L’origine des calomnies contre LaRouche aux Etats-Unis

mercredi 18 janvier 2006, par Karel Vereycken

Henry Kissinger et David Rockefeller

Des scribouillards au service d’une coterie de banquiers

Par Roger Moore et Karel Vereycken

Une coterie de financiers de New York City, très proche des milieux du renseignement, a été, au moins depuis la fin des années 1970, la colonne vertébrale des campagnes de « black ops » [coups fourrés], avec au programme désinformation, dénigrement, diffamation et pourquoi pas élimination physique de Lyndon LaRouche, aux Etats-Unis comme ailleurs.

John Train, un milliardaire d’extrême-droite et vieux briscard de Wall Street, en bons termes avec la maison J.P. Morgan, fut le co-fondateur en 1953 du magazine nouvelle mode Paris Review, en réalité une tentacule de la « guerre froide culturelle » entreprise par la CIA sous le couvert du Congrès pour la liberté de la culture (CLC).

Le triumvirat John Train, John Irwin III, petit fils du fondateur d’IBM, et Walter J.P. Curley, marié dans la famille Mellon de Pittsburg, pilotait la cellule « Get LaRouche » (« avoir la peau de LaRouche »).

Dès 1979, ils mettent en action tous leurs contacts financiers, politiques, judiciaires, ainsi que des bureaux d’avocats de Wall Street, des hommes des médias et d’autres réseaux d’influence à leur disposition.

Lettre d’Henry Kissinger au directeur du FBI William Webster (« Dear Bill ») en date du 19 août 1982, sollicitant son aide pour contrer LaRouche.

Cette cellule d’action sera à l’origine d’une perquisition des bureaux du mouvement de LaRouche à Leesburg en Virginie en 1986. Plus de quatre cents agents du FBI et de la police locale, un hélicoptère et un véhicule blindé furent alors mobilisés pour l’opération qui était planifié pour devenir un bain de sang. Après son échec, en raison du sang-froid dont firent preuve les amis de LaRouche, ce dernier fut injustement inculpé de conspiration et de fraude fiscale en 1986 et jeté en prison en 1989. Bien que relâché en 1994 à l’arrivée au pouvoir du président Clinton, quelques débris de cette campagne de dénigrement sont encore opérationnels, en particulier au Royaume Uni, et plus discrètement en France et en Allemagne.

Walter Curley comme John Irwin II (le père de John Irwin III) ont tous deux servi comme ambassadeur des Etats-Unis à Paris : Curley sous l’administration Bush père (1989-1993) et John Irwin II, après avoir épaulé Henry Kissinger dans le renversement du gouvernement d’Allende au Chili, en tant que responsable au Département d’Etat américain avant son arrivée en France. John Train, selon ses propres dires, était sur le terrain au Chili pour faire des évaluations de renseignement avant le coup de Pinochet.

L’élite des « lawyers » de Wall Street et Dennis King

En 1979, un trio de fondations ultra-conservatrices, la Fondation Achelis and Bodman, la Fondation Olin et la Fondation Scaife Mellon de Pittsburg, décidèrent de remettre sur pied, sous couvert d’une « association anti-secte », l’American Family Foundation (AFF), les vieilles équipes de mind control de la CIA. Connues pour leur expériences avec le LSD, elles avaient été fermées suite à des auditions du Congrès.

Dans son livre de 1989, qui sert encore de référence dans les attaques contre LaRouche aujourd’hui, Dennis King remercie John Train pour son "soutien vital" et la Smith Richardson Foundation (pourvoyeur de fonds des think-tank libéraux et néo-conservateurs) pour son "aide financière".

