Les écrits de Lyndon LaRouche

LaRouche à Rome : une solution rooseveltienne à la crise systémique mondiale

mardi 4 mars 2008, par Lyndon LaRouche

Le 4 mars 2008 (Nouvelle Solidarité) — Le 28 février dernier, le démocrate états-unien, Lyndon LaRouche a pris la parole au cours d’une conférence à Rome aux côtés des personnalités politiques italiennes telles que Alfonso Gianni, sous-secrétaire au Ministère du développement économique et Catia Polidori, présidente des jeunes chefs d’entreprise de la CONFAPI. Nous reproduisons ici les grandes lignes de son intervention à cette conférence qui eut lieu dans les salons du Sénat italien.

Alfonso Gianni, Andrew Spannaus, Lyndon LaRouche, Claudio celani, Catia Polidori
Alfonso Gianni, Andrew Spannaus, Lyndon LaRouche, Claudio celani, Catia Polidori

Helga Zepp-LaRouche, présidente du parti allemand, Burgerrecthsbewegung Solidaritaet, a aussi prononcé un discours contre la ratification du Traité de Lisbonne dont le but est de remplacer le système d’Etats-nations hérité par l’Europe du Traité de Westphalie par une dictature supranationale dirigée depuis Bruxelles pour le compte de l’oligarchie financière internationale.

Une quarantaine de personnalités a participé à cette conférence parmi lesquelles des hommes politiques, des institutionnels et des économistes. Le modérateur était Claudio Celani, vice-président du Movimento Solidarietà. L’ensemble de la conférence ainsi que les débats peuvent être consultés sur le site de la Radio Radicale ici.

Lyndon LaRouche : Au cours d’une conférence Internet internationale, le 25 juillet dernier, j’ai averti que nous étions au bord du plus grand effondrement de l’histoire moderne, celui de l’actuel système monétaire international. Une semaine plus tard, cet effondrement avait lieu, provoqué par l’éclatement de la bulle immobilière qui gonflait aux Etats-Unis depuis un certain temps.

Mais cette bulle n’était que le point le plus faible du système monétaire international. C’est l’ensemble du système qui s’effondre actuellement sans qu’il ne soit possible de le sauver dans les mois qui viennent. Et l’on voit, au travers de quelques réactions, que certaines forces dirigeantes savent que dans les prochains mois c’est l’ensemble du système qui est condamné à disparaître. Des développements autour de la campagne présidentielle états-unienne, ainsi que la ratification rapide du Traité de Lisbonne en Europe qui mettrait fin à la souveraineté des nations d’Europe continentale, sont symptomatiques du type de préparatifs que certains envisagent pour faire face à la crise.

Je pourrais m’étendre sur la longue histoire de tout ceci, mais mon temps est limité. Ainsi, j’éviterai de parler de certaines choses qui sont extrêmement importantes mais sur lesquelles je pourrais revenir au cours de la discussion.

Quels sont les deux grands problèmes qui se posent ? D’abord, ces deux processus – la campagne présidentielle états-unienne et la ratification du Traité de Lisbonne (ndlr) — sont contrôlés depuis Londres, non pas depuis les Etats-Unis. Depuis 1971, bien que le dollar apparaisse comme ayant joué un rôle moteur dans le monde, ce n’était pas un dollar américain à proprement parler, mais un dollar international. Je vais décrire le phénomène bien connu qui définit la différence entre le dollar de 1968 et celui de la période 1971/72. Jusqu’au milieu de l’année 1971, le dollar avait été le pilier d’un système de changes fixes. Jusqu’à l’assassinat de John Kennedy aux Etats-Unis, cet arrangement de choses était solide. Une vague d’assassinats, y compris celui de Kennedy, a changé la situation politique mondiale et les conséquences de cet assassinat ont été la prolongation de la guerre du Vietnam.

Puis, nous avons eu, en 1968, l’effondrement de ce système, en partie causé par le phénomène des soixante-huitards. La structure politique du système a commencé à céder à cette époque. L’année 1971, le flottement du dollar, tout cela nous a conduit vers une autre grande fraude qui n’a pas été encore reconnue par la plupart des gens.

La conséquence des changements intervenus dans le système monétaire entre 1971 et 72, fut la soi disant crise du pétrole du début des années soixante dix. Puis il y eut le nouveau choc pétrolier de la période 72/73. La conséquence de tout ceci a été la création d’un dollar “Amsterdam”, le début du « damn » dollar, pour faire un jeu de mot en Anglais,qui a remplacé le dollar états-unien.

