Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Plats réchauffés

vendredi 14 septembre 2001

Les candidats officiels à l’élection présidentielle - comme on disait sous l’Empire - se sont manifestés lors de cette rentrée de septembre. Aucun ne m’a fait regretter d’être moi-même candidat.

L’on a en effet assisté à une sorte de concours où chacun de ces arpenteurs du sérail s’est efforcé de faire croire qu’il était un homme neuf en réchauffant ses vieux plats. Jacques Chirac, bientôt septuagénaire et entré en politique à l’âge de Salut les co-pains, prétend incarner une « France moderne ». Lionel Jospin, après cinq années à Matignon, propose une « France nouvelle », non sans qu’Alain Madelin proclame ses droits d’antériorité sur la formule, en fait utilisée par Jacques Chirac en 1994. François Bayrou promet, lui, une « France humaine », sans nous apprendre pour quoi. Quant à Jean-Pierre Chevènement, il nous invite modestement »à discerner qui peut être, en ces temps d’incertitude, l’Homme de la Nation », imitant les intonations et les formules d’un général de Gaulle qu’il a, par ailleurs, toujours combattu.

Derrière ce folklore, dont on s’étonne qu’il soit pris au sérieux, il y a une terrible réalité : plus ces hommes parlent de « la France », moins ils relèvent le défi immédiat auquel elle fait face, celui de l’effondrement du système financier et monétaire international existant. Certains bran-dissent la taxe Tobin comme une dérisoire feuille de vigne, mais aucun n’a de doctrine ni de stratégie de combat, aucun ne prend de responsabilités pour une politique de la France vis-à-vis du monde. Triste France : la star littéraire de la rentrée, Michel Houelle-becq, tient un discours de potache raciste que Bruno Mégret n’oserait pas lui-même imiter, l’on détruit la statue du Mandarom dix ans après qu’on ait été incapable d’empêcher sa construction (pourtant sans permis) et une démagogie sécuritaire gagne tous ceux qui, par leur politique économique et sociale, ont créé les conditions de l’insécurité.

Au-delà des gesticulations sur le devant de la scène médiatique, l’impératif est donc de changer la direction de notre société. Cela s’appelle la politique et se fait avec du caractère.