Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Bruxelles, Evian

mardi 13 mai 2003

En se réunissant le 29 avril à Bruxelles, la France, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg ont posé les jalons d’une défense européenne sans remettre en cause l’Alliance atlantique. Au sommet du G8 (principaux pays industrialisés) qui se tiendra à Evian du 1er au 3 juin, l’essentiel des débats sera consacré à deux sujets : le terrorisme et le Moyen-Orient, choisis par un président américain obnubilé par sa réélection en 2004.

Bush entend écarter les propositions françaises d’aide au développement (il promeut « le marché »), imposer le monopole de ses faucons sur la reconstruction de l’Irak et l’exploitation du pétrole et faire entériner par tous sa lutte contre les Etats de « l’axe du mal », en écartant les Nations unies de tout rôle actif.

A Bruxelles comme à Evian, le défaut de traiter l’essentiel - la mise en place d’un nouvel ordre économique et monétaire international - fait que le piège du rapport de forces se referme sur le camp de la paix.

A Bruxelles, les Quatre ont certes pris sept initiatives concrètes et immédiates pour faciliter la mise en place de la force de réaction rapide de l’Union européenne, décidée lors du sommet d’Helsinki, mais ont renoncé à mentionner la création d’un état-major européen, par peur de paraître concurrencer le quartier général de l’OTAN en Europe. Ainsi, le domaine militaire, en dépit de son importance propre, n’est pas l’angle fondamental permettant la remise en cause globale qui s’impose aujourd’hui.

A Evian, bien pire encore, la France aura le choix entre signer une déclaration commune complaisante envers Bush et les faucons américains, ou bien engager une confrontation avec les Etats-Unis qui serait, dans les conditions actuelles, suicidaire.

L’on ne peut sortir d’un tel dilemme que par le haut. Le président français devrait affirmer que toute déclaration commune entre pays développés est inutile et nuisible tant que la question d’un nouvel ordre économique international ne se trouve pas posée. La France et l’Allemagne doivent faire immédiatement des propositions précises en ce sens, faute de quoi elles ne représenteront plus rien.

Non pas pour affronter les Etats-Unis ou le peuple américain, mais pour faire face à la clique de faucons qui en ont pris le contrôle. Répandre l’idée qu’il existerait un « Occident européen » face à un « Occident américain » revient à diviser ce qui devrait être uni, une « union » entre Européens et Américains déterminés à combattre les usurpateurs de Washington.

Aux Etats-Unis, la campagne présidentielle de Lyndon LaRouche pour 2004, qui est celle ayant pour l’instant reçu le plus de contributions financières au sein du Parti démocrate, est l’envers de celle de Bush et correspond aux intérêts mêmes de la France et du peuple français. Ne pas vouloir en tenir compte en France et en Europe devient aujourd’hui pire qu’un crime, une faute.