Au même moment, la Fondation Achelis and Budman, dans lesquelles siègent encore aujourd’hui John Irwin III et Walter Curley, fonda avec Irving Kristol, le « parrain » du courant néo-conservateur américain, l’Institute for Educational Affairs (INA) dans le but d’attribuer des bourses à toute une génération d’idéologues néo-conservateurs. Par exemple, Samuel Huntington, l’auteur du Choc des Civilisations, une thèse visant à conditionner l’opinion publique à l’idée d’une politique de guerre perpétuelle sur des bases ethniques et religieuses, a pu accéder à un poste à Harvard grâce à la Fondation Olin. Irving Kristol est un ancien trotskiste associé au mouvement Social Democrats USA (SDUSA), et Dennis King, « la » source de presque toutes les calomnies contre LaRouche, en était également membre. En 1979, Dennis King fut embauché pour écrire une série de diatribes contre LaRouche par Roy Cohn, l’avocat new-yorkais de l’infâme et réactionnaire sénateur Joe Mc Carthy, qui fut à l’origine de la chasse aux sorcières anti-communiste aussitôt après guerre. Les calomnies de King furent ensuite véhiculées par l’AFF et ses antennes internationales pour aboutir chez l’ADFI en France et chez feu le pasteur Friedrich Wilhelm Haack en Allemagne. Une jeune américaine installée à Paris, Alexandra Schmidt, s’impliqua largement dans la bataille contre LaRouche.

Après qu’en 1983, LaRouche eut réussi à rallier le président Reagan et ses proches conseillers à son projet d’Initiative de défense stratégique (IDS), une politique de détente visant à surmonter la doctrine dangereuse de Destruction mutuelle assurée (MAD), John Train et sa bande s’activèrent tous azimuts.1 C’est à ce moment que John Train organisa une série de rencontres dans sa villa new-yorkaise surnommée le John Train Salon. On y trouvait des journalistes du New Republic, du Wall Street Journal, de Reader’s Digest, de la chaîne NBC, de Freedom House et de l’Anti-Defamation League, mais aussi le haut responsable du Conseil national de sécurité impliqué dans le scandale Iran-contra, Roy Godson, successeur d’Irving Brown dans le contrôle du mouvement syndical.

Chip Berlet

Dennis King, qui écrivait pour le magazine pro-drogue High Times et d’autres scribouillards pseudo-gauchistes, comme John Foster « Chip » Berlet2 assistaient à ces rencontres. Berlet était un opérateur de la CIA infiltré dans l’American Students Association (ASA). Bruce McColm, qui aida King à rédiger son livre contre LaRouche, était présent lors des rencontres et c’est là que King et lui ont obtenu le soutien de la très néo-conservatrice Fondation Smith Richardson pour financer le projet. Il est à noter que cette fondation dépensa beaucoup d’argent pour faire éclater des scandales contre Clinton.3

Vers la fin de 1984, les efforts de John Train furent repris par le département de la Justice. Le juge William Weld de Boston entama alors une procédure criminelle contre LaRouche. Ce juge était issu d’une famille très impliquée dans la spéculation financière. Weld nomma comme procureur John Markham, un jeune avocat qui travaillait à l’origine pour le bureau de Morris & McVeigh, des avocats new-yorkais en charge de la gestion des affaires légales et des transactions immobilières des Fondations Achelis and Bodman !

Markham était à cette époque membre d’une étrange secte anglaise associée au LSD, la Process Church of the Final Judgment, mais il semble que cela n’ait pas embarrassé ses promoteurs. Après la condamnation de LaRouche, en novembre 1990, Markham annula à la dernière minute son engagement d’orateur pour la conférence du Cult Awareness Network (CAN), ou il était invité à exposer sa « réussite ». Aujourd’hui, Markham est l’avocat du chouchou des néo-conservateurs du Pentagone : Ahmed Chalabi. Le monde est bien petit...

L’affaire Cheminade

En 1986, un psychiatre français exotique, le Dr Jean-Michel Oughourlian, rencontre un groupe d’avocats français formé aux Etats-Unis pour briser le projet politique de l’ami de Lyndon LaRouche en France, Jacques Cheminade.

