Non à la grande guerre, bâtissons une architecture de sécurité mondiale !

lundi 10 mars 2025, par Helga Zepp-LaRouche

Helga Zepp-LaRouche, Présidente de l’Institut Schiller
CGTN
Déclaration d’Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller pour diffusion et soutien immédiats à l’échelle internationale.

Le 8 mars 2025 - L’Union européenne (UE) et la plupart des gouvernements européens sont en proie à une hystérie guerrière qui ne peut être comparée qu’à la folie belliciste qui a éclaté avant la Première Guerre mondiale.

Source Institut Schiller

On prévoit des sommes astronomiques pour le réarmement  : Ursula von der Leyen veut investir 800 milliards d’euros (!) dans le plan « ReArm Europe », en invoquant l’article 122 du traité de Lisbonne qui permet de contourner le Parlement européen. Friedrich Merz, qui avait promis avant les élections [du 23 février] que la CDU ne toucherait pas au frein à l’endettement, dit exactement le contraire maintenant que les élections sont passées : il propose, pour commencer, 400 milliards d’euros pour la production d’armements et 500 milliards pour des infrastructures qui serviront en grande partie à des fins militaires, mais sans fixer de plafond pour les dépenses militaires. « Quoi qu’il en coûte », a-t-il dit, reprenant l’expression utilisée par Mario Draghi pendant la crise de l’euro pour indiquer qu’on devait ouvrir toutes les vannes de l’argent. Et ceci, alors que l’économie physique allemande est en chute libre, que certains pays européens croulent sous des montagnes de dettes et que l’Europe a déjà été largement laissée pour compte sur le plan économique.

Et pourquoi cette fantastique augmentation monétaire aussi soudaine, comme si demain n’existait pas ? Le président Trump discute avec le président Poutine pour négocier la fin de la guerre en Ukraine, militairement perdue pour Kiev depuis longtemps, et arrêter ainsi d’envoyer Ukrainiens et Russes à la mort. Ce faisant, il éloigne le monde d’une guerre thermonucléaire mondiale, dont la politique d’escalade de la précédente administration américaine nous avait rapprochés si dangereusement.

Mais au lieu de féliciter Trump et de le soutenir, l’Union européenne (pourtant lauréate du prix Nobel de la paix 2012...), de concert avec le Premier ministre Starmer, le président Macron et le chancelier Merz, s’efforcent de prolonger la guerre « jusqu’au dernier Ukrainien », alors que, selon les experts, elle a déjà coûté la vie à plus d’un million d’Ukrainiens et environ 300 000 Russes. Les Européens retentent ainsi le sabotage opéré par Boris Johnson en mars 2022 pour torpiller l’accord d’Istanbul entre Poutine et Zelensky, qui aurait pu mettre fin à la guerre quelques semaines après son déclenchement, et qui est donc responsable de tous les morts depuis.

Dans le même temps, divers services secrets suédois, danois, allemands et autres nous avertissent que, d’ici 2029-30, la Russie aura suffisamment renforcé ses capacités militaires pour être en mesure d’attaquer un ou plusieurs États membres de l’UE. Cette affirmation purement géopolitique, qui ne repose sur aucune preuve, pourrait se concrétiser si l’Europe continue à se concentrer sur l’affrontement, selon le dicton, « ce que je crie dans la forêt reviendra comme un écho ».

Plusieurs instituts, tels que l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, soulignent que ni la Bundeswehr allemande, ni les forces armées britanniques ou françaises ne sont capables, loin s’en faut, de s’engager dans un conflit direct avec la plus grande puissance nucléaire du monde, la Russie. L’Institut de Kiel a, par exemple, averti qu’au rythme actuel des achats, il faudrait à la Bundeswehr pas moins de 100 ans pour retrouver son niveau de stocks de 2004. L’armée britannique n’a que 219 chars, alors que la Russie en produit plus de 1000 par an. La Royal Air Force n’a que 173 avions de combat, et l’Italie dispose d’un arsenal impressionnant de... 150 chars de combat ! L’offre de Macron d’utiliser les armes nucléaires françaises comme parapluie pour l’ensemble de l’Europe doit être considérée davantage comme une provocation à l’égard de la Russie que comme une réelle protection.

Tom Harrington, professeur émérite au Trinity College de Hartford (Connecticut), a bien résumé la réaction des Européens : « Un chihuahua qui joue depuis des années le rôle d’un doberman à la télévision peut finir par oublier qu’il est un chihuahua. Cela peut lui causer de grosses désillusions lorsque le réalisateur annule la production. »

Si l’UE et les différents États membres européens sabotent l’intention de Trump de mettre fin, via ses négociations avec la Russie, à cette guerre en Ukraine, qui n’était dès le début qu’une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie, ils commettent une erreur historique catastrophique. S’ils tentent ensuite de financer leur terrible manque de capacités militaires en créant de l’argent en dehors des budgets ordinaires, ils répètent la politique menée par Hjalmar Schacht dans les années 1930, avec l’émission des bons Mefo. La grande guerre avec la Russie et tous ses partenaires stratégiques deviendrait alors une prophétie auto-réalisatrice !

