Les écrits de Lyndon LaRouche

Conférence internet de LaRouche : chasser Cheney et bâtir un nouveau système mondial

mardi 28 février 2006, par Lyndon LaRouche

Dans son webcast du 23 février, diffusé à partir de Washington, Lyndon LaRouche a présenté les paramètres économiques et culturels d’un « nouveau système mondial », unique solution pour résoudre les différentes crises qui frappent le monde aujourd’hui (désintégration financière, prolifération de guerres en Asie du Sud-Ouest, grippe aviaire...). Déplorant l’incompétence de la génération du baby boom actuellement au pouvoir, LaRouche a appelé la jeune génération à inspirer ses aînés en leur transmettant ses convictions et son sens d’engagement afin d’amener en particulier les dirigeants du Sénat et d’autres institutions à assumer leurs responsabilités. La tâche immédiate du mouvement larouchiste est de susciter une véritable lame de fond pour obtenir le départ du vice-président Cheney. Vu l’importance de cette intervention, ce numéro lui est entièrement consacré.

« Le monde est au bord de l’explosion. Le Président des Etats-Unis est un "ivrogne abstinent" [un alcoolique qui ne boit plus mais n’est pas affranchi de sa dépendance]. Et il semble que le vice-Président ne soit pas si abstinent que cela... Les Etats-Unis ont un déficit [commercial et du compte courant] dont la progression défie l’imagination. Notre pays est en pleine désintégration, tout comme son industrie et son agriculture. (...) En Europe comme aux Etats-Unis, on ne trouve personne pour apporter une réponse adéquate à la situation actuelle. (...) Nous vivons un moment inhabituel de notre histoire. Il faut réfléchir à la manière dont nous en sommes arrivés là et comment en sortir. (...)

« Ceux qui occupent actuellement les postes dirigeants aux Etats-Unis, (la génération du baby boom, qui a entre 55 et 65 ans), représentent en quelque sorte une "génération perdue", et c’est pareil pour l’Europe . (...) Ce ne sont pas forcément de mauvaises personnes (...) mais il manque à cette génération la qualité de leadership, la capacité de décision, les qualifications pour commander. (...) » A titre d’exemple, LaRouche a mentionné nombre de sénateurs américains, démocrates et républicains, qui sont intelligents, capables, des hommes de conscience, mais « lorsqu’il faut agir en tant que groupe, ils ont tendance à choisir l’inaction.

« Comment changer cela ? Comment faire en sorte qu’ils prennent les décisions nécessaires pour sauver la nation, alors qu’ils s’y refusent ? Une voix intérieure leur dit d’échouer. C’est comme le cas de la Grèce antique, sous l’influence du sophisme. (...) Nous sommes en passe de nous détruire à cause du sophisme, tout comme l’antique Athènes fut amenée par le sophisme à s’auto-détruire dans les guerres du Péloponnèse. Il y en a certains à Londres qui ont compris cette faiblesse et qui l’exploitent. » LaRouche s’efforce donc de libérer ces dirigeants potentiellement compétents du joug du sophisme. « Voilà ma tâche spécifique. »

En ce qui concerne la crise économique et le programme à adopter, LaRouche a souligné la nécessité incontournable de lancer une nouvelle politique économique basée sur l’énergie nucléaire. « Notre planète compte plus de six milliards d’êtres humains. Pour assurer un niveau de vie et de production moderne à ces six milliards d’individus, nous allons devoir consommer les ressources dites "naturelles" à un rythme plus rapide que leur taux de renouvellement ou de réapprovisionnement. (...) Nous avons une terrible pénurie en eau. De vastes parties du monde vivent de l’eau fossile. (...) Nous allons devoir synthétiser de l’eau douce. Comment ? Tous ces procédés nécessitent une très forte densité de flux énergétique. (...) Pour obtenir les niveaux d’action calorifique nécessaire, et l’intensité voulue, il faut au minimum des réacteurs à haute température (HTR), ou des réacteurs de fusion thermonucléaire. (...)

