et lui) ou républicain, à avoir pris parti contre la peine de mort. Il a entrepris la création d’une National Commission against the new violence (commission nationale contre la nouvelle violence) pour mettre en cause, tout particulièrement, les méthodes de Rudolf Giuliani, le maire de New-York qu’il décrit comme un « Mussolini qui fait arriver les balles à l’heure ». Alors qu’au contraire, l’administration française a envoyé des experts étudier les méthodes de M. Guiliani et que de nombreux maires ou responsables ont repris sa formule de tolérance zéro. En fait, M. LaRouche a bien montré comment cette soi-disant « tolérance zéro » s’appliquait, avec de nombreuses bavures, comme dans l’affaire Diallo, à de petits malfrats, mais jamais à la grande délinquance financière organisant les trafics.

6) M. LaRouche, au cours de l’affaire Lewinsky, a constamment défendu la présidence américaine contre les tentatives de déstabilisation de l’ultra-droite américaine, dont il a dénoncé les réseaux.

7) M. LaRouche a effectivement passé cinq ans en prison, entre 1989 et 1994, mais il considère cela comme un honneur. En effet il a été emprisonné pour des raisons politiques, afin de faire taire l’un des plus dangereux ennemis de l’oligarchie financière.

8) M. Ramsey Clark, ancien ministre de la Justice du président Johnson, qui démissionna pour défendre le mouvement des droits civiques et qui est l’une des personnalités de gauche les plus incontestées aux Etats-Unis, considère l’affaire LaRouche comme l’exemple le plus révélateur qu’il ait eu à connaître de manœuvres politiques du gouvernement américain pour détruire la réputation et l’existence d’un homme, en détournant les pouvoirs de l’Etat.


9)
Auprès de LaRouche et soutenant son combat actuel, se trouvent des combattants de la première heure du mouvement des droits civiques qui furent proches de M. Luther King : Amelia Robinson (médaillée MLK de la liberté), JL. Chestnut (avocat du mouvement des droits civiques), James Bevell (directeur de campagne de MLK) et bien d’autres encore.

10) LaRouche et moi-même nous sommes constamment battus, au Proche-Orient, pour la paix par le développement économique mutuel, en proposant depuis 1975 un plan économique pour soutenir le parti de la paix, en Israël et dans les pays arabes.

11) En ce qui me concerne personnellement, ma profession de foi aux élections présidentielles de 1995 devrait suffire, une fois pour toutes, à rendre compte de mes convictions.


12)
J’ai toujours cru que c’est à partir de la part commune du judaïsme, du christianisme, de l’islam et des grands humanismes que l’on pourra refonder le politique, ainsi que par le recours à nos textes fondateurs (préambule de la Constitution de 1946, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen), à condition d’en prendre au sérieux le message dans notre engagement quotidien.

13) Les Editions Alcuin (à Paris) réimpriment le Phédon de Moïse Mendelssohn, depuis longtemps indisponible en librairie, avec une préface de Lyndon LaRouche…


14)
J’ai moi-même écrit une préface à De la réalité du monde sensible, de Jean Jaurès, qu’il suffirait aussi de lire pour comprendre à quoi je tiens.

Bref, si nous étions un « groupuscule d’extrême droite », on voit mal ce que nous ferions à ATTAC et pourquoi tout ce que nous disons et faisons irait en sens contraire de ce dont on nous soupçonne. L’argumentation de M. Le Gall ne tient donc pas un instant en bonne logique politique, que celle-ci vienne du cœur ou de l’esprit.

Alors faut-il laisser Nouvelle Solidarité et Solidarité et Progrès dans le couloir de la mort politique après un procès expéditif ? Nous sommes convaincus qu’ATTAC se priverait d’un ami et d’un allié précieux, à un moment d’enjeux nationaux et internationaux décisifs. Plus grave encore, ATTAC ferait ainsi – consciemment ou non – le jeu de ses ennemis, alors que l’histoire ne repasse jamais les mêmes plats.

En fait, Lyndon LaRouche, et dans une certaine mesure moi-même, auront été les militants politiques dont les idées ont été les plus diffamées et déformées, afin d’empêcher leur discussion dans un débat franc et ouvert. M. LaRouche vient de faire justice, aux Etats-Unis, de ces attaques dans un document intitulé « He’s a bad guy, but we can’t say why » (C’est un sale type, mais on ne peut pas dire pourquoi).

Je me tiens évidemment à la disposition de quiconque désirerait prendre connaissance de nos documents et débattre de nos idées et de notre combat, sans préjugés ni sectarismes, mais avec toujours en tête notre devise et notre objet. J’espère que M. Le Gall en sera et que nous pourrons faire, dans et avec ATTAC, un bout de chemin ensemble, sans récupération ni bassesse d’esprit.


Jacques Cheminade

Président de Solidarité et Progrès