Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Vieille Europe

mercredi 5 février 2003

Les choses ont désormais le mérite d’être claires.

1) L’entourage militaro-financier de George Bush veut la guerre. Colin Powell a déclaré lui-même que le travail des inspecteurs en désarmement ne sert à rien et a évoqué à Davos le lien entre Bagdad et Al-Qaida, dont il prétend apporter des « preuves » le 5 février.

2) Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense américain, a exprimé sans retenue le mépris dans lequel il tient la « vieille Europe », c’est-à-dire la France et l’Allemagne, qui refuse sa logique de guerre et de choc des civilisations.

3) Huit chefs d’Etat européens, inspirés par le Wall Street Journal, ont publié une lettre de soutien à la politique actuelle de George Bush, sans même en avertir la présidence grecque de l’Union européenne.

4) Désormais, il apparaît bien que l’Europe à 25 de Nice est un « machin » que nous avons eu la faiblesse de laisser mettre en place sans projet ni idéal, et que le « triangle BAB » (Blair-Aznar-Berlusconi) a choisi les aventuristes militaires de Washington contre Paris et Berlin.

5) L’administration Bush n’entend pas apporter le moindre élément de solution au conflit israélo-palestinien et conforte l’aventurisme criminel de Sharon.

Face à cela, Paris et Berlin ont exprimé leur opposition. Le couple franco-allemand renaît de ses cendres. Les deux gouvernements, les deux parlements, ont siégé en commun à Versailles et donné à leur alliance une visibilité sans précédent.

Cependant, ce premier pas relève encore du symbolique. Paris et Berlin se sont rebiffés, mais sans proposer d’alternative. Ils ne peuvent désormais que reculer et se soumettre, ridiculisant leurs propres paroles, ou bien sortir du dilemme par le haut.

1) Les deux gouvernements doivent proposer à l’Europe et au monde un projet économique qui éradique la logique de guerre. Il s’agit d’assurer la paix par un développement mutuel entre les peuples, de créer la substance de la paix.

2) Ce développement mutuel ne peut être obtenu dans le chaos du système financier et monétaire international actuel. C’est pourquoi Paris et Berlin doivent en proposer un autre. Le nouveau Bretton Woods, le pont terrestre eurasiatique et un plan Oasis en faveur du Proche-Orient doivent en être les éléments. Ce sont les propositions de Lyndon LaRouche. Lorsque Paris et Berlin s’en saisiront, leurs engagements pourront être pris au sérieux.

3)Pour soutenir ce combat mondial, inéluctablement mondial, Paris et Berlin doivent mobiliser l’opinion publique européenne et internationale. Cela implique que chez nous tout choix d’austérité soit définitivement abandonné et qu’une politique de croissance sans entraves financières soit mise en oeuvre.

Faute de prendre ces engagements, Paris et Berlin referont aujourd’hui le choix de Brüning en 1931 et de Laval en 1935. L’on sait ce qu’il advint par la suite.