Les éditoriaux de Jacques Cheminde

Sécurité

mardi 24 octobre 2006

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

Le 27 octobre, cela fera un an que deux jeunes de Clichy-sous-Bois ont trouvé la mort alors qu’ils tentaient d’échapper à la police. Aujourd’hui, sous l’effet du conditionnement médiatique, les provocateurs de tous ordres annoncent une « commémoration » de l’anniversaire.

C’est le moment que Nicolas Sarkozy a choisi pour annoncer plusieurs mesures sécuritaires, dont deux sont particulièrement choquantes. Tout d’abord, il propose de juger un mineur multi-récidiviste comme s’il s’agissait d’un majeur, ce qui suppose que l’âge de majorité puisse varier en fonction de ce que l’on fait. Ensuite, de renvoyer devant les Assises les auteurs de violences contre des gendarmes, policiers et pompiers, alors que les cours d’Assises sont déjà saturées et ne sont pas faites pour ça. Surtout, comme l’’affirme Tassadit Imache, membre de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, « en particulier pour les banlieues, la solution policière réduite à la surveillance répressive ne résout rien ».

En réalité, l’arsenal en place est suffisant ; il suffirait de l’appliquer honnêtement. Par exemple, les condamnations à des travaux d’intérêt général, pour éviter aux plus jeunes une prison criminogène, sont une bonne solution. Cependant, les peines ne sont ni systématiquement appliquées, ni réellement organisées dans un but de réhabilitation. Il en est de même pour les injonctions des juges pour enfants. La police de proximité, qui a pour avantage de bien connaître la minorité de délinquants et de pouvoir gagner la confiance des habitants, a été éliminée par Sarkozy et remplacée par des descentes de CRS avec contrôle au faciès. L’état de notre système carcéral est, lui, honteux : 57 000 détenus pour 49 000 places, hygiène défaillante, pas de parcours organisés de qualification professionnelle, pas de préparation à la sortie et aucune mesure de prise en charge.

Bref, notre système judiciaire et policier va dans la direction du système américain, véritable usine à délinquants qui fait passer le répressif et le punitif avant la dimension humaine et la réinsertion sociale.

Si l’on veut traiter de la « sécurité », il faut cependant aller plus loin que cette critique. Car il ne peut y avoir de sécurité des biens et des personnes sans sécurité économique (trouver un travail et participer à un développement mutuel), sans sécurité sociale (santé, éducation, recherche, essor des capacités créatrices de chacun et de tous) et sans sécurité nationale (indépendance et souveraineté vis-à-vis des prédateurs financiers). En un mot, la sécurité, c’est donner à l’autre le goût de vivre, qu’il reçoit un avantage et non qu’on cherche à l’exploiter.

En ce sens, Nicolas Sarkozy, produit médiatique de l’oligarchie financière, est un facteur majeur d’insécurité, et aucun des autres candidats n’offre une approche intégrée d’une vraie sécurité. C’est pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle, pour y insérer un projet cohérent dans lequel la répression n’est que le dernier recours, quand tous les autres éléments de sécurité ont échoué.