Communiqués

Message de Jacques Cheminade pour l’université d’été socialiste à La Rochelle

jeudi 24 août 2006

Socialistes, encore un effort pour défendre la vérité

Le projet socialiste est sur la table. Ceux de Mmes Royal et Aubry, et de MM. Jospin, Strauss-Kahn, Fabius, Lang aussi. C’est la cacophonie. Ce n’est pas sérieux. D’autant moins sérieux qu’aucun de ces textes n’aborde de front le défi fondamental de l’époque. Aucun ne propose une approche pour faire face à la désintégration du système économique et monétaire international, aucun ne fixe une stratégie de combat vis à vis de Bush, Cheney, Shultz et Rohatyn, c’est à dire contre tous ceux qui ont pris les Etats- Unis en otage et s’efforcent de faire de même avec l’Europe et le monde. Aucun ne nous donne une voie de sortie pour la paix par le développement mutuel entre les peuples, alors que la guerre de tous contre tous frappe à nos portes. Aucun ne propose une vraie Europe, qui arrête de comprimer les coûts salariaux dans l’industrie et de servir l’oligarchie financière en ruinant nos enfants. Aucun ne propose de changer la vie, ou au moins les règles du jeu. On a bien vieilli ensemble, n’est-ce pas, sans s’apercevoir que la fameuse culture de pouvoir est devenue une culture de mouroir social.

Et pourtant, vous êtes un fondement sans quoi la France n’aura pas d’avenir. Alors ? Alors, il faut que vous preniez le taureau par les cornes, sans rouler inutilement les mécaniques mais en combattant là où se trouve l’enjeu : au niveau des causes, et non des conséquences. Au niveau du volant, et non des enjoliveurs. Pas au niveau des dossiers, mais des plans d’action.

En commençant par vous battre contre les synarchies et les oligarchies financières, pour un Nouveau Bretton Woods, un nouvel ordre financier et monétaire international remettant l’argent au service des grands projets à long terme, de l’équipement, du travail et du service public. Il faut, à l’échelle européenne, arrêter l’austérité de l’euro et investir, à la double dimension de l’Europe et de l’Eurasie, 1000 milliards par an sur de grands projets, avec des faibles taux d’intérêt et à très long terme, tout en soutenant la recherche (200 milliards pour décoller) et l’innovation (150 milliards). Il ne fallait pas privatiser l’acier, il ne fallait pas privatiser France-Télécom, car ces choses-là ne servent pas le peuple et produisent du Breton. Il faut un équipement français et européen garanti par le retour d’un Etat interventionniste et protecteur. M. Trichet protège, lui, les intérêts des spéculateurs financiers ; ne faudrait-il pas organiser au contraire les marchés de nos producteurs ? Sur la base de PMEPMI dont l’accès aux marchés publics serait garanti à hauteur d’au moins 25 %, malgré la Commission européenne et l’OMC.

Les mesures de protection sociale sont utiles. Mais pour encadrer et démultiplier ces grands projets, il faudrait un Plan (un Ministre délégué au Plan assistant au Conseil des ministres, fixant l’horizon), et une banque nationale, capable d’émettre du crédit productif public par delà l’impôt et l’emprunt pour servir ces projets. Ainsi, on pourrait arriver à financer notre part du plan européen de 1000 milliards par an, à hauteur de 200 milliards.

Par delà, il faut des mesures illustrant notre volonté en politique intérieure : création d’un grand service public de l’emploi, interdiction absolue du cumul des mandats, doubler le nombre d’inspecteurs du travail et de juges d’instruction, actuellement trop chargés pour faire leur métier, arrêter le plan Hôpital 2007, faire une politique de recherche digne de ce nom en dotant l’Europe d’un pacte pour une nouvelle Université, revitaliser les programmes d’échange d’étudiants Erasmus et Leonardo, créer des écoles de la deuxième chance et des écoles des parents, réorganiser de fond en comble notre formation professionnelle avec un droit universel à la formation reconnu à chacun...

Oui, il y a beaucoup à faire. Et on dit qu’il n’y a pas d’argent. C’est faux, il y en a pour spéculer sur les marchés et faire la guerre. C’est cela qu’il faut arrêter : les spéculateurs financiers qui créent un environnement de guerre.

En septembre, nous allons rentrer dans un temps de tumultes, à l’échelle du monde, de l’Europe et de la France. Ne serait-il pas temps de se réveiller pour y faire face ? Dans son Etrange défaite, Marc Bloch écrivait, en 1940, après notre débâcle, que « des papiers de bonne apparence n’exigent pas un effort très considérable... mais qu’une tout autre maîtrise de soi est nécessaire pour s’imposer, longtemps à l’avance, la peine de dresser, avec soin et souplesse à la fois, les plans d’action... qui devront pouvoir s’adapter aux nécessités nouvelles d’une époque troublée. »

Nous y voilà. Voici venu le temps des hommes et des femmes de caractère. Ceux qui font arrêter les guerres et remettent l’argent au service du travail humain et de l’équipement de la nature. Si vous en êtes, contactez-nous, ici à la Rochelle ou à Paris, ou ailleurs. Mais c’est mieux ici, car nous aurons chaque soir des forums de discussion et des interventions, et vous pourrez nous y tester. Bon test donc, pour servir la vérité et la justice !