Brèves

LaRouche : l’ère post-Cheney a commencé

mardi 25 octobre 2005

Alors que le procureur spécial Patrick Fitzgerald prépare des inculpations dans l’affaire Plame, la consternation règne au bureau du vice-président Cheney, où certains s’attendent au pire tandis que d’autres ont déjà commencé à négocier avec les enquêteurs sur les peines encourues. Si l’on ne sait pas encore avec certitude qui sera inculpé, il est fort probable que le chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, Karl Rove, et le chef de cabinet de Cheney, Lewis Libby, seront sur la liste. Parmi ceux qui auraient décidé de coopérer avec les enquêteurs afin d’échapper aux poursuites, on cite les noms de John Hannah, adjoint de Cheney pour les questions de sécurité nationale, et David Wurmser, conseiller du vice-président pour le Moyen-Orient.

Le sénateur républicain John McCain, qui aimerait bien prendre la place Cheney à la vice-présidence, a fourni un indice sur le grand nettoyage qui se prépare à la Maison Blanche. Lors d’une tournée de collecte de fonds, il a récemment déclaré que « la chasse avait été ouverte dans toute l’administration Bush », dont tous les membres pourraient bien être remplacés, à la seule exception de Bush lui-même.

Pour donner une idée du climat créé dans la presse, on peut citer quelques commentaires parus les 19 et 20 octobre :

  • Bloomberg rapporte que, selon un avocat très au fait de l’affaire, si Fitzgerald a décidé d’incarcérer Judith Miller pour obtenir son témoignage, c’est entre autres parce qu’il cherchait à déterminer si le vice-Président avait été informé des détails de la stratégie adoptée contre Joe Wilson, le mari de Valerie Plame.
  • Le Daily News écrivait que le nom de Cheney a été mentionné dans le cadre de la possibilité que Fitzgerald prépare « une inculpation de conspiration sensationnelle - grâce à l’aide d’un mouchard secret. »
  • Selon le New York Times, le procureur spécial a dit à ses collaborateurs qu’il ne comptait pas publier de rapport final, ce qui laisse entendre que l’affaire se poursuivra par des mises en examen.
  • US News and World Report fait état de rumeurs selon lesquelles Cheney pourrait démissionner et être remplacé par Condoleezza Rice. Celle-ci est aussi membre du White House Iraq Group (WHIG), l’entité créée à la Maison Blanche pour coordonner la propagande destinée à justifier une guerre contre l’Irak.
  • The Raw Story croit savoir que John Hannah serait visé par l’enquête de Fitzgerald. En juin 2003, selon des sources proches de l’enquête, Hannah aurait reçu de ses supérieurs dans le bureau de Cheney l’ordre de laisser filtrer l’identité de Valerie Plame et son statut d’agent secret. Fitzgerald semble s’intéresser plus particulièrement au WHIG et à l’Office of Net Assessment du Pentagone, le premier opérant à partir du bureau de Cheney et le second à partir du bureau du sous-secrétaire à la Défense Douglas Feith. Toujours d’après le Raw Story, un autre adjoint de Cheney, David Wurmser, coopère déjà avec Patrick Fitzgerald.

Par ailleurs, deux députés démocrates, John Conyers et Ike Skeleton, ont demandé à Donald Rumsfeld de leur expliquer pourquoi la journaliste Judith Miller avait accès à des informations et des activités top secret. Apparemment, c’est le ministre lui-même qui lui avait accordé ce statut normalement réservé aux fonctionnaires. En avril 2003, l’unité militaire qu’elle accompagnait en Irak se vit confier la garde du gendre de Saddam Hussein, Jamal Sultan Tikriti, et elle assista au premier « débriefing » de celui-ci. Selon un officier, Miller « intimidait » des soldats pour obtenir d’eux ce qu’elle voulait, invoquant ses relations avec Rumsfeld et Douglas Feith.

On pouvait lire dans le National Journal que, selon des avocats, Lewis Libby a déclaré au grand jury que lors de sa rencontre avec Miller le 8 juillet 2003, il ne savait rien de la femme de Wilson. Il avait aussi rencontré la journaliste le 23 juin, devait-on apprendre par la suite, bien qu’il ne l’ait jamais mentionné dans ses deux témoignages devant le grand jury ou lors d’interrogatoires par le FBI. L’article passe en revue différentes occasions où le bureau de Libby a tenté d’influencer le témoignage de Miller.

The Daily News affirme que George W. Bush était au courant depuis deux ans du rôle de Karl Rove dans l’affaire Plame. Lors du point presse de la Maison Blanche, Scott McClellan a refusé de démentir ou de confirmer cette information.

Dans Antiwar.com, Justin Raimondo rapporte que, selon une source de l’ambassade italienne, le procureur Fitzgerald a demandé un exemplaire du rapport rédigé par la Commission de la Chambre italienne ayant enquêté sur les faux à l’origine des accusations selon lesquelles Saddam Hussein tentait de se procurer de l’uranium nigérien. En fin de compte, il en aurait obtenu une copie intégrale, croit savoir un ancien officier de la CIA cité par le journal. Ce rapport affirmerait que Michael Ledeen a diffusé les faux qui auraient été falsifiés par deux anciens officiers de la CIA, Duane Clarridge et feu Alan Wolf.

John Hannah craint d’être impliqué dans cette affaire, selon le Washington Post, qui s’interroge sur le rôle joué par Hannah et Ari Fleischer, ainsi que sur la seconde source ayant informé le chroniqueur Robert Novak sur Valerie Plame. Quel fonctionnaire de la Maison Blanche a parlé de Plame à Walter Pincus, du Post ? Beaucoup croient que Novak a décidé de coopérer avec Fitzgerald.

Après que le Daily News ait dévoilé que Bush était au courant du rôle de Rove, le sénateur Schumer a envoyé une lettre au Président dans laquelle il dit : « Vous semblez fâché par le fait que des officiels de la Maison Blanche ont été pris, et non pas par le fait qu’ils ont compromis la sécurité nationale. » Il demande aussi pourquoi Bush n’avait pas retiré à Rove son accès aux informations les plus secrètes. Toujours selon le Daily News, Plame et Wilson envisagent de déposer une plainte civile afin d’obliger Bush, Rove et Cheney à témoigner. Dans sa lettre, Schumer demande à Bush combien de fois et à quelles dates il a discuté de Plame avec Rove, si ces discussions ont eu lieu après l’ouverture de l’enquête et s’il a demandé à Rove de coopérer entièrement avec la justice.

Dans un profil de Lewis Libby, le Wall Street Journal constate que son implication amène l’enquête aux portes mêmes du bureau de Cheney.

Dans un article sur le désaccord de longue date entre Cheney et la CIA, le Los Angeles Times écrit que le champ de l’enquête s’est élargi. Elle s’intéresse désormais aux cas de parjure, d’obstruction à la justice et, le cas échéant, de conspiration en vue d’enfreindre les lois sur les documents classifiés.