Haïti demande le remboursement de sa dette d’indépendance

vendredi 3 janvier 2025, par Tribune Libre

Le nouveau président du Conseil de transition, Leslie Voltaire, a plaidé pour le remboursement de la dette d’indépendance qu’a payé Haïti à la France de 1825 à 1883. Une exigence qui illustre la demande du Pape François lors du Jubilé 2025 : annuler la dette des pays pauvres.

Voici un article publié le 2 janvier 2025 sur le site du Vatican.

NOS DOCUMENTS DE REFERENCE :

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Véritable serpent de mer des relations entre la France et Haïti, le remboursement de la dette d’indépendance payée à la France par Haïti a de nouveau été demandé par le président du Conseil présidentiel d’Haïti.

« Cette injustice inqualifiable constitue une meurtrissure qui ne cesse de hanter notre mémoire. Et malheureusement, le paiement de ces rançons a contribué à compromettre de manière significative les perspectives de développement de la jeune nation », a-t-il insisté ce 1er janvier, 221e anniversaire de l’indépendance d’Haïti.

Un héritage de l’histoire

Colonie française sous le nom de Saint-Domingue à partir de 1697, Haïti acquiert son indépendance par les armes en 1804. Toutefois, la France revient en 1825 : un émissaire du roi Charles X, accompagné par une solide escorte militaire, force le gouvernement haïtien à reconnaître et payer une dette de dédommagement en faveur de l’ancienne puissance coloniale.

Le prix de la liberté : 150 milllions de francs-or, réduits ensuite à 90 millions, ce qui représente selon le New York Times, la somme d’environ 525 millions d’euros en valeur actualisée. Car il faut ajouter les intérêts de cette dette. En effet, le nom de « double dette » vient du fait que les Haïtiens ont été contraints d’emprunter de l’argent à la France pour honorer cette dette, et ont donc dû verser des intérêts.

Arrivé au pouvoir en 1991, l’ancien prêtre Jean-Bertrand Aristide, premier président démocratiquement élu après la dictature des Duvalier, est l’une des premières voix à réclamer à la France que la somme soit restituée au pays.

Une demande récurrente des pontifes

L’exemple haïtien met en évidence la difficulté des pays pauvres à se développer lorsqu’ils sont accablés par une dette, souvent dans les mains des pays les plus riches. Le Pape François a rappelé l’importance d’annuler la dette des pays les plus pauvres, dans la bulle d’indiction du Jubilé de l’espérance, Spes non confundit. « Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injustes et insolvables et rassasions les affamés », écrit-il.

Cette proposition n’est pas nouvelle, mais semble peu entendue. Ainsi, lors du dernier jubilé en l’an 2000, saint Jean-Paul II avait expliqué qu’annuler la dette des pays pauvres visait « un but de civilisation et de progrès ».