Editoriaux de Jacques Cheminade

L’enjeu

lundi 29 octobre 2007, par Jacques Cheminade

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarit&eacute, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.

La hausse des prix reflète la décomposition du système économique et le blocage systématique de la production par la spéculation financière. Les prix des produits agricoles se sont ainsi envolés de 6,2 % en septembre (18,3 % en un an). Les prix des céréales ont augmenté de 20,5 %, ceux des fruits de 23,7 %, les protéagineux (soja) et oléagineux respectivement de 24,7 % et 12,5 %. Le litre de lait vaudra 20 % de plus d’ici décembre. En même temps, le prix du baril de pétrole, qui était de 30 dollars en 2004, s’élève à plus de 90 dollars aujourd’hui. Les prix de l’essence et du gazole à la pompe s’envolent. En un mois, le coût du panier de la ménagère a augmenté de 9,5 %, selon l’aveu même du Figaro. Le krach débarque dans nos assiettes et nos véhicules. Personne ne peut plus le nier.

Or, que propose la Commission de Bruxelles ? L’abaissement des droits de douane et de « revoir le système de paiement unique aux agriculteurs ». Plus de marché, plus de libéralisme et plus de concurrence, c’est-à-dire moins de mesures d’accompagnement et d’aide à la production. Elle promeut les agro-carburants, hérésie économique et sociale qui diminuera la production pour l’alimentation, alors que tous les stocks mondiaux sont en baisse.

Que propose le gouvernement Sarkozy ? L’arrêt de la construction des centrales nucléaires et le recours aux énergies vertes, dont la densité de flux ne peut en aucun cas soutenir un processus industriel. Al Gore, escroc à la « catastrophe environnementale », triomphe au Grenelle de l’environnement. Son film pourra être montré dans toutes nos écoles. Le bourrage de crâne est à son comble.

En même temps, le Traité européen simplifié consacre une Europe des privatisations et de la concurrence, avec des privilèges exorbitants en faveur des intérêts financiers britanniques.
Bref, la production et la justice sociale sont bafouées. Le système est tombé sur la tête et ceux qui, comme Attac, en analysent tous les défauts sans proposer de solution systémique sont, eux, tombés en état de dépression. Quant à l’opposition socialiste, elle oscille entre le oui et l’abstention au Traité européen, c’est-à-dire entre la soumission et l’impuissance.

Face à cet effondrement de la raison, nous luttons ici pour deux choses, sans nous disperser : des mesures urgentes pour protéger le panier de la ménagère et un nouvel ordre économique et monétaire international fondé sur la production, l’équipement et le travail. Nous ne nous battons pas pour mendier des positions, harceler le pouvoir en place ou influencer les choses, mais pour changer le cours de l’histoire. Nous reprenons, dans la tempête, le flambeau d’une certaine idée de la France.

Si le changement n’est pas accompli, chez nous et dans le monde, si l’on ne retrouve pas une culture de la découverte et de la solidarité, le monde sera voué à l’esclavage mental du plus grand nombre et à une crise générale de civilisation, avec un effondrement de la population mondiale faute de moyens pour la maintenir. Tel est l’enjeu.

Se dérober au combat, c’est ne rien faire devant un crime.