De Berlin aux Pays-Bas : « l’utopie verte » mise en échec électoral

jeudi 20 avril 2023

Chronique stratégique du 20 avril 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Il n’y pas qu’en France que les gouvernements tentent d’imposer leurs folies contre la volonté du peuple.

En Allemagne, à quelques jours de l’arrêt des trois dernières centrales nucléaires en opération, le dimanche 26 mars, un référendum à Berlin sur la « neutralité climatique d’ici 2030 » a échoué de manière retentissante.

Une dizaine de jours plus tôt, le « green new deal » a subi une autre défaite aux Pays-Bas, lors des élections provinciales, où la population a voté aux côtés des agriculteurs, qui ont fait campagne contre la tentative de l’UE et du gouvernement néerlandais de massacrer une part substantielle de l’activité agricole, au nom de la sauvegarde de la planète en réduisant les « émissions d’azote ».

La presse dominante n’apprécie guère que les peuples viennent troubler « la vérité » que les élites cherchent à imposer.

Au niveau pollution intellectuelle, on peut se réjouir qu’après des années de matraquage de bien-pensance écolo et de catastrophisme climatique, les citoyens européens trouvent cet air du temps verdâtre de plus en plus irrespirable, dans le contexte d’inflation et d’escalade militaire.

Les Berlinois rejettent la « neutralité carbone »

Le 26 mars dernier, un référendum visant à fixer les objectifs de neutralité carbone de la ville de Berlin a échoué à réunir le nombre nécessaire d’électeurs pour pouvoir être validé.

Seules 442 000 personnes ont voté en faveur de l’initiative, alors qu’il aurait fallu plus de 600 000 « oui » pour qu’elle aboutisse. En effet, bien que 50,9 % des participants ont voté en faveur du renforcement de l’action climatique, le taux de participation n’a atteint qu’environ 18 % de l’électorat, soit moins que les 25 % qui étaient nécessaires pour mettre en œuvre les changements législatifs contraignants.

Il faut croire que les Berlinois ont d’autres chats à fouetter que de suivre l’agenda vert fixé à Davos, Bruxelles, Washington et Londres.

Berlin vise la neutralité climatique en 2045, tout comme l’ensemble de l’Allemagne. Le référendum visait à avancer cet objectif à 2030 — un objectif que même de nombreux partisans du vote considéraient comme irréaliste, compte tenu de la forte dépendance de la ville à l’égard des transports et du chauffage à base de combustibles fossiles.

Cet événement est à considérer dans le contexte d’un mouvement grandissant dans l’ensemble de l’Allemagne. En février, Berlin a vu 50 000 personnes défiler contre la guerre en Ukraine et contre les livraisons d’armes à Kiev. Dans la semaine du 20 au 24 mars, des agriculteurs ont manifesté en divers lieux contre certaines mesures environnementales absurdes du gouvernement.

Sous tutelle

Le référendum « 2030 neutre sur le plan climatique » qui a été rejeté le 26 septembre aurait été juridiquement contraignant pour le Sénat de Berlin, contrairement à des référendums antérieurs sur d’autres sujets. La loi berlinoise sur la protection du climat et la transition énergétique aurait été modifiée, faisant de la neutralité climatique non plus un « objectif », mais une « obligation ».

L’adoption du référendum aurait impliqué une quasi mise sous tutelle de Berlin par le Sénat. De plus, avec un coût estimé à environ 113 milliards d’euros, la mise en œuvre de la « neutralité climatique » auraient dépassé trois fois le budget total de Berlin (actuellement d’environ 38 milliards d’euros par an)…

Le résultat « montre que la majorité des Berlinois voient également que les exigences du référendum n’auraient pas pu être mises en œuvre - même si elles avaient été inscrites dans la loi », a déclaré la maire sortante de la ville, Franziska Giffey, une sociale-démocrate (SPD), selon un rapport de la Deutsche Welle. Pour sa part, le législateur conservateur (CDU) Stefan Evers a déclaré que le résultat montrait que « Berlin dit oui à la protection du climat — mais dit non aux fausses promesses ».

