Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Mutation

mardi 31 mai 2005

Que faire après le « non » ? Nous répondons à cette question à la une. Ici, je voudrais aborder deux points fondamentaux concernant le « comment faire ? »

Le premier est : avec qui ? Pour répondre, il faut d’abord voir que nous assistons à un réalignement spectaculaire des forces politiques. Le marqueur le plus intéressant est la publication, le 26 mai, d’un article de Maurice Allais dans L’Humanité. Il s’y exprime brutalement : « La crise d’aujourd’hui, le chômage massif insupportable qui la caractérise et qui nous déshonore, la destruction jour après jour de la société française ne sont que les conséquences des politiques dogmatiques sans cesse mises en œuvre depuis la grande cassure de 1974 [l’entrée de l’Angleterre dans le Marché commun, ndla] et qui nous mènent au désastre. Il serait criminel de les poursuivre »

Sur la base d’une autre politique, dont nous avons à plusieurs reprises défini ici les grandes lignes - Pont terrestre eurasiatique, nouveau Bretton Woods, plan recherche digne de ce nom, rétablissement de l’université et de l’hôpital, retour à une économie productive - nous pourrons rassembler une coalition de forces vives anti-féodales et anti-technocratiques. Elle a pour base potentielle les ouvriers, les salariés, les agriculteurs, les artisans, les entrepreneurs des PME-PMI, les sympathisants communistes et socialistes, les pro-euroépens opposés à l’oligarchie financière et les souverainistes anti-chauvins. Elle a pour alliés ceux qui, en Russie, en Asie du Sud-Ouest et du Sud-Est, en Afrique et aux Etats-Unis, veulent rétablir la priorité du travail et de la production. En France, il n’est pas sans importance qu’André Gerin, le député-maire communiste de Vénissieux, ait défié le « cercle de raison » en m’accueillant dans sa mairie.

Le second point est : avec quelles chances de succès ? Elles sont grandes si nous faisons comprendre aux Français et au Français ce qui se passe aux Etats-Unis et l’ampleur de la crise qui s’abat sur tout le système financier et monétaire international. Les fonds spéculatifs sont frappés de plein fouet depuis que les titres émis par General Motors et Ford ont été classés « obligations pourries ». Certains sont au bord de la faillite. Or le système bancaire prête de l’argent à ces fonds et effectue avec eux des opérations de marché : le risque de contamination est immédiat. Il en est de même avec les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assureurs...) qui leur ont confié des fonds importants. En même temps, la pyramide de crédit hypothécaire américaine et anglaise risque de s’effondrer, entraînant avec elle tout le marché immobilier et, en conséquence, la capacité de consommer de ceux qui se sont endettés.

Il y a donc une occasion, au moment du choc qui va inéluctablement se produire, de rallier une majorité à la nécessité du changement. Nous ferons ici tout pour l’inspirer, en montrant comment peuvent être mobilisés les atouts humains, technologiques et scientifiques des économies française et européenne.