Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Peuple souverain

mardi 3 février 2004

Selon la Quinzième chambre correctionnelle de Nanterre, « Alain Juppé a, alors qu’il était investi d’un mandat électif public, trompé la confiance du peuple souverain ». Il s’ensuit sa condamnation à dix-huit mois de prison avec sursis et une peine d’inéligibilité de dix ans. Cette décision de justice m’inspire le même sentiment que la condamnation d’Henri Emmanuelli, en 1996, à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans de privation de droits civiques. Dans quel état se trouvent donc le monde et notre société pour qu’une application stricte du droit, dans ces deux cas, apparaisse comme inéquitable !

En effet, le tribunal invoque la « confiance du peuple souverain », alors que ses droits sont bafoués au vu et au su de tous et que le mensonge d’Etat règne partout dans le monde.

Si MM. Juppé et Emmanuelli sont coupables, quelle peine mérite alors un George Bush qui, dans son récent message sur l’Etat de l’Union, a affirmé que « le rapport Kay a identifié en Irak des douzaines d’activités liées à des programmes de destruction massive » ? Il a osé ajouter : « Maintenant, personne ne peut plus douter de la parole de l’Amérique », alors qu’au contraire David Kay a déclaré à plusieurs reprises qu’« il n’a pas été possible de trouver la moindre preuve matérielle » de l’existence d’un quelconque arsenal ! Quelle peine mérite donc le vice-président Cheney, qui a menti au peuple américain, au Congrès de son pays et au monde sur les armes de destruction massive, sur l’existence d’un programme nucléaire en Irak et sur ses compromissions avec la société Halliburton pour justifier la guerre préventive et son enrichissement personnel ? Quelle foi accorder à la justice britannique après le rapport Hutton, qui blanchit Tony Blair ?

Que peut-on penser d’un gouvernement français qui conteste les néo-conservateurs américains, alors que le ministre de la Justice, Dominique Perben, propose une loi liberticide ? Que peut-on penser d’un Président de la République dont le Conseil constitutionnel a blanchi les comptes de campagne en 1995, alors qu’il me condamnait sans vergogne à la ruine financière ? Que penser des bonnes âmes qui attaquent ce même Président en raison de sa politique vis-à-vis de la Chine, tout à fait justifiée car il faut intégrer dans les affaires du monde ce pays qui se développe, et qui ne contestent en rien les violations des droits de l’homme dont l’administration américaine actuelle se rend coupable ?

Il faut arrêter les simagrées hypocrites et frapper le mal à sa racine. Le combat de Lyndon LaRouche contre Dick Cheney est, à cet égard, exemplaire. Bientôt, au nom du vrai droit - celui des peuples souverains, réellement souverains - les Furies entreront en scène ; elles y entrent déjà. Le défi qui nous est jeté est de bâtir un monde dans lequel ne pourront plus régner les principes du « deux poids deux mesures » et du « même vu, pas pris ».