Ce que nous changeons

FACE A LA DESINTEGRATION FINANCIERE (déclaration de Jacques Cheminade)

mardi 14 août 2007, par Jacques Cheminade

Déclaration de Jacques Cheminade (disponible en format tract/.pdf pour distribution immédiate)

le 13 août 2007

La situation est tragique. Les médias ne retiennent que le spectaculaire, les hommes politiques bronzent ou font semblant de bronzer. La réalité cependant frappe. Le système dans lequel nous vivons agonise. D’abord dans sa dimension financière et monétaire : sa pompe à finances se trouve tarie. Le mécanisme des spéculations sur l’immobilier américain, nourries par des emprunts en yens transformés en dollars, est brisé. Les hedge funds, mis en place pour dépecer les entreprises, s’effondrent. Les banques qui avaient tenté de transmettre leurs risques ailleurs sont prises au piège et chacune soupçonne sa voisine d’être atteinte. L’effet « château de cartes » joue à plein. Le dilemme, au sein du système, est le suivant : ou bien l’on abaisse les taux d’intérêt, mais alors l’inflation s’emballe en chaîne, ou bien on les augmente, et les marchés financiers s’effondrent. L’économie réelle se trouve frappée d’ores et déjà de plein fouet : la hausse des produits alimentaires, qui touche le portefeuille de chacun d’entre nous, en est la manifestation évidente. Si rien n’est fait pour changer de direction, le pire est à venir.

Jean-Claude Trichet se retrouve le cul entre deux falaises

La vérité est qu’il n’y a plus de solution au sein du système. Ce qui se passe n’est pas un accident cyclique, mais la crise de tout le système que Lyndon LaRouche et moi-même voyons se dérouler depuis plus de trente ans. On n’a rien fait pour arrêter le processus. Le cancer financier que je dénonçais lors de ma candidature présidentielle de 1995 produit partout des métastases. La génération de baby-boomers et de post-soixante-huitards qui sont dans les allées du pouvoir sont incapables de faire face, car ils sont les produits du système. C’est tout l’aspect culturel et générationnel de la crise. Peut-on imaginer Christine Lagarde changer de système ? Peut-on imaginer Jean-Claude Trichet devenir autre chose qu’un gnome monétariste ? Peut-on imaginer Dominique Strauss-Kahn servant les peuples et non l’oligarchie financière ?

Ce tract est écrit pour ceux qui ont le courage de penser autrement, son but est de les décider à se battre. Se battre pour quoi ? Pour éviter que l’effondrement financier et monétaire, désormais inéluctable du fait même du système, entraîne avec lui la production, la santé publique, l’éducation et la recherche. C’est une question de justice ou d’outrage. C’est une question de paix ou de guerre. L’alternative est à notre portée, à condition que l’on se batte.

A l’échelle nationale, il faut prendre les mesures d’urgence que je préconise dans « Mon projet contre les puissances du fascisme financier » de 2006 :

1) Création d’une banque nationale de développement, émettant du crédit à long terme et faible taux d’intérêt en faveur de grands travaux d’équipement à l’échelle française, européenne et eurasiatique, de l’ordre de 50 milliards d’euros ;

2) Transformer le Conseil d’analyse stratégique en un Centre d’action stratégique, dirigé par un Ministre délégué auprès du Premier Ministre et participant aux Conseils des Ministres ;

3) Mobilisation de la Caisse des Dépôts et Consignations pour une mission d’intérêt général en faveur des PME et du logement social à un niveau de l’ordre de 20 milliards d’euros ;

4) Mesures de contrôle des flux de capitaux, en tant que de besoin. Ces quatre mesures d’urgence constituent une protection offensive face à ce qui nous arrive.

Cependant, ces mesures ne serviront à rien si nous laissons la politique internationale aux mains des pouvoirs actuels. C’est pourquoi, à l’échelle du monde, nous devons intervenir sans attendre :

1) Soutenir la perspective d’un Nouveau Bretton Woods, défendue depuis longtemps par Lyndon LaRouche, un nouvel ordre économique et monétaire international qui redonne priorité à l’équipement du monde et au niveau de vie des peuples, contre les hedge funds et l’oligarchie financière ;

2) Soutenir la perspective de grands travaux, dans un cadre européen, eurasiatique et mondial, qui relancent l’économie réelle, avec des prêts à long terme et à très faible taux d’intérêt, convenus entre états sur la base de programmes à horizon long (10 à 50 ans, de l’ordre de 1.000 milliards d’euros pour l’UE) ;

3) Déclarer la banqueroute du système financier et monétaire international actuel, en réorganisant de fond en comble le système de dettes (élimination des dettes illégitimes, interdiction du recours aux produits financiers dérivés...) ;

4) Rétablir un système de taux de change fixes, avec un instrument de référence-or (et non d’étalon or) pour permettre les compensations des échanges entre états ;

5) Soutenir ceux qui, aux Etats-Unis, combattent pour obtenir la démission ou la destitution du vice-président Cheney, sans plus attendre, pour éviter qu’il lance une provocation suivie d’une aventure militaire qui, cette fois créerait l’irréparable.

Il ne s’agit pas de mesures techniques. Il s’agit de politique. Alors que l’oligarchie financière opère au niveau du monde et à la vitesse de la lumière pour ses transferts de fonds, nous devons opérer au même niveau. Lyndon LaRouche, l’homme qui inspire aux Etats-Unis et dans le monde le retour à une politique rooseveltienne, fondée sur un Global New Deal, est en train de réunir des américains, des russes, des chinois, des indiens et des européens pour la construction politique d’un pont terrestre eurasiatique, un ordre de développement mutuel Est-Ouest et Nord-Sud.

Il faut mettre au service de la paix et du développement mutuel les ressources que le XXe siècle mit trop souvent au service de la guerre. C’est notre défi. La France, avec sa vocation universelle, doit le relever. Avec le mouvement de jeunes que nous constituons, nous l’avons fait. C’est le moment de nous suivre ou de nous dépasser.


A utiliser d’urgence : Mon projet contre les puissances de chantage du fascisme financier