« Nous devrons donc nous orienter vers une économie à haute densité énergétique, c’est-à-dire à haute intensité capitalistique. Il faudra dès maintenant pouvoir produire énormément d’énergie d’origine nucléaire, dans des installations de 120 à 200 mégawatts, comme sources ordinaires d’électricité. Puis il faudra des réacteurs d’une puissance de 800 à 1000 mégawatts pour la production de combustibles à base d’hydrogène synthétique, qui remplaceront le pétrole. (...) Les véhicules utiliseront du combustible à base d’hydrogène : avions, trains, etc. (...) En fait, nous allons devoir bâtir un nouveau système mondial. (...) Il nous faudra hausser le niveau de vie des gens, pour en faire une population cultivée et de bon niveau intellectuel, et non simplement assurer leur survie, comme du bétail dans une étable. » Or la culture repose sur des idées, qui découlent uniquement du développement de l’esprit humain. Par conséquent, le nouveau système doit se baser sur « des principes d’éducation qui accroissent la capacité des gens de penser cognitivement, c’est-à-dire de découvrir des idées, des principes physiques universels, des principes artistiques. (...) Le moteur de la société doit être la découverte scientifique et l’activité artistique classique. (...). »

Pour cela, la jeune génération a un rôle crucial à jouer, dit LaRouche, « elle doit devenir la conscience de celle de ses aînés, qui dirige la société. (...) Elle doit revenir aux fondements de la connaissance scientifique, de la connaissance culturelle de la civilisation européenne, afin de réexpérimenter, sous forme condensée, comment ces connaissances ont été engendrées et de les faire siennes. » Puis s’adressant directement aux jeunes qui l’écoutaient : « Avec l’âge, préparez-vous ainsi à diriger la société. »

Le rôle britannique dans la crise iranienne

Durant la période de discussion, quelqu’un demanda à LaRouche si Dick Cheney, entre autres, était vraiment conscient des conséquences que pourrait avoir une guerre contre l’Iran. « Parler de l’intention de Cheney soulève un problème intéressant. (C’est comme pour Bush - je ne sais pas s’il comprend ce que lui suggère le télésouffleur !) Cheney est un laquais. Cette administration est littéralement une création de George Shultz qui, de concert avec Condoleezza Rice et toute une clique d’autres, a mis en place ce gouvernement autour d’un homme incompétent. Ainsi, parler de son intention est une question difficile. » Quant à la politique d’affrontement avec l’Iran, LaRouche estime qu’elle a été orchestrée à partir de la cellule du renseignement britannique associée au Bureau arabe. C’est un jeu britannique.

« Malheureusement, trop d’Américains, surtout ceux ayant des responsabilités publiques, refusent de reconnaître l’histoire du conflit entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, comme l’existence, aux Etats-Unis, d’une faction qui est plus proche des Anglais que des Américains. » En Irak, les Britanniques ont orchestré le conflit, tout en sachant qu’il serait explosif. « La Grande-Bretagne a pris le sud de l’Irak pour théâtre de ses opérations militaires. (...) dans le but de provoquer un conflit entre chiites et sunnites. L’intention des Britanniques était d’organiser ce genre de fragmentation et de chaos, en vue de détruire toute cette région du monde.

« Cela fait aussi partie de l’opération montée par Bernard Lewis : la guerre à l’islam. La guerre de religions a toujours été une tactique impériale utilisée par différentes forces - en ce moment, par les Britanniques, qui représentent le dernier empire sur cette planète. Ce n’est pas l’empire du peuple britannique, ni du royaume de Grande-Bretagne. C’est l’empire de certains intérêts, centrés à Londres. (...)

« La Russie, ainsi que certaines forces influentes d’Europe continentale, sont déterminées à éviter un conflit avec l’Iran. Car tout conflit aurait des conséquences folles. Le système financier est de toutes façons sur le point d’exploser et une guerre contre l’Iran suffirait à déclencher la catastrophe. C’est pourquoi les Russes, les Allemands et d’autres en Europe s’efforcent de poursuivre une démarche diplomatique vis-à-vis de la question iranienne en pensant qu’une solution rationnelle est encore possible à l’heure actuelle. Il ne faut pas chercher à tout résoudre d’un coup, mais se concentrer sur ce qui peut être réglé maintenant, puis attendre que la situation se décante avant de passer à d’autres problèmes. (...)

« Entre-temps, aux Etats-Unis, en particulier au Sénat et dans les autres institutions, on doit se dire que chaque jour de plus où George Bush occupe la présidence est une menace mortelle pour l’existence des Etats-Unis, et la menace est encore plus grande venant de Dick Cheney. Le mieux serait de chasser Cheney dès maintenant, pour mieux gérer le problème posé par Bush. Cheney est un instrument de George Shultz et du groupe financier international qui dirige toute cette opération. Mon objectif est de casser leur machine et Cheney est un obstacle à cela. (...) Aussi, en forçant le départ de Cheney, on pourra briser le pouvoir de cette machine, dont Cheney est l’instrument. »

Israël et Palestine

Un autre auditeur a alors posé une question sur le danger que représente Benjamin Netanyahou en Israël. « Tout d’abord, répondit LaRouche, il faut savoir que Netanyahou est sous le contrôle de la même clique que George Shultz. (...) Le problème ne se situe donc pas en Israël, mais avec George Shultz, qui contrôle la politique pro-Netanyahou en Israël aujourd’hui. Netanyahou n’est qu’un agent d’intérêts anglo-américains. »

