Editos

L’erreur de M. Sarkozy

jeudi 29 novembre 2007, par Jacques Cheminade

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarit&eacute, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.

L’erreur de Nicolas Sarkozy est de prendre la réalité pour un jeu vidéo. Erreur de son temps et de son âge. T’as la bonne tactique, tu maîtrises l’ordre du jour et l’ordre du temps, tu ne cèdes pas sur l’essentiel mais tu procèdes par touches successives, tu joues tes adversaires les uns contre les autres et c’est gagné !

C’est gagné ? Oui, sur le papier. Le cap de la droite financière est maintenu sur les grands principes : passage aux quarante ans de cotisation pour les retraites en 2012, indexation des pensions sur les prix, instauration d’une décote pénalisant les départs précoces, maintien de la loi Pécresse pour les universités. Coco, on joue les usagers écoeurés contre les travailleurs de la SNCF, de la RATP et de la Fonction publique, on monte les étudiants qui ont choisi les filières les plus efficaces, qui applaudissent lorsque les CRS tapent les plus pauvres, et on se constitue un matelas à droite avec un paquet fiscal de 15 milliards. On cumule ainsi ses soutiens naturels, contrairement à Alain Juppé en 1995, qui avait augmenté les impôts et traumatisé les médecins, et à gauche on débauche les Böckel, Kouchner et autres Besson tout en arrosant un peu les grévistes : bonifications pour les personnels en place, régime de fin de retraite, accompagnement en fin de carrière, augmentations de salaire à EDF et GDF. « On fait évoluer », on avance par coups successifs, comme avec les lois sur l’immigration, qui ont permis d’avancer étape par étape jusqu’à modifier totalement la politique française d’accueil, comme avec le démantèlement du code du Travail actuellement en cours (examiné à l’Assemblée nationale en commission le 27 novembre), comme avec notre politique étrangère otanisée et cheneysée.

Alors, où est la faille ? En trois points.

Le premier, essentiel, est que la crise financière et monétaire internationale devient sous nos yeux effondrement du système : chute des deux grands de la réassurance hypothécaire, Freddie Mac et Fannie Mae aux Etats-Unis, extension de la crise du crédit immobilier et de la tritrisation tous azimuts en Espagne, en Grande-Bretagne et de plus en plus chez nous, et surtout, explosion des produits financiers dérivés, qui ont doublé en France en trois ans, à 65 000 milliards de dollars. Une bombe à retardement est ainsi déclenchée au sein de notre économie.

Le second point, conséquence du premier, est la spéculation sur les matières premières qui détruit le pouvoir d’achat.

Le troisième est que le show repose sur l’absence d’opposition : un PS impuissant et un Besancenot faire-valoir boosté en diable rouge sans projet.

Avec le retour du réel et l’explosion de la bombe financière, tout peut s’écrouler, tout s’écroulera du jour au lendemain, croissance, popularité, mise en scène... Le principe de réalité révélera en effet l’absence de stratégie et la dépendance vis-à-vis des possédants financiers. Mon projet est une réponse à ce moment de vide. Il se conjugue aux efforts de mes amis américains pour remettre les Etats-Unis dans les pas de Franklin Roosevelt.