« Russiagate » : Roger Stone sort le lanceur d’alerte William Binney de l’ombre

vendredi 17 juillet 2020

Le lanceur d’alerte William Binney, ancien directeur technique de la NSA

Chronique stratégique du 17 juillet 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Après avoir vu sa peine commuée par le président Trump, Roger Stone est apparu le 13 juillet sur Fox News, pour dire les quatre vérités sur l’énorme fumisterie du « Russiagate » ; il a pu évoquer les preuves du lanceur d’alerte William Binney, ancien directeur technique de la NSA, démontrant qu’aucun « hacking russe » n’avait eu lieu en 2016. Un coup dur pour le parti de la guerre, qui cherche à entraîner la présidence américaine dans un conflit contre la Russie et la Chine.

Une vérité qui dérange Mike Pompeo et consorts

Roger Stone, l’ancien conseiller et ami de Donald Trump, qui fut l’une des principales cibles de la chasse aux sorcières conduite par le procureur spécial Robert Muller dans le cadre du « Russiagate », a vu sa peine commuée par le président américain, le 11 juillet. Interviewé le 13 juillet dans l’émission de Sean Hannity sur la chaîne Fox News, il a pu dire devant 5 millions de téléspectateurs ce que l’actuel secrétaire d’État Mike Pompeo a gardé sous silence depuis sa rencontre avec William Binney en 2017 : le fait que l’ancien directeur technique de la NSA, devenu lanceur d’alerte en 2001, a prouvé que les serveurs du Comité national démocrate (DNC) n’ont jamais été piratés par les Russes – ni par quiconque –, lors de la campagne présidentielle de 2016. Et que, par conséquent, le postulat de base de l’ensemble de l’accusation de manipulation de l’élection par la Russie et de « collusion » entre l’équipe de campagne de Trump et le Kremlin – l’affaire dite du « Russiagate » – est totalement frauduleux.

En octobre 2017, à la demande du président Trump, Mike Pompeo, qui était alors directeur de la CIA, s’était entretenu à ce sujet avec William Binney. Aucune suite ne fut donnée à l’entrevue, et Pompeo, nommé secrétaire d’État, a progressivement endossé le costume de pitbull néocon en chef, notamment après le départ de John Bolton (remercié en septembre 2019 par Trump), afin de mener la croisade contre la Russie et surtout la Chine.

J’aurai pu démontrer lors du procès, en utilisant les preuves techniques et scientifiques et les témoignages d’expertise de personnes comme Bill Binney, l’ancien expert de contre-intelligence de la NSA, et [l’ancien analyste de la CIA] Ray McGovern, que personne n’a piraté le DNC, qu’il n’y a eu aucun hacking en ligne, et que les données, compte tenu du temps de téléchargement, ont été transférées sur un disque dur externe et emportées, a expliqué Roger Stone. Mais on ne m’a pas permis de présenter cette défense, parce que le juge Jackson l’a empêché.

Binney : « Ils ont voulu faire un coup d’État contre Trump »

William Binney, qui collabore avec le mouvement de Lyndon LaRouche depuis plusieurs années, a participé le 15 juillet à une visioconférence tenue par Daniel Burke, en campagne pour le Sénat dans le New Jersey. Rappelons que Binney et son équipe à la NSA avaient conçu un système, nommé « Thin Thread », qui aurait pu empêcher non seulement les attentats du 11 septembre 2001, mais également tous les attentats terroristes qui ont eu lieu depuis. Il a claqué la porte de l’agence pour protester contre le sabotage de Thin Thread et l’adoption à sa place du système actuel de surveillance sociale de masse, établi sous l’administration Bush-Cheney, puis confirmé par Obama.

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Pour l’ancien directeur technique de la NSA, cette collecte massive de données et d’informations sur l’ensemble de la population « est exactement ce qu’ont fait les Nazis, en essayant de contrôler les gens », a-t-il expliqué lors de la visioconférence. « Cela avait commencé avec l’ordre spécial n°48, publié en 1933, qui faisait qu’on pouvait accuser n’importe qui de criminel, et l’envoyer dans un camp de concentration ». Cet ordre spécial de 1933 est similaire, selon Binney, à la section 1021 du National Defense Authorization Act, que l’administration Obama a tenté d’imposer en 2012, mais auquel la Cour suprême s’était opposée.

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Revenant à l’affaire du Russiagate, Binney a expliqué qu’un groupe de gens, notamment à l’intérieur de la communauté du renseignement, composé de Démocrates mais aussi de Républicains, a décidé de lancer un coup d’État contre la présidence Trump, car ils n’aimaient pas ses positions sur un certain nombre de sujets. « Cette opération contre lui a impliqué le ‘Deep State’, le gouvernement secret, et un ensemble des bureaucrates et responsables au sein de l’administration, du FBI, de la CIA, de la NSA et des agences du Département d’État, a expliqué Binney. Ils ont uni leurs forces pour réaliser collectivement ce coup d’État, concoctant le Russiagate, que nous pouvons prouver comme étant totalement faux ».

Vers un sommet des grandes puissances

Faire éclater la vérité sur le « Russiagate » est crucial ; non pas pour sauver le soldat Trump, mais pour enrayer la machine de guerre que les forces impérialistes ont mis en branle depuis le coup d’État de 2014 en Ukraine.

Aujourd’hui, la crise économique et la pandémie étant hors de contrôle, le risque d’escalade géostratégique est plus grand que jamais, et ces forces multiplient les efforts pour mettre de l’huile sur le feu. En effet, embrayant le pas sur les mensonges accusant la Chine d’avoir sciemment laissé se répandre le coronavirus, que Mike Pompeo s’est appliqué à colporter de partout, une nouvelle accusation vient d’être lancée contre la Russie. Le National Cyber Security Centre (NCSC), une branche du GCHQ britannique (les « grandes oreilles » de Sa Majesté), épaulé par les agences du renseignement américain et canadien, vient d’accuser la Russie d’avoir tenté de pirater les entreprises et équipes de chercheurs occidentales travaillant sur le vaccin contre la Covid-19.

La situation est explosive. Dmitry Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, a récemment déclaré que les relations entre les États-Unis et la Russie sont à deux doigts du bouton rouge ; de même, Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a dit que les relations entre les États-Unis et la Chine sont catastrophiques. Pour Helga Zepp-LaRouche, la présidente internationale de l’Institut Schiller, cette période d’extrême instabilité stratégique peut être comparée à la situation à la veille de la 1ère Guerre mondiale. « Il ne manque plus que l’assassinat de Sarajevo, qui pourrait arriver à tout moment », a-t-elle affirmé lors de son entretien hebdomadaire sur la chaîne YouTube de l’Institut.

La seule façon de court-circuiter cette dynamique de guerre est de faire en sorte qu’une réunion au sommet soit organisée entre les principaux chefs d’État de la planète, et en premier lieu entre Trump, Poutine et Xi Jinping, le plus vite possible, et surtout avant les élections américaines du 3 novembre. La proposition de Poutine en faveur d’un sommet du P5 – entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – est sur la table, et l’empire anglo-américain redoute plus que tout de voir Trump s’affranchir des réseaux néoconservateurs qui ont dominé jusqu’à présent son administration, à travers le Russiagate et désormais le Chinagate, et de libérer le champ pour adopter enfin une position rooseveltienne de coopération internationale.

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