Le Dr Oughourlian avait étudié au milieu des années soixante les résultats des expériences avec les drogues psychotropes comme le LSD et était entré en contact avec le Dr Louis « Jolly » West, un psychiatre qui avait travaillé pour la CIA dans le cadre du projet MK-Ultra.4 Le Dr West fut l’un des psychiatres à l’origine de l’AFF, inspirateur de l’ADFI en France. « L’affaire Pazery », un traquenard juridico-financier contre Cheminade,5 et en réalité un coup tordu entièrement politique, n’a pu aboutir qu’avec l’installation de Walter Curley au poste d’ambassadeur américain à Paris.6

John Train et Pinochet

Aujourd’hui encore, John Train promeut les politiques économiques des « tueurs à gages » économiques, qui sont les siennes. Son salon accueille ainsi José Pinera, l’ancien ministre du Travail d’Augusto Pinochet, dont les politiques de privatisation des retraites, imposées au Chili à coup d’escadrons de la mort et de patrouilles militaires, sont actuellement reprises par l’administration Bush II. Il se rend aussi régulièrement en Europe pour des rencontres privées avec des responsables de l’OTAN afin de les mettre au parfum des prochaines aventures militaires concoctées par ses amis néo-conservateurs du Pentagone et de la Maison-Blanche.

Voilà en ce qui concerne les ennemis de LaRouche. Qu’ils mentent et trichent pour écarter leurs adversaires est simplement conforme à leur nature. Mais ceux qui répercutent leurs allégations sont-ils plus honorables ?

Notes

1 Le président américain Ronald Reagan, en adoptant en 1983 l’Initiative de défense stratégique (IDS), menaçait de lancer un grand programme scientifique et technologique qui aurait mobilisé les investissements et aurait tari la pompe à phynances de la Bourse. LaRouche voyait en l’IDS non pas un système visant à déstabiliser l’URSS, mais un moyen de bâtir une reprise de l’économie productive, à l’Est comme à l’Ouest. L’oligarchie financière américaine comprit immédiatement le danger et lança alors sa grande offensive contre LaRouche, jusqu’à l’empêcher, dans un premier temps, de jouer le rôle de négociateur officieux entre l’URSS et les Etats-Unis, avant d’obtenir qu’il soit jeté en prison. Quant à Reagan, il fit l’objet d’une curieuse tentative d’assassinat qui l’affaiblit à un moment déterminant de l’histoire.

2 Le 2 novembre 2003, Chip Berlet s’est mobilisé pour soutenir Erica Duggan en offrant son « expertise » ; dans un texte The LaRouche Network, A history of Intimidation. Il y accuse, sans le moindre élément, les services de sécurité de LaRouche d’avoir soumis son fils Jeremiah à des « pressions émotionnelles extrêmes » l’ayant poussé au suicide.

3 Le nom de McColm est récemment réapparu dans la presse dans l’affaire de la tentative de coup d’état en Guinée Equatoriale, partiellement cautionnée par la fortune de Mark Thatcher, le fils de Margaret, sous la bienveillante protection des néo-conservateurs du Pentagone.

4 Le Dr. Oughourlian, qui avait lui-même fait des études à l’université Johns Hopkins de Baltimore (USA), bénéficiait de multiples liens avec trois psychiatres/psychologues impliqués dans les travaux sur le LSD commandés par la CIA : le Dr. Klaus Thomas de Berlin, Friedrich Hacker de la Clinique Hacker de Los Angeles et Vienne, et le Dr. Louis West de l’université de Californie à Los Angeles et de l’AFF. Ces liens ont été confirmés lors d’enquêtes menées à Berlin, Paris et Los Angeles. Le Dr. Klaus Thomas assista à la conférence de 1981 à Bonn, ainsi qu’Alexandra Schmidt de l’ADFI de Paris.

5 Pour un rapport complet sur cette affaire, voir le dossier : Le POE, Jacques Cheminade et la réalité du combat politique en France

6 Le service psychiatrique dont se servait le Dr Oughourlian fut fermé parce qu’on y abusait de patients d’Alzheimer, c’est-à-dire le crime dont Cheminade fut injustement accusé ! L’avocat qui a défendu la clinique était le même que celui des parties civiles dans l’affaire Cheminade. Le juge Garzon, qui s’est occupé des escadrons de la mort en Espagne et qui est réputé pour sa lutte pour faire condamner Pinochet, aurait beaucoup de choses à dire quant aux services que le Dr Oughourlian peut fournir.