20 ans après, l’héritage du Président Sankara

lundi 15 octobre 2007

Au vu de la situation économique financière et diplomatique du monde en 2007, nous jugeons que le discours du Président Sankara lors de la conférence de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) le 29 juillet 1987, n’est pas un élément d’archive, mais une part intégrante du combat politique à mener aujourd’hui.

Il y a 20 ans jour pour jour, le Capitaine Thomas Sankara, président du Burkina Faso était assassiné avec la collaboration « passive » des intérêts néo-coloniaux français.

Vous pouvez visionner ici le discours de Thomas Sankara lors de la conférence de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) le 29 juillet 1987. Il fut assassiné 3 mois plus tard par certains de ses « camarades » révolutionnaires, achetables et achetés par les puissances extérieures.

Sankara était un vrai révolutionnaire et patriote. C’était un marxiste catholique. Il oeuvrait au développement des capacités de production Burkinabaise plutôt que le libre échange, il a donné des terres aux agriculteurs, il a fait vacciner la population, il a fait rouler son gouvernement en R5 plutôt qu’en Mercedes, il a embauché des femmes dans les forces de sécurité,etc.. Puis, vous le verrez dans ce discours, il commence à organiser la souveraineté économique, non seulement du Burkina Faso, mais de tous les pays africains en défendant un moratoire sur la dette pour un système de nations fonctionnant dans leur intérêt mutuel.

Jacques Cheminade a présenté ce discours lors de la Conférence internationale de l’Institut Schiller les 15 et 16 septembre dernier à Kiedrich, Allemagne :

« Je veux maintenant vous montrer quelque chose qui, dans notre paysage mental, doit être ajouté au discours prononcé par José Lopez Portillo aux Nations unies, en 1982, que vous avez pu voir et entendre hier matin [1]. Je vous présente donc l’intervention de Thomas Sankara devant l’Organisation de l’unité africaine, le 29 juillet 1987, alors qu’il était président du Burkina Faso. »

Après que les spectateurs eurent vu cette intervention sur vidéo, Jacques Cheminade ajouta :

1) Si vous avez observé des choses semblables dans les deux discours - celui de Lopez Portillo et celui de Sankara - malgré le caractère et l’apparence très différents de ces deux hommes, vous avez eu tout à fait raison. José Lopez Portillo est toujours demeuré très proche - jusqu’à sa mort - de Lyndon LaRouche et d’Helga Zepp-LaRouche, et c’est soutenu par eux qu’il a lancé, en 1982, sa « bombe de la dette ». Thomas Sankara connaissait notre combat à travers certains de mes amis. Aujourd’hui des parlementaires français et plusieurs maires soutiennent la résolution d’Helga Zepp-LaRouche et de moi-même en faveur d’un nouveau Bretton Woods et d’une annulation de toute dette illégitime. Michel Rocard a pris également parti en faveur d’un nouveau Bretton Woods, à sa manière, et il était un ami politique d’un de mes amis qui fut responsable des affaires africaines de mon pays et connut Sankara - avant que François Mitterrand ne trahisse le vent qui se levait alors pour émanciper la Françafrique. C’est ainsi qu’aujourd’hui renaît un mouvement pour la justice en faveur des pays du Sud, en France, suivant la voie ouverte par Lopez Portillo, Sankara et LaRouche. Je vous ai montré ce discours pour que, tous, vous contribuiez à élargir cette voie.

2) Sankara est, ajoutons-le, un nom provenant d’un sage indien du VIIe siècle, commentateur des Vedanta dont l’influence s’est maintenue jusqu’à nos jours. Je vois dans cette coïncidence comme un appel au dialogue engagé des cultures et des civilisations. En 1987, Thomas était seul - ou presque - dans son combat pour un nouvel ordre économique plus juste. Il était, ce qui est compréhensible dans les conditions d’alors, aveuglé par une vision trop africano-centriste. Vous l’avez entendu dire dans son intervention : « Si le Burkina Faso demeure seul dans son refus de payer sa dette, je ne serai pas parmi vous à votre prochaine conférence. » Le Burkina Faso demeura seul, et Thomas Sankara - après un affrontement très dur avec François Mitterrand - fut assassiné le 15 octobre 1987, moins de trois mois après son discours du 29 juillet. Il ne fut donc pas présent, comme il l’avait dit, à la conférence de l’Organisation de l’unité africaine.

3) Aujourd’hui, le monde est davantage devenu une unité et se trouve davantage perçu comme tel. Et, à la différence de Sankara, nous ne sommes pas seuls dans notre combat. Nous n’avons donc aucune excuse pour nous dérober.


[1Il s’agit du discours par lequel le président mexicain Lopez Portillo lança la « bombe de la dette » - le refus de payer une dette illégitime - et qui, faute d’appuis par d’autres dirigeants, signa son arrêt de mort politique. (Pour voir la vidéo du discours de Lopez Portillo, cliquez ici)