Paix

mercredi 22 février 2023, par Jacques Cheminade

Lorsque les médias français et occidentaux se font unanimement les bons apôtres de la guerre par procuration que leurs pays respectifs mènent en Ukraine, il y a quelque chose de pourri dans le royaume où se couche le soleil. Depuis l’Express (l’Ukraine doit vaincre et aura beaucoup à nous apprendre) jusqu’au Monde, monte la clameur, accompagnée par l’artillerie des chaînes d’information continue. La paix est au contraire la condition naturelle de l’homme, car elle permet le dialogue créateur qui sert le bien commun et l’accueil des générations futures. Seule la légitime défense justifie le recours aux armes.

Au nom de la paix, prenons le recul nécessaire pour réfléchir au monde qui vient.

Écoutons d’abord Emmanuel Macron à Munich : « Nous devons absolument intensifier notre soutien et notre effort pour aider à la résistance du peuple et de l’armée ukrainienne, et leur permettre de mener la contre-offensive qui seule permettra les négociations crédibles aux conditions choisies par l’Ukraine. » En clair, continuer à envoyer le peuple ukrainien à la boucherie avec des armes plus ou moins désuètes pour affaiblir la Russie jusqu’à ce qu’elle cède.

Écoutons encore celui qui est notre président comparer le monde à une jungle, avec le cynisme d’une souris se prenant pour un fauve. C’est au sommet de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique), les 18-19 novembre 2022 en Thaïlande. S’exprimant en anglais, il décrit deux éléphants, la Russie et la Chine, menaçant le monde, et la nécessité pour les autres animaux - « tigres et singes » – de s’unir pour parvenir à un « single global order », un ordre unipolaire du côté des États-Unis et de l’OTAN. Sans paraître considérer que depuis 1945, ce sont eux qui ont mené la plupart des guerres et que leur doctrine militaire n’exclut pas d’être les premiers à recourir à l’arme nucléaire. Sans considérer que c’est la guerre contre la Libye, menée dans l’orbite anglo-américaine par Nicolas Sarkozy et BHL, qui a déstabilisé toute l’Afrique occidentale et que notre intervention au Mali, censée arrêter les djihadistes, s’est terminée par un désastre faute d’avoir aidé au développement économique de la région, désastre que j’avais prévu en janvier 2013.

Revenons à la jungle. Dans son discours d’ouverture de l’Académie diplomatique européenne, Josep Borell, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, a déclaré : « Oui, l’Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin. La plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin. » La vieille rengaine de la civilisation occidentale contre la barbarie. Civilisation ?

À Bruges, la salle où se tiennent les réunions de l’Académie diplomatique, visant à substituer le « nous » européen aux « je » nationaux, porte le nom de Madeleine Albright celle qui, s’exprimant sur les 500 000 enfants irakiens morts à cause de l’intervention américaine, avait estimé que « le prix en valait la peine ».

À la frontière polonaise, les civils fuyant l’Ukraine sont séparés en fonction de leur couleur de peau. Comme nous le montre aujourd’hui Tribune juive, les Ukrainiens continuent à célébrer partout leur héros collabo des nazis, Stepan Bandera. Rappelons ici qu’une partie de la division SS Das Reich, qui sévit à Tulle et à Oradour-sur-Glane, était en partie composée de bandéristes. C’était hier ? Non, les tatouages des combattants ukrainiens témoignent hélas que c’est aujourd’hui.

Développement économique

Faut-il donc désespérer de la nature humaine ? Ce serait un confort de planqués. Rejoignons au contraire toutes les manifestations pour la paix, celle du Mouvement de la Paix le 25 février à Paris [1] et celle des Patriotes, le 26. À Washington, le 19, avec beaucoup d’autres sensibilités politiques, nos amis américains ont organisé la première d’envergure aux États-Unis. Bâtissons en même temps le fondement de la paix : une nouvelle architecture de stabilité et de développement économique pour tous les pays du monde, faisant renaître l’esprit du Traité de Westphalie et de Bandung contre l’oligarchie criminelle, par-delà les blocs géopolitiques et malthusiens.


[1et dans de nombreuses autres villes, nde