Revue de livre :
Géraldine Woessner, Erwan Seznec
Les illusionnistes – Climat, agriculture, nucléaire, OGM : enquête inédite sur les dérives de l’écologie politique
Robert Laffont
Septembre 2024,
21,90 €
Par Pierre Bonnefoy
Dans ce livre, les auteurs passent au crible un grand nombre de campagnes très médiatisées menées par différentes personnalités et organisations écologistes, la plupart françaises, pour en mettre en évidence l’irrationalité et les conséquences le plus souvent désastreuses pour l’être humain et… l’environnement. Ce que montre cette enquête très exhaustive, c’est que le but réel de ces campagnes, que les sympathisants écologistes en soient conscients ou non, n’est pas de résoudre les problèmes environnementaux soulevés, mais plutôt d’imposer un nouveau paradigme sociétal, basé sur une forme plus ou moins explicite de décroissance. Les auteurs dénoncent donc une menace contre la santé physique et mentale de notre société.
D’emblée, l’ouvrage de Géraldine Woessner et d’Erwan Seznec nous présente les fondements historiques et idéologiques de l’écologisme, depuis les théories erronées de Thomas Malthus du XVIIIe siècle, jusqu’à la résurgence de ces théories sous de nouvelles formes plus « modernes » dans les années 1970 avec le rapport Meadows sur Les limites de la croissance publié par le Club de Rome, ainsi que les propositions brutales de Paul Ehrlich pour réduire la démographie. Il ne manque dans ce panorama historique que les pratiques malthusiennes des nazis théorisées dans le livre Mein Kampf d’Hitler à travers la notion de Lebensraum (espace vital). Mais pour le reste, Woessner et Seznec ne retiennent pas leurs coups :
En 2022, dans un entretien au journal Le Monde, Denis Meadows, qui n’a jamais admis s’être trompé, appelait à « mettre fin à la croissance incontrôlée, cancer de la société ». (…) Dans ce long entretien, il n’a évidemment pas un mot pour les dizaines de millions de victimes des politiques violentes de réduction de la natalité mises en œuvre sur la planète, sur la base de ses prédictions erronées (…)
Sous l’influence de la stratégie de « dé-développement » de Paul Ehrlich, funeste auteur de La Bombe P, le gouvernement américain réoriente sa politique d’aide au développement vers le contrôle des populations (…) En 1965, alors que l’Inde est menacée de famine, les États-Unis conditionnent l’envoi d’une aide alimentaire à la mise en place de programmes de stérilisation intensifs.
Solidarité et Progrès ne peut qu’applaudir à ce rappel historique et politique qui semble faire écho aux écrits que nous avons publiés et aux campagnes que nous avons menées depuis 50 ans avec nos associés à travers le monde.
Ainsi, notre ami, l’homme politique américain Lyndon LaRouche, fut le premier à réfuter rigoureusement les conséquences mortifères du rapport Meadows, comme on le voit par exemple dans son livre de 1983, There Are No Limits to Growth (Il n’y a pas de limites à la croissance).
En ce qui concerne les politiques de réduction démographique imposées aux pays du Sud, le lecteur pourra aussi consulter certains de nos anciens articles de fond archivés sur ce site :
Pour en revenir au livre de Woessner et Seznec, il faut noter que l’un des chapitres les plus importants concerne l’énergie. Les auteur mettent très bien en évidence l’incohérence entre le discours écologiste sur le climat basé sur l’exigence de limiter les émissions de gaz carbonique, et les actions militantes des mêmes écologistes qui s’opposent aux mesures destinées précisément à limiter ces émissions. Nous émettrons cependant un bémol sur cette question : contrairement aux auteurs, nous ne pensons pas que la réduction des émissions de gaz carbonique soit l’urgence dont l’humanité devrait se préoccuper en priorité.
Notre point de vue là-dessus est plus proche de celui de la climatologue Judith Curry dont nous venons de couvrir le dernier livre, Le changement climatique n’est plus ce qu’il était.
Cette réserve étant faite, nous rejoignons l’analyse de Woessner et Seznec lorsque ces derniers affirment que la véritable priorité de beaucoup d’écologistes en matière d’énergie reste aujourd’hui encore de sortir du nucléaire. Ainsi Greenpeace et d’autres ont fait campagne jusqu’à récemment contre l’utilisation du chauffage électrique (qui signifie le développement de l’électricité nucléaire) et pour le chauffage au gaz (qui émet du gaz carbonique), ce qui contredit évidemment leur rhétorique sur « l’urgence climatique ».
La véritable motivation historique derrière les campagnes antinucléaire a été, et reste encore aujourd’hui, l’idéologie décroissante de leurs inspirateurs. Le « problème » pour eux de l’énergie nucléaire est qu’elle permet à davantage d’être humains de vivre dans de meilleures conditions car elle fait reculer la limite arbitraire des ressources disponibles que les malthusiens veulent assigner à la planète.
Ainsi,
L’astrophysicien Aurélien Barrau, héraut du courant effondriste, le dit explicitement : ’L’énergie est aujourd’hui essentiellement utilisée pour artificialiser le monde, détruire la vie et affaisser le sens. Une source d’énergie presque propre et presque infinie serait donc – évidemment – la pire nouvelle possible.’
Dans la même logique, de nombreuses campagnes sont lancées contre les technologies modernes dont l’agriculture a besoin pour répondre aux besoins alimentaires de l’humanité. D’où les attaques anti-scientifiques contre les OGM, notamment celle de Greenpeace contre le « riz doré » qui permettrait pourtant de réduire considérablement la malnutrition dans les pays pauvres.
Il serait fastidieux de passer en revue tous les exemples développés dans Les illusionnistes que le lecteur pourra découvrir par lui-même.
La conclusion de cette enquête se dégage clairement : le catastrophisme entretenu par l’écologie politique et la plupart des médias avides de faire du sensationnel (parmi lesquels Le Monde joue un rôle proéminent), entretiennent un climat d’angoisse dans la population et rendent admissibles les propos de « penseurs » influents selon lesquels la démocratie devrait être dépassée en tant que forme de gouvernement.
C’est le cas, en particulier, de ceux comme Jean-Marc Jancovici ou Dominique Bourg, qui ont contribué au « Pacte écologique » de Nicolas Hulot signé par les candidats à l’élection présidentielle de 2007, et mis en application par Nicolas Sakozy une fois élu, à travers le « Grenelle de l’environnement ».
Dans Le Monde du 31 octobre 2010, Dominique Bourg explicitait ses projets de réforme constitutionnelle, qui revenait purement et simplement à instaurer une aristocratie. ’Un nouveau Sénat, expliquait-il, formé pour deux tiers au moins de personnalités qualifiées […] et pour un tiers de citoyens, aurait pour rôle d’élaborer, en amont de l’Assemblée nationale, les grands mécanismes législatifs. » Difficile d’être plus clair. Les élus de la nation travailleraient seulement dans un cadre fixé par une sorte de conseil des sages, qui pourrait « mettre son veto’. Pour désigner ces sages, Dominique Bourg pensait en toute simplicité aux ’organisations non gouvernementales environnementales’, c’est-à-dire à lui-même et à ses pairs. Il se préparait alors à publier un livre sur l’inadaptation des démocraties aux enjeux contemporains. »
Avez-vous dit « dictature verte » ?
Voici donc un livre à offrir pour Noël à vos jeunes millenials victimes d’écoanxiété.