Le financement américain derrière le référendum

Le référendum était vu comme un projet pilote pour les grandes métropoles du monde entier par une poignée d’investisseurs verts américains, en vue de la mise en place d’une stratégie de « développement durable ».

À l’occasion de ce référendum, des recherches institutionnelles ont été menées et rendues publiques pour la première fois sur les motivations financières qui sous-tendent de telles initiatives « vertes ». La campagne a récolté 1,2 million d’euros. Le plus grand donateur est de loin un couple d’investisseurs et de philanthropes germano-américains de New York : Albert Wenger et Susan Danziger.

Près des trois quarts des dons destinés à financer le référendum Berlin 2030 proviennent des États-Unis, a expliqué Andrea Lindholz, membre de l’Union chrétienne-sociale (CSU), au quotidien Bild Zeitung. Avec plusieurs centaines de milliers d’euros, on tente apparemment d’exercer de loin une influence massive sur la politique allemande. C’est très problématique, car les dons aux partis de pays non membres de l’UE sont ‘en principe interdits’. Nous ne voulons pas d’influence extérieure sur notre démocratie. L’interdiction fondamentale des dons étrangers devrait donc également s’appliquer à l’organisation des référendums.

Le vote aux Pays-Bas

Une autre démonstration de résistance contre le diktat vert s’est manifestée à travers le vote du 15 mars aux Pays-Bas, lors des élections provinciales, qui a fait perdre le contrôle du Sénat au parti au pouvoir.

La population a voté aux côtés des agriculteurs, qui ont mené la lutte contre la tentative de l’UE et du gouvernement de réduire considérablement l’agriculture et la production alimentaire néerlandaises, au nom de la sauvegarde de la planète en réduisant les « émissions d’azote ». L’azote, un autre « méchant » désigné dans l’histoire du climat, est un sous-produit important de l’agriculture et de l’élevage, et le parti au pouvoir aux Pays-Bas, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie, voulait forcer d’énormes réductions dans l’agriculture afin d’en supprimer la production.

Quatre jours avant le vote, un grand rassemblement de protestation contre le fascisme vert du gouvernement a eu lieu à La Haye, organisé par des agriculteurs et des pêcheurs, et soutenu par le grand public. Lors du rassemblement, les deux dirigeants de la Farmers Defense Force (FDF), Sieta van Keimpema et Mark van den Oever, ont indiqué qu’ils avaient à cœur de ne pas se limiter aux questions agricoles. La FDF a pris position sur des questions plus larges comme « l’affaire des allocations familiales », un algorithme conçu par le gouvernement, sans l’ombre d’une justification, qui a accusé des milliers de familles — dont beaucoup de migrants — de fraudes liées aux allocations familiales, ce qui a entraîné des ruptures familiales et au moins un suicide.

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La FDF a pris la défense d’autres secteurs de métiers, tel que les pêcheurs, et en particulier les pêcheurs de crevettes, qui sont également visés par les nouvelles restrictions « vertes » sur les émissions d’azote. Tous les citoyens sont touchés par l’augmentation du prix du gaz naturel, qui a plus que quadruplé depuis 2019 en raison de la fuite en avant de l’UE dans la logique d’escalade militaire de l’OTAN, et qui a déjà entraîné la faillite d’un grand nombre de boulangeries familiales. Dans la province de Groningue, un grand nombre de maisons se sont effondrées, prétendument à cause des forages de gaz. Dans la province de Limbourg, le gouvernement n’a pas remboursé les ménages qui ont subi des dégâts des eaux considérables à la suite des fortes pluies de 2021, soit une moyenne de 50 000 euros par ménage.

Ces deux déconvenues électorales successives reflètent une tendance générale dans laquelle les projets d’idéologie verte radicale ne rencontrent plus l’adhésion de la population.

Ce « mood » coïncide de plus en plus avec le rejet de la politique de l’UE et de l’OTAN dans la guerre en Ukraine – en Allemagne, ce sont d’ailleurs les « Grünen » qui se trouvent en première ligne pour battre les tambours de la guerre contre la Russie. A force d’ajouter du brun au vert, la couleur kaki finit par dominer.

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