Starmer à Washington : pitié pour notre relation spéciale !

vendredi 28 février 2025

Comme nous l’avions montré dans notre chronique du 5 février dernier, « Trump crèvera-t-il les ‘Five Eyes’ de Londres et Wall Street ? », les Atlantistes en chef que sont les Britanniques sont extrêmement inquiets du changement géopolitique imprimé par la nouvelle administration Trump.

En visite à la Maison-Blanche le 27 février, Sir Keir Starmer, le Premier ministre britannique, n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre le président américain de s’engager sur des positions qui garantiraient la préservation de leur chère « relation spéciale », aujourd’hui étroitement liée à la poursuite du conflit entre l’OTAN et la Russie en Ukraine.

« Tout a changé »

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec Sir Keir Starmer sur une chose : nous sommes dans « un monde où tout a changé ». Ce sont les mots que le Premier ministre britannique a employés lors de son discours du 25 février devant la Chambre des communes, alors qu’il se préparait nerveusement à rencontrer le président Donald Trump à la Maison-Blanche le 27.

En tant qu’émissaire de la monarchie britannique, Starmer a pour mission de sauver, à n’importe quel prix, la « relation spéciale américano-britannique », instaurée il y a 70 ans par Winston Churchill afin de maintenir les intérêts d’un empire britannique éclipsé par la puissance américaine.

Dans son émission hebdomadaire sur internet, la présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a rappelé que

la relation spéciale américano-britannique a été au cœur de tout ce qui a mal tourné dans la période de l’après-guerre froide. Ce fut le moteur de la création du monde unipolaire et de tous les aspects pervers qui l’ont accompagnée, notamment avec des opérations dans plus de cent pays à travers le monde à des fins de changement de régime (…) ; tout cela dans le but de protéger un empire basé sur la relation spéciale américano-britannique, en utilisant le modèle de l’Empire britannique comme moyen de gouverner le monde.

« Que ce système touche aujourd’hui à sa fin est la meilleure nouvelle que l’on puisse entendre ! », a lancé Mme Zepp-LaRouche.

Le deuxième objectif de la visite de Starmer à Washington était de faire en sorte que les négociations de paix entamées par les présidents Trump et Poutine pour mettre fin au carnage en Ukraine ne puissent aboutir.

Le problème, comme l’a bien dit le Premier ministre britannique, est que le monde a radicalement changé suite à la conversation téléphonique du 12 février entre Trump et Poutine, suivie de discussions diplomatiques de haut niveau entre leurs représentants à Riyad le 18 février. 

Car non seulement les deux parties sont déterminées à normaliser les relations russo-américaines et à élaborer une paix qui s’attaque aux causes sous-jacentes ayant conduit à la guerre (à savoir le dangereux rapprochement de l’OTAN des frontières russes), mais les deux pays ont même commencé à discuter d’une éventuelle coopération économique conjointe sur des projets mutuellement bénéfiques.

Rien ne va plus

A en lire les principaux médias britanniques, c’est le ciel qui nous tombe sur la tête. « Les États-Unis sont maintenant l’ennemi de l’Occident », se lamente Martin Wolf, rédacteur associé et commentateur économique en chef au Financial Times (il écrit également une chronique tous les mardis dans le journal Le Monde) et commandeur de l’ordre de l’Empire britannique. Le magazine londonien The Economist renchérit dans le même sens : « Face à l’effondrement de l’alliance transatlantique, les dirigeants européens stupéfaits ont entamé cette semaine un effort diplomatique pour sauver ce qu’il en reste. »

Cette semaine, ce fut un véritable défilé à Washington :

  • lundi 24 février, après s’être entretenu avec trente (!) autres chefs d’État, Emmanuel Macron a rencontré le président Trump à la Maison-Blanche pour tenter de faire dérailler le processus de paix en Ukraine. Il pourra repasser.
  • mercredi 26 février, Kaja Kallas, la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, avait espéré s’entretenir avec le secrétaire d’État Marco Rubio, afin de le convaincre que l’OTAN représente « la meilleure garantie de sécurité pour l’Ukraine », comme elle l’a affirmé à l’AFP. Un déplacement pour rien, puisque Rubio a annulé la réunion en raison de « problèmes d’emploi du temps ». Deuxième déconvenue.
  • jeudi 27 février, c’est donc au tour de Starmer de débarquer à Washington, où une équipe énergique de militants de l’Organisation LaRouche (TLO) l’a accueilli en inondant le Congrès d’une fiche d’information exigeant la fin de la fameuse « relation spéciale ».
  • Enfin, au moment où nous écrivons ces lignes, l’infortuné Volodymyr Zelensky s’apprête à débarquer à Washington pour négocier auprès de Trump d’accorder aux intérêts financiers américains un accès privilégié aux richesses minérales de l’Ukraine, dans l’espoir d’obtenir en retour des « garanties de sécurité » de la part des États-Unis.

Nouveau paradigme

J’ai le sentiment que les élites européennes ont perdu tout lien avec la réalité depuis si longtemps qu’elles ne peuvent pas s’adapter à une situation stratégique changeante (…), a résumé Helga Zepp-LaRouche. Normalement, quand quelqu’un a perdu tout contact avec la réalité, il est considéré comme fou.

Ce monde changeant que les élites de l’establishment ont tant de mal à comprendre et à appréhender, c’est le plein épanouissement des nations de la majorité mondiale autour d’un engagement commun envers un nouveau paradigme. Par exemple, lors d’une réunion de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, le 24 février, le ministre indien des Affaires étrangères, S. Jaishankar, a expliqué que « l’engagement indéfectible de l’Inde en faveur des droits de l’homme est profondément enraciné dans sa philosophie durable d’unité mondiale, d’ouverture et de respect mutuel ».

La philosophie indienne de « Vasudhaiva Kutumbakam », a-t-il ajouté, voit le monde

comme une seule famille (…). Et aujourd’hui, plus que jamais, cette perspective est urgente (…). Nous croyons fermement qu’en ces temps, le monde a besoin de nous tous, ensemble.

De son côté, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a présenté le point de vue similaire de son pays : « La Chine, qui se soucie profondément de l’avenir de l’humanité et du bien-être de tous les pays, sera un praticien de la coopération internationale, un promoteur de l’apprentissage mutuel entre les civilisations et un bâtisseur d’une communauté de destin pour l’humanité », a-t-il expliqué.

A nous de tout faire pour que les dirigeants occidentaux comprennent et rejoignent ce changement de paradigme, en se rappelant ces paroles de Martin Luther King : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous mourrons tous ensemble comme des fous. »