Donc, à partir de ce moment là, le dollar n’est plus la propriété des Etats Unis ; il est devenu le dollar anglo-américain, contrôlé via le marché spot de pétrole d’Amsterdam et d’autres endroits du même type. Dès lors, des réactions en chaîne se sont produites sur toute sortes de matière premières sur tous les marchés internationaux, essentiellement à partir de Londres.

Dans ce processus, entre 1968 et 1975, il y eut un changement très fondamental qui a fait que les nations d’Europe et les Etats-Unis, n’étaient plus les principaux moteurs de l’économie physique mondiale. Vous avez vu cela en Italie, où jusqu’à la fin des années 70, il y eut une amélioration importante des activités industrielles et agricoles, tout au moins dans l’Italie du Nord. Mais, généralement, depuis la période allant de 1968 à 1975, il y eut un déclin dans la productivité physique agricole et industrielle en Europe et en Amérique du Nord, en particulier.

Ce qui s’est passé est que la production a été transférée vers les marchés du travail à bas coûts à travers le monde. Mais, la Chine, par exemple, perd de l’argent dans ses échanges avec les Etats-Unis, parce que l’argent qu’elle perçoit pour produire pour eux, est moindre que celle qu’elle dépense pour la production de ces produits. La situation est similaire, bien que différente, avec l’Inde. Ce pays a 1 milliard cent millions d’habitants que l’on peut comparer au milliard quatre cent millions de la Chine. En Inde, près de 70% de la population est extrêmement pauvre, aussi pauvre qu’il y a des années, et les formes les plus aigues de misère continuent à s’accroître et s’étendre. C’est comme en Afrique. Vous avez des parties du monde qui fabriquent des produits à bon marché pour l’exportation mondiale. Mais si vous regardez les pays qui font cela, vous verrez qu’ils ne sont pas capables de soutenir leur propre population à partir de cette production.

Depuis la fin des années 60 l’économie mondiale n’a pour ainsi dire connu aucune réussite. Certaines personnes parmi les très riches ont connu une satisfaction certaine, alors que la qualité de vie a régressé pour d’autres qui n’étaient pas très pauvres. Prenons l’exemple des coûts et de la disponibilité des services de santé dans des pays tels que l’Italie et d’autres pays européens, ou aux Etats-Unis. [Comparons cela] aux revenus du maire de New York [Michael Bloomberg, ndlr] qui selon moi n’a jamais gagné réellement d’argent. Confronté avec le fait que sa fortune est de 11 milliards de dollars, il a protesté : « je ne vaux pas 11 milliards de dollars ; je vaux 40 milliards ! »

Je dois vous dire que le maire de New York, sur lequel je reviendrai dans mes remarques, est, selon les critères italiens de 1930, un fasciste. Sa politique est la même que celle de Mussolini et de Volpi di Misurata : le corporatisme. C’est le même programme qui a été appliqué par Hitler, via Hjalmar Schacht. La même politique, présenté sous des noms différents, est mise de l’avant par Londres en ce moment. C’est Londres qui anime la candidature de Bloomberg à New York. Londres s’active aussi actuellement, dans la presse, à détruire l’un des principaux candidats aux Etats-Unis : Barack Obama. Mais en même temps, Londres le soutient contre Hillary Clinton. Leur intention est de faire de Bloomberg le principal candidat aux Etats-Unis.

Tout ceci n’est pas inhabituel pour tous ceux qui connaissent l’histoire de l’Europe au cours du XXème siècle. Des périodes de graves crises financières, en particulier de crises terminales, aboutissent souvent à l’adoption de mesures désespérées par les intérêts financiers concernés qui détiennent le pouvoir politique. Ces intérêts existent à travers le système euro, et la même chose apparaît aussi à l’intérieur des Etats-Unis. Cependant, il y a un problème. La crise financière actuelle peut seulement être comparée à celle qui eut lieu en Europe lorsque la banque Bardi de Lucca s’est effondrée, plongeant l’Europe tout entière dans un nouvel âge des ténèbres où la moitié des paroisses et un tiers de la population sont disparus. La crise à laquelle nous devons faire face aujourd’hui est potentiellement beaucoup plus importante.

Mais il y a des alternatives. Il y a des solutions. Ce que je propose à tous les cercles concernés, est que les Etats-Unis changent profondément, et changent leur personnel. Au cours de la première moitié de cette année, le gouvernement états-unien devrait être amené à approcher la Russie, la Chine et l’Inde afin d’établir un nouvel accord monétaire pour créer un système de parités fixes.

