Qui ne veut pas d’un accord sur les armes nucléaires entre les États-Unis et la Russie ?

vendredi 13 décembre 2019

Chronique stratégique du 13 décembre 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est entretenu à Washington avec son homologue Mike Pompeo, puis avec le président américain. Au menu, entre autres, un nouvel accord de limitation des armes nucléaires, destiné à remplacer le traité START qui expirera en 2021. Pendant ce temps, la bataille fait rage au Congrès autour de la destitution de Donald Trump, dont le succès mettrait immédiatement les États-Unis sur le sentier de la guerre contre la Russie et la Chine.

À Washington, New-York ou Londres, beaucoup ont dû passer de très mauvaises nuits. Suite à sa discussion mardi 10 décembre avec Lavrov à la Maison-Blanche, Trump a qualifié la rencontre de « très bonne ». De son côté, le ministre russe a déclaré lors de sa conférence de presse : « En ce qui concerne les relations américaines avec la Russie, nous n’avons aucune raison de douter que le président Trump réalise sincèrement les bénéfices qu’apporteraient de bonnes relations entre les États-Unis et la Russie pour les citoyens américains, les entreprises américaines, pour les États-Unis en général et pour la situation globale ».

Nous sommes conscients que tout le monde aux États-Unis ne partage pas ce point de vue, a-t-il ajouté. [Certaines forces] essayent de ralentir la normalisation de nos relations par tous les moyens, imposant de plus en plus de sanctions.

Négociations sur l’armement nucléaire

La rencontre entre Trump et Lavrov a été précédée de celle entre Lavrov et son homologue Mike Pompeo, au Département d’État, dans la continuité du dialogue débuté en mai lorsque Pompeo a rencontré Poutine et Lavrov à Sotchi.

Lors de la conférence de presse conjointe, Pompeo a fait part de la nécessité pour les États-Unis et la Russie d’ « améliorer leurs relations », et a évoqué une probable initiative visant à réchauffer les relations économiques entre les deux pays. Lavrov a quant à lui expliqué que le contact était désormais régulier entre les deux hommes, avec de fréquentes rencontres et conversations téléphoniques. « Quelque soient les difficultés que nous rencontrons actuellement dans nos relations, et dans les affaires du monde, se parler est toujours mieux que de ne pas se parler », a-t-il déclaré.

Hormis la discussion sur l’Iran, la Corée du Nord ou l’Ukraine, le point sensible a été la question du contrôle des armes nucléaires. Selon Pompeo, Trump est déterminé à obtenir un accord de limitation des armes nucléaires avec la Russie et avec la Chine ; le président américain insiste sur la nécessité d’élargir les pourparlers concernant ce qui viendra après l’expiration du traité START, de façon à « inclure le Parti communiste chinois [sic]  ». La Chine, dont l’arsenal nucléaire est très réduit par rapport aux deux grands, a rejeté jusqu’ici toute participation à un tel accord, tout comme la France, qui possède également des missiles stratégiques nucléaires intercontinentaux. Lavrov, de son côté, a expliqué que le président Poutine tient absolument à ce que les deux pays « fassent une déclaration de niveau présidentiel sur l’inacceptabilité d’une guerre nucléaire ».

Nous comprenons que notre travail commun a été entravé et qu’il continue de l’être par la vague de suspicions qui submerge Washington, a ajouté le ministre russe, faisant référence à l’affaire de l’ingérence dans les élections de 2016. Nous espérons néanmoins que les turbulences qui sont apparues de nulle part s’estomperont, tout comme le maccarthysme des années 1950, et que l’occasion se présentera de reprendre une coopération plus constructive.

Abus de pouvoir

Les Russes savent bien que la possibilité d’une détente entre les deux pays dépend directement de l’issue de la lutte politique interne qui se déroule actuellement aux États-Unis, et dont la procédure d’impeachment lancée par les Démocrates constitue sans doute la phase ultime. Comme nous l’avons montré dans nos précédentes chroniques, il n’existe aucune base réelle pour destituer le président Trump. Il s’agit ni plus ni moins d’une tentative de coup d’État. «  [Les Démocrates] veulent à tous prix le destituer et ils lui cherchent un crime », a affirmé le 8 décembre sur Fox News le professeur de droit Alan Dershowitz. « L’abus de pouvoir » dont ils accusent le président ne constitue pas un crime passible de destitution, a-t-il expliqué, ajoutant que l’abus de pouvoir est avant tout à mettre sur le compte du Congrès vis-à-vis de la présidence.

Ceux qui depuis trois ans tentent de se débarrasser de Trump agissent pour le compte d’une cabale qui représente les 1 % les plus riches ; des prédateurs financiers dont les réseaux sont incrustés au sein des institutions du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, et dont les intérêts dépendent du maintien dans le monde d’un ordre de déstabilisation, de division et de conflits. Un ordre où les nations sont plus occupées à se faire la guerre entre elles qu’à s’attaquer aux criminels en cols blancs qui les exploitent, les pillent et les entraînent dans des conflits auto-destructeurs.

C’est pourquoi ils préfèrent un Bush ou un Obama, qui ont consacré leurs mandats à lancer de nouvelles guerres au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord, à un Trump qui veut en finir avec les « guerres sans fin », retirer les troupes américaines de Syrie et rétablir le dialogue avec la Russie. De la même manière, ils préfèrent une Nancy Pelosi (la présidente démocrate de la Chambre), qui n’estimait pas nécessaire de destituer Bush – sachant qu’il avait lancé une guerre dévastatrice en Irak sur la base d’un mensonge (cf la chronique du 11 décembre) –, et qui aujourd’hui veut la destitution de Trump, alors que celui-ci cherche à empêcher une guerre entre les États-Unis et la Russie.

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