Communiqué

Loi du 23 février 2005 : assez de pompiers pyromanes et de dames patronnesses !

mardi 13 décembre 2005

Par Jacques Cheminade

L’article 4 de la loi du 23 février 2005, prévoyant que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », rouvre les plaies de notre histoire, au lieu de les transcender par un principe supérieur.

Le contexte dans lequel ce texte a été voté le rend d’autant plus scandaleux : les morts au pied du mur de barbelés de Ceuta et de Melilla, les victimes des logements insalubres à Paris, la déclaration d’Alain Finkielkraut à Ha’aretz, les regains, partout, de communautarismes qui sont une réaction de peur face à l’exclusion, l’injustice et l’exploitation.

Je suis convaincu, dans ces conditions, que l’anti-racisme ne suffit plus et devient bonne œuvre de dame patronnesse ! Nous devons partir d’une conception plus exigeante et plus élevée de l’homme - un homme créateur - dont l’épanouissement exclut par définition le racisme.

Dans la tradition d’Henri Grégoire, qui obtint l’abolition de l’esclavage par le décret de la Convention du 5 février 1794, nous devons dire clairement que nous ne ferons jamais à autrui ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fît, et prendre l’engagement de faire constamment aux autres le bien que nous voudrions en recevoir. Cette conception devrait être reprise dans notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en lui donnant un sens positif, tourné vers l’avantage d’autrui par-delà l’engagement de ne pas lui nuire.

C’est au nom de cette conception que nous devons enfin développer l’Afrique, en ne soutenant plus les régimes corrompus, complices de nos lobbys et sociétés de commerce qui le sont encore davantage, et imposer chez nous une politique qui ne soit plus basée sur l’usure financière et l’austérité sociale, mais sur le développement et l’enseignement mutuels. Le monde actuel engendre les inégalités, les conflits et les guerres ; il faut en sortir en remettant l’argent au service des infrastructures : l’école, l’hôpital, le laboratoire, l’eau, les transports et l’énergie. Partout, dans le cadre du nouveau Bretton Woods.

L’enthousiasme d’oeuvrer pour ce que Grégoire appelait « l’intérêt général de la famille humaine » doit être notre dieu intérieur. C’est la condition pour rétablir l’estime de nous-mêmes. Et ainsi, seulement, la France reprendra le goût du futur.