Vous devez regarder deux facteurs clés de la situation mondiale pour comprendre ceci. D’abord, il n’y a pas eu de prospérité depuis 20 à 30 ans. Il y a eu des poches de revenus réels, et de poches de revenus artificiels, purement monétaires, irréels. Par exemple, les bulles immobilières états-unienne et européenne sont totalement frauduleuses. Les coûts du logement sont plus grands que la capacité des revenus salariaux des gens à les payer. Et ces prix sont irréels, ils sont gonflés. Comme vous le voyez maintenant, les prix de l’immobilier auront tendance à chuter, aux Etats-Unis, jusqu’au quart ou le cinquième de ce qu’ils ont été.Et même ce niveau d’activité économique n’est pas basé sur la réalité, mais sur un crédit qui est entièrement fictif. Ce sont des dettes qui ne pourront jamais être payées, du crédit qui ne sera jamais remboursé. En plus de cela, le revenu total nominal – les obligations du monde – représente de centaines de milliers de milliards de dollars), et en dollars, les sommes sont de l’ordre des trillions et des quadrillions. Dans la situation actuelle il n’y a aucune possibilité de résoudre le problème de cette dette.

En même temps que nous avons la crise la plus grave depuis le XIVème siècle, les principaux producteurs du monde, des pays comme la Chine, l’Inde, parmi d’autres, opèrent en dessous du seuil de rupture par rapport à la population mondiale dans son ensemble.

En d’autres termes, le transfert de la production européenne et états-unienne vers les pays en voie de développement, n’était pas fondé sur des considérations de compétitivité. La production a été exportée d’Europe et des Etats-Unis vers des pays qui n’avaient pas un revenu suffisant pour maintenir leurs propres populations. C’est pourquoi, l’effondrement de l’Europe et des Etats-Unis, se traduirait par une réaction d’effondrement en chaîne des économies asiatiques ainsi que de l’Afrique et de l’Amérique du Sud. Pour comprendre ce phénomène vous devez regarder ce qui s’est passé dans l’Europe du XIVè siècle. Nous devons faire face à un potentiel de nouvel âge des ténèbres au cours de ce XXIè siècle !

Maintenant, étudiez le taux d’effondrement démographique au Moyen Age, au milieu du XIVè siècle, alors que se produit l’effondrement en chaîne du système financier Lombard – quelque chose que les historiens italiens doivent pouvoir maîtriser. Au début, l’effondrement du crédit s’est traduit par un accroissement du taux de mortalité de la population européenne comme un tout. Ce taux de chute, de réduction de la population, s’est transformé en déclin accéléré de la population. La moitié des paroisses européennes sont disparues ! La population européenne s’est effondrée d’un tiers au cours d’une génération, et puis, a continué de s’effondrer à un rythme moins soutenu. La population actuelle se situe entre 6.5 et 7 milliards d’êtres humains. Qu’est-ce qui arrivera dans le cas d’un tel effondrement ? Nous aurons un nouvel age des ténèbres si nous acceptons que cela se passe. La civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui disparaîtrait, la population se stabiliserait à peu près à un milliard de personnes

Mais, il y a des solutions à cette crise, comme on l’a vu lors de la Renaissance européenne. C’est pourquoi ma proposition adressée aux Etats-Unis, à la Russie, à la Chine et à l’Inde, est très importante. Comme vous le savez, les nations à l’ouest de la Russie n’ont plus de réelle souveraineté pour traiter de ces problèmes. La globalisation a gravement miné la souveraineté de ces Etats européens. Mais, il y a en même temps une ironie dans cette situation : la Chine connaît mieux que toute autre nation sa vulnérabilité à ce type de crise. L’Inde a une plus grand résistance dans son système. Mais la menace reste tout de même existentielle. Le problème fondamental est qu’actuellement le monde ne produit pas la quantité de richesse physique, y compris l’infrastructure nécessaire, pour soutenir sa population de plus de 6.5 milliards d’individus.

Mais, en Europe et en Amérique du Nord en particulier, le potentiel technologique pour relancer la production économique physique existe ; il est enraciné dans le peuple, dans sa culture. Ceux qui connaissent l’histoire du régime de Mussolini, savent que ce n’est pas juste une question d’infrastructures. On doit procéder avec un type d’infrastructure basé sur un accroissement de la manufacture et de l’agriculture. Ceci veut dire des innovations hautement technologiques. La civilisation européenne a encore la capacité de réactiver le potentiel de productivité de sa population en utilisant les mêmes conditions d’urgence que Roosevelt utilisa. Il faudrait s’orienter vers des transports de masse modernes, à l’opposé de la dépendance actuelle envers l’automobile, libérant aussi tout le potentiel de l’énergie nucléaire, qui est actuellement étouffé. Les coûts apparemment élevés de l’énergie nucléaire sont frauduleux. Ils ne sont pas si élevés, ils sont artificiellement élevés ! Si nous investissons massivement dans l’énergie nucléaire, nous créerons les conditions pour sortir de la dépendance sur le pétrole actuelle et pour s’orienter vers le développement de l’énergie nucléaire non seulement pour des utilisations locales, mais aussi pour la génération de fuel synthétique basé sur l’hydrogène, permettant de remplacer le pétrole.

