2011-2021 : La guerre d’agression contre la Syrie doit cesser !

lundi 22 mars 2021

Chronique stratégique du 22 mars 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Lors d’une visio-conférence organisée par l’Institut Schiller, les 20 et 21 mars, plusieurs personnalités politiques, dont le Dr Bouthaina Shaaban, conseillère de la présidence syrienne, et le colonel (ret) Richard Black, ancien sénateur de Virginie, ont dénoncé la guerre impériale menée depuis dix ans contre la Syrie par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’OTAN. Une guerre qui constitue un « crime d’agression » d’une alliance de nations contre une autre – crime que le tribunal de Nuremberg avait défini comme un crime contre l’humanité. L’ancien ambassadeur de France, Michel Raimbaud, a aussi rappelé, au cours de la même conférence, que le « crime d’agression » ou « crime contre la paix » constitue l’une des quatre violations essentielles du Droit International, avec le génocide, le crime de guerre et le crime contre l’humanité.

Alors que la guerre en Syrie dure depuis dix ans, l’administration Biden renoue avec la politique de changement de régime – que Donald Trump avait poursuivie sous la forme de terribles sanctions contre le peuple pour l’inciter à exiger le départ de Bachar Al-Assad. Plusieurs hauts responsables militaires ont en effet récemment signifié que les troupes américaines étaient destinées à rester indéfiniment sur place, afin de garantir « la stabilité de l’Est de la Syrie ». Une bien étrange « stabilité », quand on sait que non seulement les forces armées américaines occupent illégalement ce pays, mais qu’elles s’adonnent à un pillage éhonté du pétrole et même du blé, comme l’a rapporté l’agence syrienne SANA, tandis que la population endure une situation de famine sans précédent, comme l’a reconnu l’ONU.

Pour ce dixième anniversaire, la propagande contre le régime de Bachar Al-Assad redouble dans les médias occidentaux, qui n’hésitent pas, après l’avoir accusé de gazer son propre peuple, à lui attribuer la responsabilité de la famine, en dépit de tout bon sens. Depuis que l’on a fait taire tous ceux qui, comme le général Michael Flynn, ont dénoncé la stratégie de changement de régime suivie par l’administration Obama en armant et formant les djihadistes d’Al Qaïda et de Daesh, les critères de vérité ont littéralement déserté les rédactions.

Une stratégie délibérément destructrice

Il est pourtant évident que la situation tragique qui accable aujourd’hui la population syrienne – 10 millions de Syriens sont en insécurité alimentaire, soit près des deux tiers – est la conséquence, au-delà du conflit et de la pandémie de Covid-19, des sanctions unilatérales imposées par les Etats-Unis et leurs alliés. « Ces mesures restrictives mettent non seulement des obstacles à la reprise économique, mais empêchent également les achats essentiels de produits pharmaceutiques, médicaux et de matériel de construction. C’est moralement corrompu et inacceptable », a déclaré l’ambassadeur russe à Londres Andrei Kelin, le 13 mars.

Lors de la visioconférence internationale de l’Institut Schiller, le 20 mars, la conseillère de la présidence syrienne Bouthaina Shaaban a souligné l’hypocrisie derrière le discours de l’administration Biden sur la création d’une « alliance des démocraties ». Comme le montre le document « Interim National Security Guidance » publié le 3 mars par la Maison-Blanche, la véritable intention est d’étendre l’OTAN vers l’Est, en vue d’en faire une OTAN globale garantissant le maintien de la suprématie anglo-américaine. « Toute personne ou tout pays ne correspondant pas à leurs critères est immédiatement étiqueté d’autocrate ou d’agresseur, y compris la Russie et la Chine, a-t-elle déclaré. Ce sont, selon cette orientation, des systèmes autocratiques, et ils constituent une menace pour cette démocratie ».

Selon le Dr Shaaban, la véritable raison de la guerre contre la Syrie est que son pays – qui était le quatrième pays en voie de développement en 2010 – a une pensée politique et économique jugée trop indépendante par les Occidentaux.

Ils ont détruit notre économie, ils ont détruit nos écoles, ils ont détruit notre mode de vie ! Ils ont détruit notre identité, à travers un flot de terrorisme qui est passé par la Turquie, bien sûr, pour arriver dans notre pays. Les États-Unis se trouvent dans le Nord-Est de la Syrie où ils sont censés combattre Daesh. (…) Je vous le dis, en réalité les États-Unis et les forces alliées qui les accompagnent en Syrie sont ici pour protéger les terroristes, et c’est ce qu’ils ont fait. Sans cette présence des forces américaines dans la région, nous aurions libéré l’ensemble du territoire syrien du terrorisme.

« Guerre d’agression »

Le colonel (ret) Richard Black, ancien sénateur de l’Etat de Virginie, a rappelé que le plan d’agression contre la Syrie avait été élaboré dès 2001 par l’administration Bush Jr, très longtemps avant les manifestations de 2011 ; à l’époque, les néoconservateurs tels que Donald Rumsfeld et Dick Cheney avaient dressé une liste de pays devant être ciblés pour un changement de régime. S’inscrivant dans la continuité des néocons, le président Obama a lancé en 2012 « Timber Sycamore », un programme clandestin de la CIA destiné à fournir des armes et des formations aux « rebelles » syriens liés aux divers groupes terroristes engagés dans la lutte contre le gouvernement de Bachar Al-Assad.

En 2015, les forces américaines ont envahi le Nord-Est du pays, dans l’objectif de mettre la main sur les hydrocarbures. « Avant la guerre, la Syrie n’avait pas besoin d’importer du pétrole ou du gaz, car elle était auto-suffisante, a rappelé Richard Black. (…) Désormais, cet héritage a été volé par les Etats-Unis, et les Syriens meurent de froid l’hiver. Le Nord de la Syrie est également le grenier à blé du pays (…), et cela aussi est volé. Nous l’avons donné aux Kurdes qui le vendent aux marchands turcs, pendant que les agriculteurs syriens meurent de faim ».

La guerre contre la Syrie est, comme celles menées par les Etats-Unis pendant 30 ans contre l’Irak, une guerre d’agression. « L’ordre mondial basé sur des règles », que les Anglo-Américains font valoir avec arrogance, n’interdit-il pas les guerres d’agression ? « N’avons-nous pas condamné les Nazis à Nuremberg précisément pour ce type d’acte ? a demandé Black. Quelles règles font des guerres d’agression un crime pour les Nazis mais pas pour nous ? »

« Cette folie doit être arrêtée, et arrêtée maintenant », a lancé l’ancien sénateur.

Nous avons besoin d’un paradigme différent pour l’avenir de l’humanité, a conclu Bouthaina Shaaban. La Chine, la Russie, l’Iran, la Syrie, le Venezuela, l’Institut Schiller et tous ceux qui croient en la dignité de l’être humain, en l’indépendance et en la souveraineté de tous les États du monde, qu’ils soient petits ou grands, travaillent à cette fraternité, entre tous les pays du monde, sans supérieur ni inférieur. (…) Et j’espère sincèrement que nous pourrons participer activement à un partenariat qui garantira un avenir bien meilleur pour le monde, où il n’y aura ni suprématie, ni occupation, ni terrorisme.

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