Brèves

Quand les néo-cons français s’inquiètent de LaRouche

lundi 3 mars 2008

Le 3 mars 2008 (Nouvelle Solidarité) — Mis en valeur par le site du Courrier International, un site de série B, Conspiracy Watch tient à sonner l’alarme sur l’influence croissante des idées de Lyndon LaRouche sur tous ceux qui s’opposent au « coup d’état du traité de Lisbonne ».

Sous le slogan « La propagande LaRouchiste investit un site eurosceptique », Conspiracy Watch, plus élégamment en français « Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot », qui tend à s’ériger en véritable police de la pensée, note que le site L’Observatoire de l’Europe, dirigé par Christophe Beaudoin et édité par le Groupe Indépendance/Démocratie des eurosceptiques au Parlement européen, a posté depuis mercredi l’article de Mme Helga Zepp-LaRouche : « Le Traité Européen détruit la démocratie et instaure le féodalisme : Exigeons un référendum ! » où elle souligne le caractère foncièrement anti-constitutionnel du traité.

Mais ce qui irrite surtout Conspiracy Watch, ce sont les aspects dissimulés du traité sur le plan militaire, en particulier au moment où Pierre Lellouche prépare pour Sarkozy le retour de la France dans l’Otan, quitte à envoyer quelques soldats français au casse-pipe en Afghanistan :

« Helga Zepp-LaRouche développe dans ce texte les poncifs de la propagande larouchiste selon laquelle l’Union européenne est une ‘dictature oligarchique’, une ‘structure impériale agressive’, et la construction européenne un complot, fruit ‘d’une stratégie impérialiste de confrontation, dirigée contre la Russie et la Chine’. Elle n’hésite pas, au mépris de l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire, à présenter la clause de solidarité prévue par le traité de Lisbonne entre Etats membres de l’UE comme une disposition belliqueuse. ‘Ce qui est sûr, allègue-t-elle, c’est que ‘assistance militaire’ signifie bel et bien ‘intervention armée’, y compris pour résoudre des conflits et mener des guerres offensives, avec obligation pour les pays de s’équiper’. Or, ceci, il ne devrait pas être nécessaire de le préciser, est totalement erroné, les Etats conservant naturellement leur liberté de participer ou non à une intervention armée impliquant un ou plusieurs autres Etats membres. Mais les larouchistes n’en sont pas à une manipulation près. »

L’auteur n’a visiblement pas pris la peine de lire le traité, qui, il est vrai, est illisible.

Remarquez que l’ancien Ministre de la défense, Jean-Pierre Chevènement, probablement un conspirationniste très habile, dans sa tribune au Monde du 8 novembre 2007 se demandait :

"Celle-ci [Elisabeth Guigou] a-t-elle lu l’article 17 bis : "Avant d’entreprendre toute action sur la scène internationale... chaque Etat membre consulte les autres au sein du Conseil européen ou du Conseil" ? Et l’article 19 : "Lorsque l’Union a défini une position sur un thème à l’ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-membres qui y siègent (la France et la Grande-Bretagne) demandent que le Haut Représentant de l’Union pour la politique extérieure soit invité à présenter la position de l’Union" ?

Chacun peut comprendre que si de telles dispositions avaient été en vigueur en 2003, la France, ne pouvant s’opposer à la fois aux Etats-Unis et à l’Union européenne, dont la majorité des Etats membres sont alignés sur eux, n’aurait pu se dissocier de l’invasion de l’Irak, pas plus que demain elle ne pourra éviter de cautionner des frappes militaires sur l’Iran, si les Etats-Unis, déjà engagés dans la campagne présidentielle de 2008, venaient à les décider !

L’article 27 réitère que l’OTAN reste pour les Etats qui en sont membres (la quasi-totalité) le cadre de leur défense. Exit la défense européenne ! "

Sans surprise, la nébuleuse de petits néo-conservateurs français qui nourrit Conspiracy Watch est fortement peuplée d’individus prêts à démarrer au plus vite les frappes aériennes contre l’Iran, la Syrie, le Soudan, la Libye, Cuba, le Venezuela, Poutine, Benoît XVI, la Chine et tant d’autres états totalitaires.