Brèves

Candidature de Michael Bloomberg : du chevalier noir au chevalier blanc

lundi 7 janvier 2008, par Lyndon LaRouche

Le 4 janvier 2008 (LPAC) - Il faut reconnaître que Lyndon LaRouche ne s’était pas trompé quand il affirma que Michael Bloomberg comptait présenter une candidature indépendante aux présidentielles américaines une fois la candidature de l’ancien maire de New York Rudy Giuliani aux abois, un scénario qui s’est produit comme prévu (voir ici).

Ce moment est arrivé maintenant avec les misérables 4 % obtenus par Giuliani lors des caucus de l’Iowa suivi de tout le brouhaha qui nous arrive de l’Oklahoma sur une candidature indépendante de Bloomberg.

« On a vu juste », disait LaRouche, « et ceux qui nous ont accusés d’avoir tort, vont-ils finalement s’excuser ou admettre leur stupidité ? »

Quelques éléments dans la chronologie de la candidature de Bloomberg ont été réunis par Antony Chaitkin :

  • Le 2 août 2006 : la candidature de Bloomberg fut promue pour la première fois suite à une réunion au domicile de l’opérateur de hedge fund Michael Steinhardt. Lors d’un diner, le caniche de Felix Rohatyn et de Steinhardt, le directeur exécutif du Democratic Leadership Council (DLC) [une des instances dirigeantes du parti démocrate étasunien] Al From, expliquait à Bloomberg et son staff les conditions techniques pour démarrer une campagne comme un « Chevalier noir », une fois le concurrent principal par terre. Ceci a fait émerger la candidature de Bloomberg comme alternative à la torpille que comptait envoyer Steinhardt et Rohatyn pour couler le parti démocrate : le projet d’un « ticket » réunissant John McCain et Joe Lieberman conçu auparavant par le DLC. Suite à ce dîner, le New York Times signalait que « les projets de Monsieur Bloomberg » trouvaient des « adeptes parmi les new-yorkais fortunés. »
  • Le 8 août, 2006 : le sénateur Lieberman fut battu par le candidat démocrate anti-guerre Ned Lamont lors de l’élection du Connecticut. Lieberman commença à se présenter comme un indépendant contre les démocrates faisant campagne en soutien à la politique dictatoriale de guerre permanente prônée par Dick Cheney.
  • Le 9 aout 2006 : Bloomberg annonca son soutien à Lieberman. Entre cette date et l’élection de novembre, Bloomberg s’est déployé à réunir des fonds pour l’élection de Lieberman, déployant de gros efforts y compris son personnel pour réveiller les média’s pour couvrir la candidature de Lieberman et convaincre les électeurs. Lieberman le remercia en soulignant qu’aucune « figure publique n’a fait tant pour moi que Mike dans cette campagne. »
  • Le 11 mai 2007 : Bloomberg fut l’orateur lors du jour de la remise des diplomes à l’Université d’Oklahoma dont le président est l’ex-sénateur David Boren. A l’époque, Robert Novak disait que Bloomberg, dans le cadre de cet évènement, « s’est exprimé longuement lors d’une discussion privée avec le président de l’université, le démocrate inclassable David Boren. D’après des sources new-yorkaises, Bloomberg aurait abordé l’apport éventuel de Boren à sa campagne, et les rumeurs d’un ticket indépendant Bloomberg-Boren ont commencé à fuser. » Notez que Boren fut membre de la corpo de Yale « Skull and Bones » et possède un diplômé en économie, philosophie et politique d’Oxford.
  • Le 13 mai 2007 : la chaîne de télévision américaine CBS rapportait que « après un souper avec le maire de New York, qui envisage une candidature aux présidentielles, le sénateur Chuck Hagel a dit que les gens pouvaient vouloir un ticket Bloomberg-Hagel. Il est le maire d’une des villes les plus merveilleuses du monde et il fait que ça marche. Voilà ce que recherche l’Amérique : c’est une grande idée à prendre en considération : un gars de New York et un gars du Nebraska comme une seule équipe pour diriger ce pays. »
  •  

