Le remède au coronavirus ? une économie dirigée !

vendredi 28 février 2020

Chronique stratégique du 28 février 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Au moment où apparaissent en Chine les premiers signes d’une décrue du coronavirus, l’on découvre avec stupeur que la maladie touche désormais de nombreux pays dans le monde, faisant planer la menace d’une pandémie. Brutalement, se pose la question du modèle économique, car il est évident qu’une économie dans laquelle les chaînes de production et de distribution ont été éclatées dans le monde entier, à la recherche du moindre coût, n’est pas en mesure de réagir dans l’urgence face à un tel danger. Et tandis que la Chine dispose aujourd’hui de l’un des meilleurs systèmes de santé du monde, et d’une économie dirigée capable de réagir au quart de tour au point de construire trois hôpitaux en quelques semaines, on ne peut plus en dire autant chez nous.

La Chine exemplaire

D’un grand mal peut ressortir un plus grand bien, disait le philosophe Leibniz. L’épidémie de Covid-19, qui était encore inconnue il y a deux mois, vient soudainement bousculer le modèle économique de la mondialisation, au point où même le ministre Bruno Le Maire estime que « l’épidémie de coronavirus est un "game changer" dans la mondialisation » ! Alors que la question se pose naturellement de fermer les frontières, par mesure de protection contre l’épidémie, l’on découvre tout à coup que l’ensemble du système financier et monétaire international nous rend absolument incapables de faire face à une pandémie.

L’effacement systématique, voire l’abrogation de la souveraineté des États-nations, au nom d’une mondialisation avant tout financière, a fragilisé la capacité de survie de nos pays et leur résilience aux épidémies et autres cas de force majeure. Comment garantir aujourd’hui les approvisionnements en Europe en médicaments et en masques chirurgicaux dont on a délocalisé la production dans des pays asiatiques eux-mêmes demandeurs de ces productions ?

En dépit du nuage d’encre de sèche projeté par les médias occidentaux à l’encontre de la Chine, révélant leur arrogance, leur cynisme et leurs préjugés racistes, force est de constater aujourd’hui que la politique anti-épidémiologique chinoise a été courageuse et plutôt efficace. Même si les autorités chinoises restent prudentes, la plupart des experts estiment que le pic a été atteint, le nombre de cas étant en diminution depuis le 15 février, et que l’épidémie devrait être globalement sous contrôle en avril.

Le Dr Bruce Aylward, épidémiologiste à l’OMS, tout juste revenu d’une mission en Chine, a loué son approche lors d’une conférence de presse le 25 février à Genève. « Si j’avais le virus Covid-19, je souhaiterais être soigné en Chine, a-t-il déclaré, soulignant le fait que son approche est dirigée par « un vecteur technologique et scientifique, impliquant l’utilisation sur place de l’intelligence artificielle ». Aylward a été marqué par l’engagement résolu de l’ensemble de la société chinoise pour venir à bout de l’épidémie. « Il n’est jamais simple d’avoir le type de passion, d’engagement, d’intérêt, et de sens de responsabilité individuel permettant d’arrêter un virus. Chaque personne avec qui vous parlez [en Chine] a le sens d’être mobilisé comme dans une guerre, et ils sont organisés ».

Éradiquer la maladie oligarchique

Quel contraste entre l’état d’esprit décrit ci-dessus et la réaction chez nous où, faute d’éducation à la notion de « santé publique », bon nombre de nos concitoyens, avant tout obnubilés par leur santé personnelle, se réveillent en pleine panique dans la « Vallée des paumés » ! Il faut dire que les quatre décennies de thérapie néolibérale ont laissé des traces. Car, tandis que l’on a pris la mauvaise habitude de voler à la rescousse des spéculateurs, on a systématiquement déshabillé les territoires et privé les populations d’un accès digne de ce nom à la santé, à l’éducation, aux transports publics, etc. Au cours des quarante dernières années, un quart des écoles primaires ont été fermées en France, un tiers des bureaux de poste, un quart des gares et la moitié des maternité, tandis que les infrastructures de base – ponts, routes départementales, voies ferrées secondaires, etc – se sont dégradées, à cause d’un sous-investissement chronique.

Alors comment s’étonner que notre société ne soit pas à la hauteur face à une pandémie, dans le monde de fous actuel où un Michael Bloomberg peut dépenser 400 millions de dollars dans la campagne présidentielle américaine, alors que l’on ne parvient pas à rassembler 76 millions pour éradiquer les criquets pèlerins qui dévastent actuellement les terres agricoles d’Afrique et des pays du Golfe ? La FAO, qui avait mis en garde l’an dernier contre ce fléau, a prévenu le 14 février que le coût passerait à plus d’un milliard de dollars si on n’agissait pas immédiatement, sans parler du coût humain – les criquets dévorent chaque jour des exploitations agricoles nourrissant 35 000 personnes, et progressent à la vitesse de 150 km par jour. Entre 10 et 30 millions d’Africains sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire...

Le cas de criquets pèlerins illustre parfaitement l’esprit colonial dominant les institutions et les élites occidentales. S’il y a bien une maladie à éradiquer de toute urgence, c’est cet esprit oligarchique qui a corrompu nos dirigeants, les faisant considérer le monde par le prisme de l’entre-soi médiatique et financier. Toutefois, comme dans Le masque de la mort rouge d’Edgar Poe, l’épidémie de coronavirus vient leur rappeler que tout être humain est mortel, y compris eux !

Cette épidémie nous pose le défi de repenser entièrement l’économie. Elle nous rappelle à quel point l’humanité doit prendre soin d’elle-même comme un tout. Car, avec les moyens de transports rapides d’aujourd’hui, la moindre grave épidémie dans un pays pauvre et distant peut se répandre dans un temps record à la terre entière. La solidarité inter-humaine, associée à un système international de coopération entre des économies dirigées, n’est plus une option idéaliste mais la condition de notre survie mutuelle assurée.

C’est bien de cela dont les grandes puissances devraient s’entretenir de toute urgence, face à la chute des bourses et à la peur d’un « moment Lehman Brothers », comme le demande Helga Zepp-LaRouche dans un appel publié le 28 février. La présidente internationale de l’Institut Schiller écrit que la solution à cette crise existentielle implique que les dirigeants chinois, indien, américain et russe, soutenus par d’autres, se concertent afin de mettre en œuvre les premières étapes d’une réorganisation du système financier actuel, suivant les quatre principes cardinaux de Lyndon LaRouche : mise en faillite ordonnée des institutions financières, rétablissement de banques nationales, création d’un nouveau système international de crédit et lancement d’une politique de croissance économique à fort vecteur scientifique et technologique.

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