Raymond Barre et sa fortune cachée : l’arbre qui cache la forêt

jeudi 4 juillet 2019


Avec les révélations du Canard Enchaîné sur son « magot planqué en Suisse », les vilains secrets de Raymond Barre remontent à la surface. Mais il y a bien plus grave ! Dès 1988, dans leur dossier Barre sous influence, Jacques Cheminade et son mouvement exposaient l’hypocrisie de cet apôtre de la rigueur budgétaire et son rôle très actif au sein de la Commission Trilatérale et pour imposer la mondialisation financière en France et en Europe.

Voici ci-dessous l’introduction de ce dossier. Si vous voulez en savoir davantage, nous vous conseillons également de consulter ce dossier publié en 2005 : Ces Français qui ont ouvert l’Europe aux financiers anglo-américains

« Barre sous influence » (POE, 1988) : introduction

La personnalité politique de Raymond Barre présente cette particularité de n’avoir été forgée ni dans une carrière à l’intérieur d’un parti ou d’une association, ni à l’occasion d’un événement exceptionnel l’ayant révélé envers et contre tous. Tout au long de son cheminement, son ascension s’est faite par cooptation bureaucratique au sein des élites. Il fut toujours choisi, d’abord par Jean-Michel Jeanneney (janvier 1959, pour entrer dans son cabinet), puis par le général de Gaulle (juillet 1967, pour être vice-président de la Commission de Bruxelles) et enfin par Valéry Giscard d’Estaing (pour être d’abord ministre du Commerce Extérieur, en janvier 1976, puis immédiatement après Premier ministre, le 25 août 1976).

Cependant, derrière ces promotions officielles, il en est une autre encore plus importante : dès la fondation de la Commission Trilatérale, en 1973, Raymond Barre y est admis. Son « mentor » fut ici Georges Berthoin – ancien bras droit du « mondialiste » Jean Monnet et président international du « Mouvement européen ». C’est ce « modèle réduit de gouvernement mondial », réunissant les élites financières et économiques, qui a fait de l’homme légendairement seul que prétend être Raymond Barre son candidat à l’exercice des plus hautes fonctions en France, et pour cela l’a pourvu de ces abondants moyens que la vraie solitude – elle – n’engendre habituellement qu’avec parcimonie…

La promotion extrêmement rapide de Raymond Barre à Matignon – en 1976 – correspond à la promotion tout aussi rapide de Jimmy Carter, la même année, à la présidence des Etats-Unis. En dehors de l’écart intellectuel séparant les deux hommes, un point commun : venus d’un nulle part politique, ils accèdent soudain au sommet du pouvoir. C’est que tous deux – quasi-officiellement – ont été les candidats au pouvoir, aux Etats-Unis comme en France, de la Commission Trilatérale. Il s’agit peut-être d’un conte de fées, mais celle qui s’est penchée sur leur berceau hantait sans doute les couloirs des banques.

Raymond Barre, qui pendant la durée de ses fonctions (1976-1981) se retira de la Trilatérale – tout en se faisant inscrire comme « Former member in public service » , autrement dit comme homme d’État en réserve de la Trilatérale pendant la durée de ses fonctions – regagna le bercail de M. David Rockefeller dès qu’il fut libéré de sa charge. Redevenu membre actif, il prononça un discours remarqué à l’occasion des cérémonies fêtant le 10ème anniversaire de la Commission.

Plus sincère à la ville qu’à la Télévision – où le mercredi 4 décembre 1985, perdant soudain son calme olympien, il nia être sous l’influence de la Trilatérale et assura que la pensée d’un complot « l’amuse » – Raymond Barre fit l’éloge de la Trilatérale dans Le Monde du 31 Mai 1985 : « La Trilatérale ? Une organisation de la sagesse au niveau international ». Et il ajouta alors, non sans cynisme : « Ses membres (de la Trilatérale) ont tous eu des responsabilités avant ou après leur participation. Ils en ont tous tiré profit... »

Nous nous proposons ici de montrer en quoi cette affiliation de Raymond Barre au mondialisme financier en fait déjà un homme extrêmement dangereux, et comment ce danger se trouve multiplié par certains éléments psychologiques et familiaux ayant marqué le caractère de cet homme.

Nous nous proposons en particulier de montrer comment les contradictions apparentes de Raymond Barre – la plus belle étant que ce « gaullien » soit soutenu par des démocrates chrétiens européanistes, et appartienne à l’organisation la plus « mondialiste » qui soit – se trouvent justifiées par sa « volonté de puissance » compensatrice. D’où ce personnage curieux qui, pour arriver au sommet, et se justifier à ses propres yeux par une réussite absolue, se transforme en girouette se disposant toujours dans la direction définie par le vent que soufflent ses maîtres de l’oligarchie. D’où cet « homme seul » qui est toujours coopté, et d’où aussi une profonde vulnérabilité psychologique derrière les apparences de l’impassibilité agressive.

Afin de faciliter la « lecture » de l’homme, nous nous proposons de montrer son élévation à travers les influences successives qu’il a subies. Cette méthode – par rapport aux notes diverses, et parfois partiellement intéressantes, qui ont été publiées sur M. Barre a deux avantages majeurs :

  1. Elle situe Raymond Barre politiquement et surtout culturellement avec la précision faisant habituellement défaut ;
  2. Elle est psychologiquement « cohérente » avec un personnage toujours choisi, donc ayant toujours cherché à se faire élire, et que l’on ne peut réellement comprendre qu’à travers les images successives de ceux qui l’ont promu.