Felix Rohatyn accueilli à Paris par les jeunes S&P

mardi 14 décembre 2004

Le mardi 7 décembre, le Courrier international organisait une conférence à la BNF, avec Félix Rohatyn, ancien ambassadeur américain en France et ancien directeur de la banque Lazard Frères.

Rohatyn, l’un des banquiers les plus puissants de cette planète, représente soi-disant une alternative démocrate aux néo-conservateurs américains ; mais les politiques qu’il a menées, en particulier à New York lors de l’opération Big Mac, dans les années 70, (plan de réorganisation financière de la ville de New York, alors en banqueroute), sont très proches de la politique intérieure du gouvernement Bush. Ce dernier s’apprête en effet à privatiser le système de retraite pour renflouer le déficit.

Rohatyn tient visiblement à jouer le rôle du « gentil flic » des relations franco-américaines, et c’est dans ce contexte qu’il faut comprendre cette visite amicale du banquier.

Le discours qu’il prononça était à l’image du personnage. Derrière une apparente discussion « au coin du feu, entre amis », c’était plutôt le seigneur féodal qui exposait à ses serfs français tous les bienfaits qu’il avait répandus autour de lui.

Il parla longuement de son enfance, puis de son exil aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il enchaîna sur la question de la peine de mort, nous disant qu’il était revenu sur sa position (il y était, à l’origine, favorable), non pas pour des raisons morales, mais parce que cela gênait les relations internationales des Etats-Unis. Il exposa ensuite son rôle crucial dans la réorganisation financière de la ville de New York. Réorganisation réussie ! Pour qui ? Les banques ou la population ?

Manque de chance, M Rohatyn n’avait pas prévu la présence d’un groupe de jeunes larouchistes, tracts en poches et interventions en tête, venus mettre sur la table des questions gênantes sur ce fameux Big Mac.

« M.Rohatyn, que proposez-vous pour contrer l’effondrement financier actuel, le même genre de mesures d’austérité que celles du Big Mac ? Ou bien allez-vous soutenir le nouveau Bretton-Woods de LaRouche ? »

 Il n’y a pas d’effondrement financier, il ne faut pas exagérer ! Pour ce qui est des mesures que j’ai prises à New York, il y a bien un moment où il faut payer les dettes ! »

En tout cas, cette intervention déclencha une certaine hostilité à Rohatyn dans les questions qui suivirent.

A la fin, un autre jeune larouchiste, Alexandre, interpella le banquier : « Merci, M Rohatyn, d’être venu ici en France nous aider à nous débarrasser de tous ces vieux et de tous ces malades ! Il y en a bien trop ! Nous avons besoin des mêmes mesures que celles que vous avez prises à New York ! Une austérité draconienne ! Revenons aux politiques de Brüning et de Laval ! »

Cette fois, c’en était trop pour Félix Rohatyn. La discussion « entre amis » prit fin vingt minutes avant l’heure prévue.

Marie Flusain