Lavrov : « Les États-Unis n’interfèrent pas dans les affaires intérieures de la Russie, vraiment ? »

lundi 3 juillet 2023

Chronique stratégique du 3 juillet 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Dans une longue interview accordée le 28 juin à l’émission Great Game de la chaîne de télévision russe Channel One, le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a accusé les États-Unis d’avoir menti en affirmant qu’ils ne s’ingéraient pas dans les affaires de Moscou.

Pour le ministre russe des Affaires étrangères, toute personne connaissant les antécédents des États-Unis en matière de changement de régime ne peut voir une telle déclaration autrement que comme très « artificielle ». « La manière dont les fondations et les organisations non gouvernementales américaines ont fonctionné dans notre pays jusqu’à récemment, il y a plusieurs années, et ce qu’elles ont fait pour soutenir et encadrer l’opposition, indiquent clairement qu’il s’agit d’une tromperie évidente ».

Ils [les pays occidentaux] sont obsédés par l’idée d’empêcher la formation d’un ordre mondial démocratique, d’un ordre mondial multipolaire, et s’accrochent à toute occasion de défendre leur hégémonie, poursuivi Lavrov. Bien sûr, ils voient en l’Ukraine, avant tout, un outil pour empêcher l’émergence d’un monde multipolaire, dans ce cas, en empêchant la Russie de devenir plus forte. (…) Il est clair que ce complot est voué à l’échec.

En outre, « ils ont de fait détruit tout le système juridique international de dissuasion et de stabilité stratégique. C’est une bonne chose qu’ils ne veuillent pas d’une guerre nucléaire, personne ne la veut. Et le système d’accords, qui a été détruit par les États-Unis, existe précisément pour réduire ce risque et le rendre tout à fait négligeable », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne l’Ukraine, le ministre a expliqué que la Russie ne pourra pas modifier son approche de la conduite de l’opération spéciale tant que l’Occident continuera de créer délibérément des menaces pour la sécurité de la Russie, achemine des armes létales en Ukraine et tant que « la destruction de tout ce qui est russe en Ukraine continuera d’être leur objectif déclaré ».

Lavrov a également indiqué qu’il restait au moins un canal de communication ouvert avec les États-Unis qui, du côté américain, passe par Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale, principalement sur des questions relatives aux opérations des ambassades à Washington et à Moscou. D’une manière plus générale, il a indiqué qu’il ne refuserait pas de communiquer avec ses homologues occidentaux. Il y a eu deux demandes de conversation de la part du secrétaire d’État Antony Blinken, l’une par téléphone et l’autre en marge du sommet du G20 à Bali en novembre dernier, mais aucune autre.

Le complexe militaro-financier dénoncé au Conseil de sécurité de l’ONU

Le 29 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni pour discuter des livraisons d’armes occidentales au régime de Kiev. L’un des conférenciers extérieurs invités à la réunion, Max Blumenthal, du site américain The Grayzone, a livré un réquisitoire sévère contre une politique américaine consistant à « donner la priorité au financement sans restriction d’une guerre par procuration avec une puissance nucléaire dans un pays étranger alors que notre propre infrastructure nationale s’effondre sous nos yeux ». Il expose aussi « une dynamique inquiétante au cœur du conflit ukrainien : un système international de Ponzi qui permet aux élites occidentales de saisir les richesses durement gagnées des mains des citoyens américains moyens et de les canaliser dans les coffres d’un gouvernement étranger que même Transparency International, parrainé par l’Occident, classe comme l’un des plus corrompus d’Europe ».

Blumenthal a ensuite souligné que les gagnants de cette guerre ne sont pas les citoyens ukrainiens, américains, russes ou même européens de l’Ouest, mais le complexe militaro-financier anglo-américain. Il a notamment pointé du doigt le fait que Blinken, alors qu’il a occupé des postes clés dans les administrations Obama et Biden, a obtenu avec sa société de conseil WestExec advisors des contrats gouvernementaux lucratifs pour des sociétés de renseignement et pour l’industrie de l’armement. Parmi les partenaires de WestExec, l’on trouve la directrice du renseignement national Avril Haines, le directeur adjoint de la CIA David Cohen, l’ancienne attachée de presse de la Maison Blanche Jen Psaki et près d’une douzaine de membres actuels et anciens de l’équipe de sécurité nationale de Biden. Blumenthal a également évoqué la relation passée du secrétaire de la Défense Lloyd Austin avec Raytheon (aujourd’hui nommé RTX) et la société d’investissement Pine Island Capital « qui collabore avec WestExec et que Blinken a conseillée ».

Ainsi, alors que les hommes ukrainiens d’âge moyen sont arrachés des rues par la police militaire et envoyés au front, les architectes financièrement et politiquement connectés de cette guerre par procuration prévoient de franchir la porte tournante pour récolter des profits inimaginables une fois leur temps dans l’administration Biden terminé, a déclaré Blumenthal.

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