Nous avons, il est vrai, une population qui a perdu sa qualification pour la production – ils n’ont pas travaillé dans ce secteur depuis 25 ou 30 ans. Vous savez, ils dépendent de vieux hommes comme moi pour relancer la production. Mais nous savons comment faire cela, grâce à notre expérience du passé. Roosevelt a fait cela, avec la relance des Etats-Unis.

Il nous faut donc des accords de 30 à 50 ans, avec la Chine, l’Inde et avec d’autres pays – des accords monétaires et financiers à long terme. La Chine, en particulier, a un grand besoin de technologie européenne pour faire face à la crise que connaît sa propre population. Depuis Deng Xiaoping, celle-ci a été leur politique. L’Inde est déterminée à développer le cycle du thorium pour son énergie nucléaire, afin de construire des centrales de petite dimension. Les gens en Inde son très pauvres et très peu qualifiés, comme les populations africaines. Le fermier africain est productif selon les critères africains, mais il manque l’infrastructure qui pourrait rendre sa productivité efficace. Ainsi, en Europe et aux Etats-Unis, si nous sommes sages, nous pourrions établir des contrats avec ces pays. Nous avons un grand besoin de dirigeants imaginatifs qui réagiront contre la stupidité de la plupart de nos politiques menées ces dernières trente années. (…) Il n’y a pas de problème que l’humanité ne puisse potentiellement résoudre avec un bon leadership, dans la tradition de ceux qu’on a pu avoir aux Etats-Unis dans le passé.

En conclusion, mon problème est celui-ci : nous avons une crise politique en Europe et aux Etats-Unis, des deux côtés de l’océan. Elle est aigue. Nous sommes menacés par le retour d’un fascisme a une échelle qui dépasse de loin tout ce que nous avons connu dans le passé. Une dictature sous le nouveau Traité de Lisbonne menace l’Europe. Plus jamais aucun pays ne pourra exercer un contrôle sur le gouvernement de l’Europe. En même temps, nous devons faire face au même type de phénomène au cours de cette campagne électorale aux Etats-Unis. Obama ne sera pas élu ; il est appuyé par Londres pour éliminer Hillary Clinton de la course, puis, ils le sortiront du jeu. Regardez les grands journaux britanniques : ils touillent le scandale, ils sont prêts à le descendre. Ils ont soutenu Obama pour descendre Hillary Clinton. S’ils pensent que Hillary Clinton chute, ils le feront chuter également. Alors, le maire de New York deviendra le candidat présidentiel du parti démocrate. Et son programme électorale est fasciste, aussi fasciste que vous pouvez vous imaginer avec votre expérience d’européen.

Evidemment, je fais parti des gens qui, aux Etats-Unis, sont déterminés a empêcher que ceci ait lieu. Il y a beaucoup de gens influents aux Etats-Unis qui partagent mes préoccupations, y compris des personnalités de haut niveau qui ont fait partie des gouvernements et des institutions de gouvernement pendant une longue période. Je suis déterminé à éliminer cette option, et je suis en train de faire tout mon possible pour inciter mes amis à se joindre à moi.

J’admets que l’Europe continentale n’a plus un grand pouvoir politique dans le monde, et que si le Traité de Lisbonne est ratifié, elle en aura encore moins. Ma préoccupation est, cependant, de mobiliser des choses en Europe et de renforcer la confiance dans l’idée que nous pouvons prendre des mesures pour sortir le monde de ce cauchemar en utilisant les méthodes de Franklin Roosevelt. Les nations qui représentent la civilisation européenne doivent retrouver leur sens de mission pour restaurer le progrès technologique qui a rendu l’Europe grande dans le passé. Vous pouvez compter sur une chose : nous pouvons tous aller en enfer, mais, nous avons aussi une possibilité de gagner. Cette possibilité repose sur les achèvements de notre culture, et si nous pouvons faire renaître la confiance en elle, alors nous pouvons gagner ! C’est une guerre que nous pouvons gagner, mais aussi que nous pouvons perdre. Avons-nous la volonté de gagner ? Voilà mon message.