Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Une occasion à saisir

mardi 27 septembre 2005

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade2007.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

« Ce qui est un peu effrayant, c’est qu’ils veulent tous rester au Texas... Beaucoup de gens dans le stade [à La Nouvelle-Orléans] étaient des défavorisés, alors tout cela n’est pas si mal pour eux. » C’est le point de vue de Mme Barbara Bush, mère de George W. Bush, sur le cyclone Katrina. « Les habitants sont responsables de ce qui leur arrive » : là, il s’agit de Michael Brown, nommé (puis destitué) par Bush à la tête de l’Agence pour les situations d’urgence (FEMA). « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » Cette fois, l’auteur est Laurence Parisot, la nouvelle présidente du Medef.

Ce manque absolu de compassion humaine signale la fin d’un régime. Car à la suite de Katrina, tout le système Bush-Cheney se trouve en accusation : négligence, impéritie et cynisme sont exposés par les faits, à La Nouvelle-Orléans comme à Bagdad. En Europe, le résultat des élections allemandes signifie d’abord le rejet par le peuple de l’injustice néo-libérale.

Nicolas Sarkozy a compris très vite qu’Angela Merkel était devenue une parente gênante. Il a donc annulé le show médiatique qu’il avait prévu pour célébrer sa cousine d’outre-Rhin et a déclaré n’être pas lui-même libéral mais « un objet politique non-identifiable ». Il n’en reste pas moins que le coup est dur, très dur pour ses affaires, et que si ses adversaires s’avèrent capables d’élever le débat, il se trouve sur la pente descendante. D’autant plus que les Français ont éventé son double jeu et commencent à penser comme Jean-Louis Debré qu’« on ne peut pas être ministre le jour et le soir, gêner le gouvernement auquel on appartient ».

Autres signes intéressants : pour la majorité des Français (55%), ni Dominique de Villepin ni Nicolas Sarkozy ne feraient « un bon Président », et il y a tout autant d’insatisfaits (55%) des programmes télévisés.

Le signe du rejet est donc là. Cependant, il manque un projet et un contenu positif.

Le pire ennemi d’un changement est en effet le pessimisme culturel ambiant.

L’opposition socialiste se livre à la guerre des petits chefs, Attac se trouve au bord de l’éclatement, personne « à gauche » ne dessine d’horizon mobilisateur. C’est ce que nous faisons, c’est notre rôle aux Etats-Unis comme en Allemagne et en France, avec un grand dessein international - nouveau Bretton Woods et Pont terrestre eurasiatique - la définition d’une stratégie d’alliances pour y parvenir et les programmes qui, chez nous, redonnent sens à un retour de l’Etat : logement, éducation, eau, santé publique, énergie.

Alors que l’inflation mondiale, partie des produits financiers dérivés et des fonds hyper-spéculatifs, a atteint les matières premières et menace les biens de production et de consommation, nous visons à la tarir à la source. Pour lui substituer cet autre flux, celui du travail humain et d’une économie fondée sur une dynamique de découverte et d’application de principes physiques nouveaux.

L’occasion est à saisir. Elle ne peut cependant l’être que si nous changeons notre manière de penser, et redevenons citoyens dans la tempête.