Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Hypocrisie

vendredi 25 janvier 2002

Le déroulement des élections présidentielles est un moment de vérité. Là ressortent les non-dits, les tromperies et les mensonges de l’ordre établi ; là se dessine l’alternative - pourvu que s’engagent des hommes de caractère.

Aujourd’hui, le principal problème est que ces hommes de caractère font défaut et que l’hypocrisie règne en maître.

Hypocrisie absolue, fondatrice : les candidats ne parlent pas du défi principal qu’ils devront affronter, celui de l’effondrement du système financier et monétaire international existant et de l’extension d’un ordre militaire anglo-américain visant à répandre un « choc des civilisations » pour continuer à régner. Les beaux discours abondent, mais personne n’a le courage d’aller au coeur des choses.

Hypocrisie sociale : le gouvernement français défend une politique « généreuse » en Europe, mais chez nous le nombre de surendettés a franchi le cap du million et celui des interdits de chéquier approche les deux millions.

Hypocrisie économique : l’on parle de défendre les entreprises industrielles, à droite comme à gauche, mais on n’a pas de stratégie d’ensemble, impliquant des secteurs d’activité, des choix technologiques et des pays-cibles ; qui plus est, on livre nos principales sociétés à la domination financière anglo-américaine : 50 % de la valeur des sociétés inscrites au CAC-40 est aux mains du capital financier anglo-américain, exposée à son chantage. C’est bien pire que dans n’importe quel autre pays d’Europe.

Hypocrisie dans la politique de défense : on prétend avoir mis en place une armée professionnelle, plus « efficace » qu’une armée de conscription, mais en fait, on a coupé les crédits et travaillé dans l’hypothèse de projections outre-mer intégrées dans des « forces de maintien de la paix » dirigées par Washington et Londres.

Hypocrisie dans le financement de la vie politique elle-même : non seulement la manne publique (près de 600 millions par an) se partage entre partis établis, au détriment des autres, mais le Conseil constitutionnel n’envisage de rembourser, pour la campagne présidentielle, que les fonds issus de la fortune personnelle des candidats ou ceux empruntés aux banques. Au moment où la Société générale, mais aussi le Crédit lyonnais, la BRED et la Société marseillaise de crédit sont mis en cause dans une affaire de « blanchiment aggravé », c’est un aveu d’où nous en sommes arrivés.

Ma candidature sera donc d’abord un défi à l’hypocrisie et une provocation à penser, pas la recherche d’un créneau pour « réussir ».