Vieillesse, virus et vaccins, une affaire de cœur

vendredi 31 janvier 2025, par Agnès Farkas

Article d’Agnès Farkas publié 19 janvier 2025 sur son blog Tous centenaires et bien portants.

La politique de la vieillesse ne se suffit pas à elle-même. Elle n’est et ne peut être qu’un aspect d’une politique plus large, tendant à assurer un aménagement harmonieux de l’ensemble de la société. Pierre Laroque, 1962.

C’est indéniable, nous vivrons plus vieux et en meilleure santé si les conditions économiques nous le permettent : plus de 20% de la population européenne a dépassé sa 65e année.

En 2024, les infections respiratoires touchent une personne sur cinq de cette tranche d’âge. La fragilité et la vulnérabilité de ces personnes face aux attaques virales leur fait courir, non seulement un risque d’infections respiratoires invalidantes mais aussi la possibilité accrue d’atteintes de diverses pathologies cliniques comme des accidents vasculaires cérébraux et cardiaques qui se traduiront, in fine, par des handicaps et une réduction de l’espérance de vie.

Aussi, une véritable politique de prévention des infections virales et microbiennes est donc nécessaire pour conserver pour tous, le plus longtemps possible, une « vie de qualité ».

Pour la réalisation de cette dernière, le 4 décembre 2024, l’Académie nationale de médecine et la Haute Autorité de Santé ont promu un colloque sur « La vaccination des seniors » et réclament « une gouvernance claire de la part des pouvoirs publics » qui réponde au manque de clarté sur ces questions pourtant essentielles. Le débat issu de cette réunion académique est actuellement porté devant la Chambre des députés.

Faire un point sur l’état des lieux

En France, en 2022, l’espérance de vie sans incapacité est de 65,3 ans pour les femmes et de 63,8 ans pour les hommes (source DRESS), et l’espérance de vie à la naissance est de 79,4 ans pour les hommes et de 85,3 ans pour les femmes. Si ce gain de vie n’est pas contrarié par des politiques de contraintes budgétaires essentiellement dues à la dégradation financière du pays, l’investissement économique dans le maintien d’une vie de qualité pour les personnes âgées sera possible, notamment dans la prévention des maladies virales.

Le vieillissement s’accompagne d’un déclin des fonctions immunitaires (immunosénescence) et d’un déficit de réponses efficaces aux attaques virales comme celles de la grippe, du Pneumocoque ou du Covid-19.

En effet, les virus sont redoutables, non seulement parce qu’ils sont la source de décès – une moyenne de 9 000 décès par an de la grippe dont plus de 90 % ont plus de 65 ans. La majorité des formes sévères de la grippe concernent donc les seniors et sont la cause de 44 % des admissions en réanimation entre 2011 et 2022. De plus, les infections respiratoires laissent des séquelles, telles celles du Covid long, qui touchent particulièrement les systèmes cardiovasculaire et respiratoire et ont souvent pour conséquence des handicaps lourds et des maladies chroniques.

Selon Caroline Semaille, médecin praticien en santé publique et infectiologie, « les pathologies de l’appareil respiratoire représentent, chez les plus de 65 ans, la troisième cause de décès après les tumeurs et celles de l’appareil circulatoire ».

Prévenir n’est pas guérir

A l’époque des plus que centenaires, une question reste importante : Comment vieillir en relative bonne santé ? Si une bonne alimentation, des exercices corporels et un bon état psychique sont importants, il faut, encore plus, se prévenir dès l’enfance des attaques virales qui laissent de nombreuses séquelles, comme nous venons de le souligner. En un mot, l’acquisition d’une bonne immunité dès l’enfance prémunit contre les effets secondaires que provoqueront des attaques répétées de maladies virales qui toucheront la population à un âge avancé.

En effet, non seulement l’immunité des seniors est renforcée par les vaccinations acquises avant 65 ans, mais de plus, les vaccinations faites après cet âge bénéficieront d’un taux d’efficacité renforcé. [1]

Comme le souligne Jean-Pierre Michel, professeur honoraire de médecine gériatrique de l’Université de Genève :

Il est de mieux en mieux démontré que les vaccinations protègent aussi contre certaines maladies chroniques (modulation du processus inflammatoire dans l’athérosclérose, les pathologies cardio-vasculaires et la démence) et réduisent l’incapacité fonctionnelle post-infectieuse.

De nombreuses maladies sont évitables grâce à la vaccination, comme par exemple, les AVC faisant suite à un zona ou à une pneumonie et qui mènent souvent à une perte d’autonomie et à la dépendance.

Climat politique et éducation de la population

On ne peut contraindre la population à adhérer à un programme vaccinal sans promouvoir une « gouvernance claire de la part des pouvoirs publics » qui apporte des réponses aux questions pourtant essentielles. Tout un chacun a le droit de s’interroger sur le bien-fondé de la vaccination, de ce qui la justifie. Les programmes d’éducation scolaire et d’information de la population sont nécessaires pour mieux connaître la recherche scientifique et quel est l’avantage de la vaccination.

Les médecins et le corps médical doivent contribuer à cette information pour soutenir l’effort d’une politique de prévention nationale contre les infections virales et microbiennes.

En un mot, une relation de confiance doit être établie entre la population, le corps médical et les autorités du pays.

Sinon, les périodes difficiles que sont celles des épidémies deviennent celles où s’entremêlent opposition politique et opposition vaccinale qui perdure au détriment de la découverte scientifique et de la santé des individus. Dans ce sens, le politique doit être au service de la science de la découverte pour assurer le bien-être du plus grand nombre, et non à la botte de lobbies qui détournent cette découverte à leur profit.

L’alliance entre le fabricant Pfizer et la direction de l’Union européenne est l’exemple même du seul profit financier au détriment des ressources économiques des Etats.

Non seulement, ce pillage a été organisé au détriment de services de santé publique déjà sous-équipés, mais a laissé une trace solide de méfiance dans la population à l’encontre des institutions. Ce qui remet gravement en cause la confiance de cette population dans les programmes de santé publique, dans un moment où le monde pourrait faire face à d’autres épisodes pandémiques.

Chers concitoyens, une bonne qualité de vie nécessite donc de défendre âprement ce bien commun de l’humanité qu’est l’éducation à la science de la découverte.


[1Ici, une précision : les vaccins ne sont pas des médicaments. Ils ne guérissent pas, ils font partie du « préventionnel » en santé. L’attaque virale reste possible mais les conséquences physiologiques sont atténuées car le système immunitaire reconnaît le virus et a appris à s’en défendre.