Colère et coïncidence des opposés

mardi 15 décembre 2020, par Jacques Cheminade

Nous n’en pouvons plus. La colère nous rassemble. Il est juste de l’éprouver. Cependant, la maîtriser est l’urgence de notre temps pour retrouver un optimisme créateur.

Jamais au cours de notre histoire les découvertes et les inventions de la science ne nous ont offert autant de possibilités pour servir le bien commun. Jamais nous n’avons eu autant de moyens pour produire plus et mieux par être humain, par unité de surface et quantité de matière utilisée. Pourtant, les élites en place les accaparent pour tenter d’en faire leur instrument de puissance et de jouissance. Ils détruisent l’homme et la nature, jusqu’à créer une finance verte qui est la perversion absolue de l’écologie. Ceux qui refusent leur injustice sont sanctionnés, réprimés ou réduits au statut de « conspirationnistes ».
 
Au centre du dispositif destructeur se trouve un système d’esclavage par la monnaie et la dette. Cette dette, depuis plus de 50 ans, est le produit du détournement de l’argent par les circuits financiers servant l’oligarchie. Eux se sont emparés d’une émission de monnaie-crédit qui dope leurs actifs financiers (actions, obligations, logements de luxe…) alors que nous, nous devons rembourser la dette par la réduction des services publics et de la consommation des plus pauvres et des classes moyennes. C’est la politique de l’Union européenne (UE) : 6 800 milliards sur le bilan de la Banque centrale européenne, pour quoi ? Pour gaver les marchés !

La pompe à finances fonctionne à plein régime pour l’oligarchie. Comme toujours, diront les cyniques. Oui dans l’intention, mais aujourd’hui à une échelle sans précédent. Depuis la transformation du monde occidental en casino pour très riches, ce système devient sous nos yeux un tueur en série. En témoignent les centaines de milliers d’enfants qui meurent de faim en Afrique ou au Yémen, les centaines de milliers de migrants qui se noient en Méditerranée ou sont traités comme des chiens dans les camps et dans nos villes, jusqu’au million de pauvres de plus en France, aux vieux qui meurent dans les Ehpad et aux jeunes sans espoir d’emploi. Ce n’est pas le résultat du coronavirus, c’est l’incapacité des pays occidentaux à réagir qui a créé cette situation. Le premier des droits de l’homme, qui est de manger et de vivre, est bafoué, jusqu’au sein de l’UE à voir la manière dont on y traite l’agriculture et la pêche.

Alors quoi, vous voulez nous déprimer ? nous disent les hypocrites. Vous voulez qu’on ne rembourse plus les dettes, qu’on rase gratis ? Non, nous voulons que les peuples ne payent plus les dettes injustes et qu’on détermine celles qui le sont pour les annuler. Ce que Roosevelt a fait aux États-Unis dans les années 1930 et nous autres à la Libération. Le Conseil national de la Résistance, ce n’était pas simplement du « social », mais reconstruire en combattant les féodalités financières par une économie dirigée.

« Créer un monde fondé sur la raison. »

Comment faire aujourd’hui ? Ce fut, les 12 et 13 décembre, l’objet des quatre panels de la Conférence internationale de l’Institut Schiller : créer un monde fondé sur la raison, fonder une résistance contre le fascisme universel. Des intervenants du monde entier ont examiné comment lutter contre le poison de la fraude électorale, fonder un ordre économique de développement mutuel sur la base de ce que les confucéens chinois appellent un « capital patient », faire revivre une culture inspirée par les pouvoirs créateurs des êtres humains en cette année Beethoven, chacun apportant sa part, et surtout les jeunes avides de donner le meilleur d’eux-mêmes. Cela s’appelle une coïncidence des opposés : agir ensemble à un niveau plus élevé d’exigence pour apporter les solutions qui ne peuvent l’être au niveau actuel de malthusianisme, de culture de la mort, de géopolitique et d’oligarchie financière, niveau auquel les contradictions et l’absence de respect humain nous mènent à un terrible désastre. C’est l’oligarchie qui veut nous faire croire que c’est une fatalité.