Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Terrorisme et frivolité

mercredi 13 juillet 2005

Les attentats terroristes qui ont frappé Londres nous rappellent à la réalité. Hormis un peuple anglais qui, une fois de plus, a réagi avec sang-froid et dignité, l’événement n’a pourtant rencontré que des dirigeants et des hommes petits. Personne, à l’exception de notre mouvement, n’a situé ce qui vient de se passer dans le contexte financier, économique et monétaire actuel. Or, en rester au registre de l’émotion, des condoléances, de l’injonction et de la menace de représailles, sans remonter aux causes, revient à sombrer dans l’irrationalité.

Disons-le franchement : si les dirigeants du G8 avaient réellement voulu démanteler le terrorisme, ils l’auraient attaqué à la racine, en sévissant contre les paradis fiscaux et les centres bancaires off-shore à travers lesquels il se nourrit. La raison pour laquelle ils ne l’ont pas fait est malheureusement simple : c’est par ces mêmes canaux que passent les flux de capitaux alimentant le système financier et monétaire international. Une grande partie de ces centres hors-la-loi est d’ailleurs dans la sphère d’influence britannique. A l’échelle française, la politique répressive de Nicolas Sarkozy fait elle aussi comme si la menace de sanction suffisait, en écartant le contexte, la causalité, la crise économique et la misère sociale. C’est ainsi un mauvais film que l’on déroule devant nos yeux pour détourner du vrai, celui d’un système qui atteint ses limites et s’effondre, en multipliant les métastases.

La fuite générale devant la réalité fait penser à ces journaux de l’été 1939, où l’on annonçait les vacances, les courses de chevaux et les défilés de mode. Aujourd’hui, les magazines nous parlent de merveilleuses randonnées, d’hôtels coquins, de Paris secret, de belles plages et de festivals estivaux. Pire encore, le contenu même de ces festivals arbore les signes d’une contre-culture qui se complaît dans la bassesse. Ainsi, Jan Fabre sévit à Avignon avec sa trilogie sur les sécrétions corporelles, ses idées sur la pureté de la race, ses crachats et ses jets d’urine. Le plus grave est qu’il trouve un écho si complaisant jusqu’au niveau du ministre de la Culture, qui confond culte de l’avant-garde et premier acte du fascisme.

Il est temps de se réveiller. Aux Etats-Unis, dans le monde réel, le Sénat américain et Lyndon LaRouche se battent pour faire destituer le vice-président Cheney et le président Bush, comme le furent Spiro Agnew et Richard Nixon. Avec les scandales accumulés sur leurs têtes - celui de l’affaire Plame étant la goutte d’eau qui peut faire déborder le vase - ils offrent la possibilité de plusieurs Watergate. Là est la réalité. Chez nous, elle est aussi, comme là-bas, dans la défense de notre ordre constitutionnel, et particulièrement du Préambule de 1946 repris par le texte de 1958.

Il est temps de repenser en termes de projets, de découvertes et de générations futures. Cela suppose une autre culture dans laquelle l’élévation du sentiment redevienne la priorité de l’époque.