Concernant la récente victoire du Hamas aux élections palestiniennes, LaRouche commenta : « Le Hamas a été élu parce que les Palestiniens ne voulaient pas de ses adversaires. Ils en ont assez de la corruption. Le problème fondamental, c’est qu’ils ont faim ! Ils sont désespérés ! (...) Ils n’ont rien. On doit leur assurer de meilleures conditions de vie. (...) Si, pour obtenir la paix, il faut l’acheter, achetons-la. Allons-y ! (...) On doit obtenir la paix et lorsqu’elle sera établie, on aura une situation bien différente. » La géométrie aura changé et au lieu de se demander comment gagner la lutte, les uns et les autres se diront que ce n’est plus la peine de se battre, qu’il existe une meilleure option.

Selon LaRouche, voici ce que l’on devait dire au Hamas : « "Vous avez été élus ? Très bien. Nous devons donc collaborer avec vous." Tout personne sensée au département d’Etat ferait cela. "Vous avez gagné les élections ? D’accord, heureux de vous rencontrer. De quoi voulez-vous parler ?" C’est par là qu’il faut commencer. "Vous avez besoin d’aide ? Très bien, je pense que nous trouverons les moyens de vous aider. " De cette façon, on jette les bases pour de bonnes relations. Ensuite, on va à la rencontre de l’autre partie. Netanyahou n’est pas si puissant, c’est un agent américain. C’est aussi en partie un agent britannique, mais avant tout américain. Ici, nous pouvons le dénoncer pour ce qu’il est, en faire un objet de scandale. Faisons-le ! »

Comment le scandale sur les ports américains est lié à l’accident de chasse provoqué par Cheney

De nombreuses questions posées à Lyndon LaRouche avaient trait aux contrats avec les Emirats arabes unis pour acheter et gérer une vingtaine de ports commerciaux aux Etats-Unis, dont six parmi les plus importants. Cette question a provoqué une levée de boucliers outre-Atlantique, y compris dans les rangs républicains.

Pour LaRouche, « le véritable problème, c’est la mondialisation et de la désindustrialisation. (...) Bien sûr, nous devons défendre notre infrastructure publique nationale : équipements portuaires, lignes ferroviaires, production et distribution de l’électricité. (...) La nation dans son ensemble en a besoin. (...) Si la nation a besoin d’infrastructures, il appartient au gouvernement de les construire et de lever les impôts nécessaires pour les financer. (...) A mon avis, la controverse essentielle ne concerne pas les ports. (...) L’enjeu, c’est le récent incident de chasse, qui a si fortement ébranlé l’autorité du vice-Président que les républicains se rendent compte de la nécessité de prendre leurs distances. Ils vont donc chercher une combine pour sortir de ce guêpier, en se dégageant de Cheney et Bush. Mais cette combine doit être populaire auprès de leur base, et les républicains qui ne sont pas fous vont réagir en fonction de ce type de patriotisme chauvin. (...) »

Si l’on cherche à résoudre le problème des ports en tant que tel - ou, plus généralement, du délabrement des infrastructures - on est pris au piège, expliqua LaRouche, car on n’a pas de position de principe à défendre. Il faut plutôt partir du point de vue de l’économie physique et décider quels équipements sont indispensables pour alimenter une croissance économique.

Selon un participant, le fait que Cheney se soit arrogé le pouvoir exécutif de divulguer des renseignements secrets pourrait constituer un bon motif pour le forcer à démissionner. LaRouche lui répondit :

« Au lieu de se livrer à des jeux politiques parlementaires sur ce thème, préoccupons-nous plutôt de savoir si la dynamique en faveur du départ de Cheney, parmi la population et les institutions américaines, est suffisamment puissante pour l’obliger à partir. Mais il faut le faire sans délai. Je pense à l’incident de chasse au Texas, où il était peut-être ivre. (...) Nous devons nous débarrasser de ce type pour le bien de la nation et pour cela, il faut créer une lame de fond populaire. Si le rapport de forces est là, alors les institutions trouveront un moyen parfaitement légal pour assurer son départ, au lieu de vouloir trouver une formule magique. (...) Sa carabine à 32 000 dollars, le fait qu’il ait tiré sur une personnalité, en la blessant, puis les tentatives évidentes d’étouffer l’affaire, y compris avec l’aide de la famille Armstrong... Comment briser cet étouffement de la vérité ? On crée une lame de fond, qui ne disparaîtra pas, et mon travail consiste, pour ainsi dire, à lancer cette lame de fond. »