Communiqué

Sauvons la Constitution américaine !

lundi 23 mai 2005

Nous publions cette déclaration de Lyndon LaRouche à un moment décisif de l’histoire. Alors qu’en France, le vote sur la Constitution européenne met en cause les principes mêmes sur lesquels est bâti notre système républicain, aux Etats-Unis se déroule un coup d’Etat contre la Constitution, mené par le principal conseiller de George W. Bush, Karl Rove, le vice-président Dick Cheney et le dirigeant de la majorité républicaine au Sénat, Bill Frist. Ils tentent d’empêcher les sénateurs démocrates et les républicains modérés de s’opposer à la nomination de juges de l’ultra-droite, et bientôt de juges à la Cour suprême, en modifiant les règles de fonctionnement du Sénat. Ils entendent substituer au vote à la majorité des deux tiers un vote à la majorité simple : il ne s’agit pas d’une question d’arithmétique, mais du caractère même du système américain. Cet enjeu est essentiel pour la France et pour l’Europe, car un régime d’exception s’installant aux Etats-Unis signifierait austérité sociale, guerre et dictature financière à l’échelle du monde.

Cette déclaration du LaRouche Political Action Committee (comité d’action politique pour LaRouche), rédigée le 22 mai 2005, sera diffusée à cent mille exemplaires à Washington d’ici le 24 mai.

 

Sauvons la Constitution américaine !
par Lyndon LaRouche

 
Si vous êtes concerné par le sort de notre pays et l’avenir de votre famille, vous devez immédiatement apporter tout votre soutien aux dirigeants démocrates du Sénat. En effet, ce mardi 24 mai, le chef de la majorité républicaine, Bill Frist, compte intervenir pour démanteler la Constitution des Etats-Unis, afin d’imposer une dictature de droite au service de la Maison-Blanche.

Dans l’immédiat, cette tentative de coup d’Etat est dirigée contre l’institution du Sénat américain. Le but est de briser les pouvoirs que la Constitution lui attribue pour qu’il rappelle à l’ordre une présidence dévoyée ou une majorité provisoirement égarée de la Chambre des représentants. La disposition qui le permet, prévue en vue de défendre la Constitution américaine, relève des pouvoirs propres du Sénat, c’est-à-dire ceux de formuler des avis et de consentir aux décisions.

Ne vous laissez pas duper par l’argument frauduleux selon lequel les juges contestés (nommés par George Bush et devant être approuvés par le Sénat, ndt) seraient des « chrétiens ». Lorsque la nomination d’un juge de tendance fasciste doit être confirmée, il ne s’agit pas de religion mais de politique économique. Il faut savoir de quel côté ce juge se rangera lorsque les requins financiers viendront vous dévorer dans une procédure de saisie de vos biens.

Ceux d’entre nous qui sont suffisamment cultivés ou assez âgés pour s’en souvenir savent de quoi je parle.

Des dirigeants démocrates et d’autres responsables établissent un sinistre parallèle entre les activités incendiaires du ministre de la Propagande de la Maison-Blanche, Karl Rove, extrémiste patenté de l’ultra-droite, et du vice-président Dick Cheney, et les actions incendiaires d’Hermann Goering qui menèrent à la prise de pouvoir d’Adolf Hitler, le 28 février 1933. Hitler ne renonça jamais à ces pouvoirs dictatoriaux avant de se suicider le 30 avril 1945 à Berlin. Des dizaines de millions de personnes périrent en raison des événements des 27 et 28 février 1933. Sachant que l’administration Bush prône aujourd’hui l’« utilisation préventive » d’armes nucléaires, il y aura bien plus que des dizaines de millions de personnes qui périront si nous permettons aux Etats-Unis d’emprunter cette même voie dictatoriale. L’administration Bush, de plus en plus désespérée et hystérique, entend utiliser de telles armes aussi rapidement qu’on pourrait dire : « Rappelez-vous ce qui s’est passé avec l’Irak. »

Le Sénat américain, de par son pouvoir de conseiller le Président et de donner son consentement à sa politique, représente votre principal rempart contre les conséquences de la poursuite acharnée d’une politique de guerre nucléaire « préventive ». Ne permettez pas que cette intention originelle inscrite dans notre Constitution soit abolie par une décision parlementaire prise dans la panique et à la majorité simple, du même type que celle qui accorda à Hitler des pouvoirs dictatoriaux le 28 février 1933. Si vous laissez faire Bill Frist ce mardi 24 mai ou dans les jours qui viennent, personne ne pourra prédire où et quand s’arrêtera cette dérive vers la guerre.

