Déclarations de Jacques Cheminade

Déficit commercial record en 2007 ? Go East !

dimanche 10 février 2008, par Jacques Cheminade

Déclaration de Jacques Cheminade

Paris, le 10 février 2008

La balance commerciale de la France a enregistré un déficit historique en 2007 : 39,2 milliards d’euros, 11 de plus qu’en 2006. L’on a entendu tout de suite les cris d’orfraie. Laurence Parisot, pour le Medef, a affirmé que nous ne sommes pas « compétitifs » parce que nos salaires sont trop élevés. Gilles Moec, économiste de la Bank of America, s’est écrié : « Le cours normal des choses serait de freiner la hausse de la masse salariale pour restaurer de la compétitivité...Dans ce domaine, la France a de la marge, car contrairement à d’autres pays, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises n’a pas chuté au cours des dernières années ». Tout ceci sans considérer que depuis 20 ans, la part des salaires dans notre produit intérieur brut a baissé de dix points, gagnés par le capital ! En clair, alors que les cadres dirigeants gagnent plusieurs centaines de fois le SMIC, il faudrait faire baisser encore davantage le pouvoir d’achat des travailleurs, comme en Allemagne ! En fait, si l’on y regarde de plus près, même de l’intérieur du système financier actuel, les problèmes sont les suivants :

  • effet du coût de l’énergie sur les producteurs ;
  • exportations groupées autour d’un nombre réduit de produits : Airbus, centrales nucléaires, produits de luxe, produits agro-alimentaires, avec une faiblesse dans les biens d’équipement intermédiaires ;
  • pas assez de PME de taille moyenne ;
  • insuffisances de la formation professionnelle ;
  • insuffisance de l’assistance juridique dans les pays émergents ainsi que de l’aide à la prospection des marchés par des services d’accompagnement publics ou même privés gratuits ;
  • grave déficit dans la politique de recherche, de développement et d’innovation.

Cependant, bien plus fondamentalement, ce qui est en cause est un changement de la règle du jeu. Aujourd’hui, la logique financière dominante signifie un démantèlement de l’industrie ou une austérité sociale imposée aux travailleurs et aux consommateurs, tous deux inacceptables. C’est pourquoi les paramètres nouveaux d’un Nouveau Bretton Woods et d’un Pont terrestre eurasiatique, sans être une solution à tous nos maux, définissent la direction pour en sortir.