    Rencontre Murdoch (à gauche) et Bloomberg
  • Le 5 juin 2007, le patron de Fox News Rupert Murdoch a invité Bloomberg comme invité d’honneur lors du 9ième prix Eric Breindel. L’éditrice Lally Weymouth de Newsweek a introduit Bloomberg en disant « Tous les gens que je connaisse pensent que c’est un maire brillant, disait-elle, et tout le monde pense qu’il serait un président brillant. » Bloomberg répondait que « Il y a neuf ans, qui aurait pensé que ce prix aurait une telle renommée dans le journalisme ? ...ou que le site internet le plus fréquenté serait un album de photo interactif du nom de MySpace ? Qu’inventera-t-il encore Monsieur Murdoch ? J’imagine qu’il suffit de demander à la famille Bancroft. » Le directeur de Fox News s’en est pris aux candidats démocrates refusant de débattre sur sa chaîne : “Les candidats qui sont incapables de confronter Fox, ne seront pas capables d’affronter Al-Quaïda. »
  • Le 18 juin 2007, Bloomberg a pris la parole en Californie lors d’une conférence intitulée « Cessez-le-feu ! En finir avec les divisions partisanes » à coté du gouverneur de la Californie Arnold Swarzenegger, qui confiait que « Moi, je pense qu’il serait un excellent candidat. Il s’agit de résoudre les problèmes et d’offrir une vision pour l’avenir. »
  • Le 19 juin 2007, Bloomberg modifia son inscription sur les listes électorales de républicain à « non-affilié ».
  • Eté 2007 : l’ancien chef de campagne du président Ronald Reagan, Ed Rollins, faisait l’éloge des qualités de Bloomberg dans un article du Washington Post et le sommant de déclarer sa candidature. Rollins a pris ensuite le poste de chef de campagne pour Mike Huckabee.
  • Le 1 novembre 2007 : l’Institut Manhattan accueille Bloomberg et Rohatyn à une conférence appelée « Pensez grand pour New York City ». Dans le discours d’ouverture, Bloomberg remercia l’Institut pour son travail sur la réforme de la sécurité sociale et la fiscalité. Aujourd’hui, le nombre de bénéficiaires est au plus bas depuis quarante ans. Rohatyn racontait son expérience dans la gestion du Big Mac [programme qui livrait la gestion de la ville de New York à un conseil de banques privées]. Il rappelait comment le patron du parti démocrate Robert Strauss est venu le chercher pour ce poste. Rohatyn ajouta que « Mike Bloomberg est un autre grand dirigeant politique, en partie parce qu’il est immensément smart et courageux, mais aussi il a su associer des gens de talent à sa gouvernance, tels que Amanda Burden et Dan Doctoroff... Mike Bloomberg est arrivé après le 11 septembre et a su remettre sur pied la ville avec son esprit, son cerveau et sa vision. Aujourd’hui, sa ville est clairement au top des capitales financières bien qu’une compétition existe avec Londres, Shangaï et bientôt Bejing. Nous sommes la capitale du luxe dans le monde. Il n’existe pas une seule marque de luxe dans le monde n’ayant pas siège sur Fifth Avenue. Non pas que c’est très économique, mais c’est un grand business qui façonne l’image permettant d’identifier une ville... »
  • Le 10 novembre 2007, Lyndon LaRouche déclara que « si l’analyse statistique a une valeur quelconque, le bruissement médiatique en faveur de l’ancien maire de New York Giuliani porté aux nues comme ‘l’homme de la situation’ capable de battre Hillary Clinton lors des prochaines élections présidentielles, est un piège monté de toutes pièces visant à créer un boulevard permettant l’émergence ’miraculeuse’ de Michael Bloomberg, l’actuel maire de New York, comme le vrai challenger républicain. Tous les kingmakers [les décideurs en coulisses] républicains savaient d’avance quel scandale pouvait faire chuter Giuliani, l’homme de la pègre, et l’inculpation de son garde du corps Bernard Kerik ne fait que dresser le piège monté contre Giuliani. Afin de faire de Bloomberg un challenger majeur, Giuliani devra être descendu, mais seulement après que Giuliani, en jouant son rôle de ’Reine d’un seul jour’, ait fait le ménage en affaiblissant suffisamment les autres candidatures potentielles républicaines. La chute de Giuliani ouvrirait la voie à Bloomberg pour devenir (au moins en apparence) le candidat rêvé pour l’investiture républicaine.
    En bref : l’option républicaine pour battre la démocrate Hillary Clinton consiste à mettre « un chevalier blanc » dans le jeu, qui, perçu comme le « choix du peuple », apparaît comme un produit acceptable dans le contexte actuel où aussi bien le parti républicain que le parti démocrate sous Pelosi ont perdu tout crédit.
    Pour réussir cet espèce de coup d’état politique dans la course présidentielle actuelle, la candidature de Giuliani doit émerger jusqu’au point où sa chute soudaine et désastreuse -dans un scandale politique à la ’Black Sox’ [scandale de tricherie lors du championnat de baseball en 1919] - jetterait un énorme discrédit sur Giuliani et ses rivaux actuels. Et c’est exactement comme cela que les choses se présentent dans un script (visiblement) écrit d’avance. »
  • Le 30 novembre 2007 : Barak Obama et Michael Bloomberg ont déjeuné et parlé stratégie ensemble.
  • Le 11 décembre 2007 : Un article de Bloomberg « L’Amérique doit résister au protectionnisme » fut publié par le Financial Times de Londres.
  • Le 18 décembre 2007 : Lieberman, interrogé par la chaîne MSNBC s’il figurera sur le ticket avec McCain répond « je ne pense pas » et ajouta sans réfléchir « En fait je pensais plutôt à Michael Bloomberg. »