Sans les pressions brutales exercées par des cercles haut placés de la présidence Bush, de nombreux républicains se joindraient aux démocrates pour empêcher la réussite du complot ourdi par la Maison-Blanche contre la Constitution. Par conséquent, il faut immédiatement soutenir les dirigeants démocrates, ainsi que les sénateurs républicains préoccupés, mais trop souvent intimidés.

La question économique

Les citoyens américains ne peuvent pas se permettre d’être à nouveau trompés. Ils doivent reconnaître les vrais enjeux derrière la tentative de la Maison-Blanche d’accaparer des pouvoirs dictatoriaux relevant d’un régime de parti unique. La question essentielle n’est pas les convictions religieuses des juges mais, comme à l’époque de la Révolution française le 14 juillet 1789 ou lors de l’octroi de pouvoirs dictatoriaux à Hitler le 28 février 1933, il s’agit de questions économiques. Ces candidats de droite aux postes de juges fédéraux sont nommés pour aider ceux qui veulent s’emparer de la tirelire de vos enfants, entreprise que l’on peut difficilement qualifier de chrétienne.

Aujourd’hui, l’économie américaine est au bord d’un effondrement économique et financier pire que celui de 1929-1933, et les forces contrôlant le malheureux locataire du Bureau ovale - par exemple celui qui se verrait bien en « Hjalmar Schacht » de la situation, George Pratt Shultz, ancien ami de Pinochet, architecte de la présidence Bush et grand partisan de son plan de privatisation des retraites à la Pinochet - sont déterminés à priver les gens de leur retraite, de leur assurance maladie et de toute protection contre la faillite du système financier mondial actuel.

Personne n’a d’excuse pour soutenir cette tentative de l’administration Bush visant à accaparer des pouvoirs dictatoriaux. Nous autres, Américains, ne nous sommes pas seulement remis à flot après l’effondrement de 1929-33 dû à la politique des gouvernements Coolidge et Hoover, mais, mieux encore, sous la direction du président Franklin Roosevelt, nous avons empêché ce qui, sans nous, aurait pu devenir la dictature mondiale d’Adolf Hitler. Nous pouvons faire à nouveau ce que nous avons déjà fait une fois.

En effet, la majorité de nos dirigeants politiques a une envergure suffisante pour prendre les décisions permettant de nous sortir de l’effondrement financier mondial, aujourd’hui imminent. Certes, beaucoup d’entre eux ont commis des erreurs dans le passé. Cependant, presque tout le monde fait des erreurs, et celles des plus hauts responsables tendent à être les plus graves. Mais lorsqu’en tant que peuple, nous avons uni nos forces pour faire face à un problème et le résoudre, nous avons toujours gagné, tôt ou tard. J’espère que cette fois-ci, ce sera tôt.

A cette fin, les fondateurs de notre république constitutionnelle créèrent un système constitutionnel qui reste le meilleur au monde encore aujourd’hui et qui est un modèle pour traiter le type de crise financière auquel les systèmes parlementaires d’Europe ne peuvent faire face à eux seuls. Notre expérience du temps de Franklin Roosevelt est encore vivace dans notre mémoire nationale, notamment parmi ceux qui étaient jeunes adultes ou adolescents dans les années 30 et 40. Les mesures qui réussirent à l’époque doivent servir de base pour le choix des mesures de relance économique que nous devons commencer dès maintenant à mettre en œuvre.

Par conséquent, donnez à nos dirigeants, et surtout à nos sénateurs, la chance de défendre le principe constitutionnel de conseil et de consentement conféré au Sénat. Soutenez-les dans cette lutte. Soutenez-les comme si vos libertés personnelles en dépendaient. C’est probablement le cas. En les soutenant, vous défendrez notre système constitutionnel.

Soutenez ce système comme si votre vie et l’avenir de la nation dépendaient de ce combat. Car c’est bien le cas. Je donne tout mon soutien à ceux qui mènent cette lutte, qu’ils soient démocrates ou républicains. Vous devriez en faire autant.