Ukraine : le vautour BlackRock veut sa part du gâteau

mercredi 4 janvier 2023

Chronique stratégique du 4 janvier 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 28 décembre, Volodymyr Zelensky et Larry Fink, le PDG du gargantuesque gestionnaire d’actifs BlackRock, ont tenu une nouvelle vidéoconférence pour discuter des plans de BlackRock visant à s’assurer le marché de la reconstruction de l’Ukraine.

En résumé : après que l’Otan a poussé la Russie vers la guerre, que le Congrès US et l’UE ont inondé l’Ukraine d’armes et d’argent, au frais des contribuables américains et européens, les vautours de Wall Street se préparent à une orgie d’investissements. Cherchez l’erreur…

D’après les communiqués officiels de l’entrevue, Zelensky a « remercié Larry Fink pour le travail fourni par l’équipe professionnelle choisie par BlackRock pour conseiller le pays en matière de structuration des projets de reconstruction ». Au cours de la conversation, « il a été souligné que certains dirigeants de BlackRock prévoient de se rendre en Ukraine au cours de la nouvelle année ».

Le 19 septembre, les deux hommes avaient tenu une réunion au cours de laquelle BlackRock avait offert des services gratuits, notamment des conseils « sur la structure, le processus d’investissement, la gouvernance et l’utilisation des recettes d’un fonds ». L’objectif de ce fonds serait de « créer des opportunités pour les investisseurs publics et privés de participer à la reconstruction et au rajeunissement de l’économie de marché en Ukraine en offrant des rendements justes et équitables aux investisseurs ».

Le 10 novembre, BlackRock Financial Markets Advisory a signé un protocole d’accord avec le ministère ukrainien de l’économie à cet effet. Les discussions ont été initialement organisées par Andrew Forrest, fondateur du groupe Fortescue Metals, qui, selon M. Fink, a joué un rôle déterminant pour faciliter le contact.

Il faut souligner que, par le passé, l’Ukraine a été l’un des principaux fournisseur de métaux essentiels et de produits métallurgiques pour le complexe spatial et militaire russe. « l’Ukraine possède 20 des matières premières considérées comme critiques, notamment le lithium, le cobalt, le graphite et le zirconium », affirmait en août dernier le dirigeant du site UkraineInvest. Cela s’ajoute à sa capacité agricole très importante, compte tenu des fameux sols de Tchernozem, qui ont déjà été « restructurés » en « agro-holdings » de type plantation depuis 1991 par les réseaux basés à Londres, notamment Goldman Sachs en association avec BlackRock.

Suivez l’argent

En septembre dernier, la Banque mondiale a estimé que le coût actuel de la reconstruction et du redressement de l’Ukraine s’élèverait à 349 milliards de dollars, un chiffre continue d’augmenter chaque jour. BlackRock se prépare donc à une véritable orgie d’investissements, sur fond de potentiel holocauste nucléaire – le tout au frais des citoyens occidentaux, bien entendu.

Les discussions entre le PDG de BlackRock et le président ukrainien donnent tout leur sens aux paroles de Zelensky lorsqu’il a déclaré, le 21 décembre devant une session conjointe du Congrès américain, que l’aide à l’Ukraine est un « investissement dans la démocratie ».

Tout cela est assez exaspérant, écrit le magazine The American Conservative, le 30 décembre : BlackRock sera très grassement payé par le gouvernement ukrainien. Et où le gouvernement ukrainien trouve-t-il actuellement son financement, étant donné que son économie est en ruines et que la guerre est une entreprise coûteuse ? Auprès du gouvernement des États-Unis, bien sûr. D’ici la fin de l’année civile, les États-Unis auront fourni 13 milliards de dollars en soutien budgétaire direct au gouvernement ukrainien pour éviter les déficits et la faillite pure et simple, et le président Joe Biden a promis de soutenir l’Ukraine ‘aussi longtemps qu’il le faudra’. Ainsi, BlackRock est payé par les contribuables américains via le gouvernement ukrainien pour concevoir un plan qui garantira le succès de leurs futurs investissements en Ukraine, réalisés avec l’argent gagné en rendant les logements américains inabordables. Avec un tel accord avec notre élite financière et politique, pourquoi voudraient-ils jamais la paix ?

Dossier S&P sur BlackRock et les "Big Three" (Cliquez sur l’image)

Rappelons que, comme nous l’avions montré dans un dossier (voir ci-contre), BlackRock, Vanguard et State Street, qui détiennent ensemble près de 20 % des actions de l’ensemble des grandes entreprises de l’anglosphère, forment un oligopole connu des initiés sous le nom de « The Big Three » — BlackRock étant le plus gros des trois, avec 8000 milliards de dollars d’actifs gérés dans le monde.

On se souvient notamment que Larry Fink de Blackrock avait été le premier PDG à être reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, en 2017. Joe Biden, au début de son mandat, avait initialement voulu nommer Fink au poste de secrétaire américain au Trésor, puis, face au mécontentement général, il avait du se contenter de nommer Wally Adayema, ancien chef de cabinet de Fink, au poste de secrétaire adjoint au Trésor.