Une Coalition des volontaires pour saboter la paix en Ukraine ?

mercredi 19 mars 2025


Tous les regards sont désormais tournés vers la possibilité de mettre fin à la guerre en Ukraine. Pour ceux comme nous qui souhaitent éviter une guerre nucléaire mondiale, c’est une perspective pleine d’espoir ; à Londres, à Paris, à Bruxelles, et dans d’autres capitales européennes, l’entêtement et l’aveuglement des Gamelins de salon prévalent, et un fort grincement de dents se fait entendre.

Mardi 18 mars, le président Trump et le président Poutine ont eu une nouvelle discussion téléphonique de deux heures. Les deux dirigeants ont abordé de nombreux sujets qui, s’ils se concrétisent, pourraient signifier la fin des combats en Ukraine et un désengagement salutaire par rapport à une folle course au conflit direct entre puissances nucléaires. Il semble qu’ils se soient mis d’accord pour commencer par un cessez-le-feu d’un mois sur les frappes contre les infrastructures énergétiques, posant cela comme base à partir de laquelle une paix durable pourrait se construire. Poutine n’exige pas « des nuances », mais exprime des réserves par rapport à un simple cessez-le-feu qui ne ferait que geler le conflit. En revanche, il n’a aucune nuance par rapport à une paix durable, basé sur la non-extension de l’OTAN et l’acceptation de l’Ukraine comme un pays neutre et pacifique.

La grande question qui se pose à l’heure actuelle est la suivante : la « Coalition des volontaires » menée par les Britanniques et un « Macron dans le bunker » pourra-t-elle saboter la normalisation des relations entre les États-Unis et la Russie et la paix qu’elle est en passe d’engendrer ? Si rien n’est résolu pour l’instant, il est un fait que le premier appel téléphonique entre Trump et Poutine, le 12 février, a signifié la reprise des communications au plus haut niveau entre les deux grandes puissances, suspendues depuis environ trois ans. Par la suite, des délégations des deux pays se sont rencontrées en Arabie Saoudite et, le 11 mars, des délégations des États-Unis et de l’Ukraine se sont réunies sur les perspectives de cessez-le-feu et de paix.

Dans le même temps, un mouvement s’en mis en branle en Europe – en public comme en coulisse – visant à empêcher une résolution du conflit ukrainien et à préparer à la guerre. Pour commencer, suite à la réunion entre les délégations américaine et ukrainienne à Djeddah, en Arabie Saoudite, les grands médias ont immédiatement déroulé le récit selon lequel « la balle est dans le camp de la Russie » – un récit conçu comme un stratagème, de sorte que lorsque la Russie, comme on peut s’y attendre, s’oppose à des conditions de « sécurité » de cessez-le-feu inacceptables (attribuables en grande partie aux « experts » britanniques), comme le déploiement de forces de maintien de la paix de pays membres de l’OTAN en Ukraine. L’objectif étant de présenter la Russie comme l’ennemi perpétuel et brutal, avec lequel aucune négociation n’est possible, et contre lequel il n’y aurait d’autre solution que le renforcement militaire européen.

« La balle est dans le camp de la Russie », a ainsi déclaré lundi à Bruxelles Kaja Kallas, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères. Le jeudi 20 mars, le Premier ministre britannique Sir Keir Starmer accueillera à Londres des responsables militaires de l’UE et des pays membres de son groupe de la « Coalition des volontaires », afin de s’engager dans une gesticulation militaire encore plus massive. Le même jour, débutera à Bruxelles une réunion de deux jours entre les chefs d’État de l’UE, notamment avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et d’autres, pour donner suite au « plan ReArm Europe », qui prévoit 800 milliards d’euros au cours de la période à venir, destiné à convertir ce qui reste de la base économique européenne en une économie de guerre.

L’armée allemande recrute déjà des filles et fils de paysans en Bavière, souvent des mineurs, avec l’autorisation de leurs parents. Les hôpitaux allemands font des stocks en préparation d’un conflit supposé. L’industrie automobile compte reconvertir plusieurs sites, y compris celui d’Audi à Bruxelles, pour produire des véhicules militaires.

Comme l’a expliqué lundi Helga Zepp-LaRouche, dirigeante de l’Institut Schiller, « deux voies » s’offrent à nous dans la situation stratégique actuelle : soit celle menant potentiellement à une résolution positive en Ukraine, avec des avantages pour d’autres zones de conflit, soit la voie folle de la préparation à la guerre, qui ne peut que mener toutes les parties vers la ruine.

Les Russes ont de nouveau énoncé leurs principales considérations de sécurité pour tout cessez-le-feu et règlement en Ukraine, par la voix d’Alexander Grushko, vice-ministre des Affaires étrangères.

Dans une interview au quotidien Izvestia publiée lundi, il a prévenu : « Si nous examinons les concepts stratégiques approuvés par l’OTAN et le développement dans l’Union européenne, ainsi que la nature des déploiements de l’OTAN le long de nos frontières, il ressort clairement qu’il s’agit de plans à long terme que l’Occident n’essaie pas d’adapter de quelque manière que ce soit à un futur accord de paix. »

Grushko a rejeté une grande partie des discussions sur un « paquet de paix » comme étant « beaucoup d’air chaud », parce qu’il « met la charrue avant les bœufs », en parlant de maintien de la paix avant même qu’un accord n’ait été négocié.

Concernant le débat houleux à Paris, Londres, Bruxelles et ailleurs sur le déploiement de forces en Ukraine, il a déclaré sévèrement :

Le maintien de la paix et l’OTAN sont des choses incompatibles », ajoutant que « nous ne nous soucions absolument pas de savoir sous quelle étiquette les contingents de l’OTAN peuvent être déployés sur le territoire de l’Ukraine, qu’il s’agisse de l’Union européenne, de l’OTAN ou à titre national. Dans tous les cas, s’ils s’y présentent, cela signifie qu’ils sont déployés dans une zone de conflit avec toutes les conséquences pour ces contingents en tant que parties au conflit.

Dans son appel aux chefs d’État occidentaux, publié le 9 mars sur le site de l’Institut Schiller, Mme Zepp-LaRouche conclut :

En Europe, les signaux inattendus de Trump pour arrêter la guerre en Ukraine et reprendre la diplomatie avec la Russie ont provoqué une panique totale et des cris de guerre. Mais il est encore temps de corriger cette trajectoire potentiellement fatale. Si l’Europe veut surmonter sa misère économique actuelle, c’est dans la coopération avec les nations du Sud mondial, devenues depuis longtemps la majorité mondiale qu’elle trouvera la solution.