Jusqu’à présent, les institutions européennes n’ont pas réfléchi aux erreurs stratégiques qu’elles ont commises au cours des dernières décennies et qui ont conduit à la situation actuelle, si désastreuse pour elles. Au lieu de saisir la grande opportunité historique que représentaient la chute du mur de Berlin et la réunification allemande, pour établir un ordre de paix, parfaitement possible à l’époque, toute l’Europe a fini par suivre les politiques des néoconservateurs anglo-américains.

Au lieu de dissoudre l’OTAN en même temps que le Pacte de Varsovie en 1991, l’Occident a trahi ses promesses faites à Gorbatchev de ne pas étendre l’OTAN à l’Est. Elle l’a fait pas moins de six fois, se rapprochant de 1000 kilomètres des frontières russes, créant ainsi les conditions d’une nouvelle crise des missiles de Cuba. En outre, la politique de sanctions, de changement de régime et de guerres interventionnistes, en particulier en Asie du Sud-Ouest, a provoqué une forte réaction dans l’ensemble du Sud.

Mais jusqu’à présent, les institutions européennes se sont avérées incapables de réfléchir à leurs erreurs, par crainte évidente que cela ne profite à leurs détracteurs. Confrontées au choix de rejoindre la nouvelle politique de paix américaine de Trump, elles s’alignent derrière la politique britannique, et se rallient donc au pays qui mène la politique de guerre !

Manifestement, les establishments pro-atlantiques européens n’ont toujours pas réalisé que la dynamique historique s’est déjà massivement déplacée vers l’Asie. Plusieurs nations y affichent des taux de croissance dont l’économie européenne ne peut que rêver. Le succès économique de la Chine est dû à sa politique économique, qui donne la priorité à l’investissement dans les infrastructures, l’économie réelle, l’innovation, l’excellence dans l’éducation et l’augmentation de la productivité par l’investissement dans les technologies de pointe.

Les partenaires commerciaux de la Chine profitent de cette politique, qui repose sur une coopération gagnant-gagnant, car elle est également bénéfique pour la Chine sur le plan économique. Des organisations telles que les BRICS, qui comptent aujourd’hui 22 membres et de nombreux autres aspirant à les rejoindre, ainsi que l’ASEAN, l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai), l’UEEA (Union économique eurasiatique) et d’autres, représentent désormais une alternative attrayante à l’ordre unipolaire « fondé sur des règles », reposant uniquement sur des alliances militaires et des intérêts géopolitiques. Surtout, il est désormais bien connu que l’application de ces « règles » est une question hautement arbitraire.

En Europe, les signaux inattendus de Trump pour arrêter la guerre en Ukraine et reprendre la diplomatie avec la Russie ont provoqué une panique totale et des cris de guerre. Mais il est encore temps de corriger cette trajectoire potentiellement fatale. Si l’Europe veut surmonter sa misère économique actuelle, c’est dans la coopération avec les nations du Sud mondial, devenues depuis longtemps la majorité mondiale qu’elle trouvera la solution.

L’humanité a atteint le stade où elle doit dépasser ses vieux schémas de pensée, imprégnés de géopolitique et de guerre froide, au profit d’une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement qui prenne en compte les intérêts de toutes les nations de la planète. La paix de Westphalie en est un exemple positif. Elle a été conclue parce que les belligérants sont arrivés à la conclusion que s’ils poursuivaient la guerre, il n’y aurait plus personne pour se réjouir de la victoire puisqu’il n’y aurait aucun survivant. Cet argument est d’autant plus convaincant à l’heure des armes thermonucléaires, qui, si elles étaient utilisées, entraîneraient l’extinction de toute l’humanité.

  • Nous appelons les responsables politiques européens à revenir à la raison : ne répétez pas les erreurs des années 1930 !
  • L’humanité se trouve au carrefour le plus important de son histoire. Pour un nouveau paradigme, la coopération doit remplacer l’affrontement.
  • Pour des négociations immédiates sur une nouvelle paix de Westphalie,
  • pour arrêter la guerre en Ukraine par la négociation et la diplomatie,
  • pour arrêter la guerre à Gaza par la diplomatie, pour la solution à deux États et le développement économique de toute la région.
  • Non à l’installation de missiles américains de moyenne portée en Allemagne !

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