Pays-Bas, Belgique, la nouvelle guerre de l’opium de Dope Inc.

mardi 9 novembre 2021

Chronique stratégique du 9 novembre 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Les récents développements aux Pays-Bas, où les narco-trafiquants de la « Mocro-maffia » font littéralement la loi, et l’explosion de la production et de la vente de drogues dures (cocaïne, héroïne), devraient sonner comme un brutal rappel à la réalité ; en particulier pour tous ceux qui se laissent séduire par l’éloge de la légalisation des drogues –jusque dans le Palais de l’Elysée.

Les Pays-Bas sont-ils devenus un Narco-Etat ?

Au soir du 6 juillet dernier, le journaliste d’investigation Peter De Vries a été abattu en pleine rue à Amsterdam. Grâce à son émission de télévision, non seulement De Vries avait mis en lumière plusieurs affaires criminelles, mais il avait résolu nombre d’entre elles. « Une commission spéciale d’un seul homme, de Vries était, pour ses millions de téléspectateurs, la preuve qu’une seule personne pouvait accomplir plus que l’ensemble de l’appareil d’application de la loi », écrit l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, dans un article paru le 20 octobre.

L’assassinat de De Vries a relancé le débat sur la place qu’occupent le crime organisé et le trafic de drogue dans la société néerlandaise. Car derrière l’image d’Eldorado des fumeurs de pétards et de parangon des partisans de la légalisation de cannabis, les Pays-Bas sont devenus une plaque tournante des drogues dures à destination de toute l’Europe, grâce à la place centrale du pays et à l’importance du port de Rotterdam.

Comme l’explique Der Spiegel, une exécution coûte environ 50 000 euros — un forfait qui comprend la surveillance, un véhicule d’évasion, une arme et le tueur lui-même. « Dans les quartiers à problèmes du Sud-Est d’Amsterdam, de jeunes hommes font la queue pour commettre des meurtres au nom des gangs », décrit un enquêteur néerlandais.

Pendant longtemps, personne n’a été gêné par le fait que l’approche permissive du pays à l’égard du haschich et de la marijuana avait aidé les mafieux durs à devenir puissants, et que les gangs avaient également commencé à transporter des tonnes de drogues dures à travers le pays en parallèle des drogues douces.

Les Pays-Bas se retrouvent ainsi sous l’emprise de la « Mocro-maffia », un réseau de trafiquants d’origine marocaine — l’un des 50 plus importants cartels de la drogue du monde, selon la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine. Il est dirigé par le Maroco-neerlandais Ridouan Taghi (emprisonné depuis décembre 2019), Raffaele Imperiale (trafiquant de drogue et d’armes de la Camorra), Daniel Kinahan (chef de gang réputé irlandais) et Edin Gacanin (trafiquant de drogue bosniaque). Le cartel a le monopole de la cocaïne péruvienne et contrôle environ un tiers du commerce total de la cocaïne en Europe.

La devise du gang de Ridouan Taghi est « Wie praat, die gaat » (quiconque parle, doit partir) : tous les journalistes parlant du gang, tous les procureurs enquêtant sur eux, tous les avocats représentant leurs adversaires et tous les témoins déposant contre eux « devraient tous vérifier sous leur voiture s’il n’y a pas de bombes et regarder autour d’eux pour vérifier qu’ils ne sont pas suivis, explique l’hebdomadaire allemand. Ils doivent être prêts à se soumettre à la protection de la police et à renoncer à leur ancienne vie, et à ce que leur famille renonce aussi à la sienne ».

« Il n’y a plus de limites », dit un enquêteur. Le Premier ministre Mark Rutte lui-même serait désormais dans le collimateur des tueurs de la Mocro. Les personnes qui vivent sous cette menace constante ne savent pas quand elle s’arrêtera, ni si elle s’arrêtera un jour. Pour eux, il n’y a aucune sécurité — c’est comme vivre dans un narco-état. Nombreux sont ceux qui comparent d’ailleurs la situation en Hollande à celle des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud ravagés par la drogue.

Dope Inc. au plus haut

Le trafic de drogue, qui est en réalité un marché pyramidal contrôlé de haut en bas depuis son centre névralgique financier de la City de Londres (la grande « lessiveuse »), est en plein boom depuis quelques années, renvoyant aux heures les plus ombres des Guerres de l’opium du 19e siècle.

En douze ans, la production de drogues dures a doublé. C’est l’une des conclusions choquantes d’une nouvelle étude menée par nos amis du magazine EIR sur le commerce international de la drogue, visant à mettre à jour les résultats des travaux conduits dans les années 1970 par l’économiste et homme politique américain Lyndon LaRouche, et rendus célèbres par le best-seller Dope Inc (voir ci-contre).

"Came S.A., la Guerre de l’opium britannique contre les Etats-Unis" (1978)

La production mondiale de cocaïne, par exemple, s’élevait en 2007 à 790 tonnes d’équivalent de cocaïne pure ; en 2019, ce chiffre était passé à 1 886 tonnes, soit un bond de 139 %. Dans la même période, le prix de vente de cette cocaïne dans la rue est passée de 68 à 110 milliards de dollars, soit une augmentation de 62 % — celle-ci est inférieure à celle de la production, car le prix de la cocaïne a chuté pendant cette période, dans le cadre d’une stratégie « marketing » volontaire de Dope Inc. visant à élargir le spectre de ses victimes.

L’évolution est similaire pour l’opium et son produit raffiné, l’héroïne. En 2007, la production mondiale totale (mesurée en équivalents d’un gramme d’héroïne pure) s’élevait à 402 tonnes ; elle est passée à 723 tonnes en 2019, soit une augmentation de 80 %. Le prix de vente de l’héroïne est passé de 117 milliards de dollars en 2007 à 172 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation de 47 %. Là encore, la baisse des prix, ainsi que l’augmentation de la puissance de l’héroïne (sur les marchés américains et européens), expliquent pourquoi les revenus ont augmenté plus lentement que la production totale.

Comme le cas des Pays-Bas en témoigne, la campagne cynique en faveur de la légalisation de la marijuana (et d’autres drogues) joue un rôle majeur dans l’expansion du marché de Dope Inc. Les techniques améliorées de blanchiment d’argent impliquant des crypto-monnaies et d’autres méthodes sont également essentielles au « succès » de cette nouvelle guerre de l’opium, qui est responsable de la mort et de la destruction psychique de centaines de millions de personnes dans le monde.

Si la tendance observée pour la cocaïne et l’héroïne se confirme (et la croissance sur le front du cannabis sera probablement encore plus importante), on peut affirmer sans risque de se tromper que le revenu annuel total potentiel de Dope, Inc. dépassera bientôt 1200 milliards de dollars — une somme rondelette qui est blanchie par le système financier de la City de Londres et de Wall Street. En 2009, Antonio Maria Costa, qui dirigeait alors le bureau des Nations unies pour le contrôle des drogues et la prévention des crimes (ONUDCCP), avait justement affirmé que l’argent blanchi de la drogue constitue bien souvent la seule source de liquidité disponible, et que celle-ci a sans doute sauvé les méga-banques de la faillite lors de la crise financière de 2008.

C’est pourquoi Solidarité & Progrès rejette toute forme de légalisation et concentre son attaque non sur les consommateurs en tant que tels, mais sur ceux qui organisent la production, le trafic et le blanchiment d’argent.

A lire aussi

Crise, drogue, culture trash : Une arme contre nos républiques

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...